Dans le cadre du débat sur l'avenir des salles, qui s'est tenu au Congrès des exploitants à Deauville, Unifrance a dressé un bref panorama de l'évolution du parc de salles à travers le monde.
L'organisme de promotion du cinéma français à l'international a souligné la croissance globale du nombre d'écrans à travers le Monde, avec une relative stabilité dans les pays traditionnels (Etats-Unis, Europe, Japon…), mais une forte croissance dans les pays émergents (Chine, Russie, Amérique latine…).
Avec une croissance globale de + 5% en 2012 par rapport à 2011, le parc mondial s'élève aujourd'hui à 130 000 écrans, dont 40 000 aux Etats-Unis (contre 39 000 en 2008), 29 000 en Europe (contre 28 500 en 2008), 13 200 en Chine (contre seulement 4 000 en 2008) ou encore 3200 en Russie ( contre 1900 seulement en 2008) et 2600 au Brésil (contre 2000 en 2008). Cette croissance du parc mondial explique la croissance du nombre de spectateurs et du box office qui est passé de 27,7 milliards de dollars en 2008 à 34,7 milliards de dollars en 2012.
Unifrance a insisté sur le fait que le modèle du multiplexe (+ de 8 écrans par établissement) numérisé s'impose à travers les différents continents et le plus souvent au sein de centres commerciaux en périphérie des grandes métropoles, précisant que plus de 90 000 écrans étaient fin 2012 numérisés dans le monde (soit 70% du parc mondial), dont 45 000 écrans équipés en 3D fin 2012 (contre seulement 2 500 en 2008). Tandis que les petites salles indépendantes de centre-ville ont tendance à fermer, la part des multiplexes dans l'ensemble des établissements cinématographiques s'accroît avec plus de 50% des salles en Italie, 65% en Espagne ou encore 85% au Japon fin 2012. Aux Etats-Unis, ce taux atteint 80% puisque l'on compte 32 000 écrans dans des multiplexes fin 2012 (contre 29 000 en 2008), parallèlement les petits établissements sont passés sur la même période aux Etats-Unis de près de 9000 écrans à 7600 en 2012.
Si des disparités importantes persistent entre les pays (comme le prix du billet qui varie en 2012 de 1,7 euro en moyenne en Inde à près de 16 euros en Norvège – contre 6,4 euros par exemple en France), Unifrance constate paradoxalement que le nombre croissant d'écrans à travers le monde n'accroît pas la diversité cinématographique. Au contraire, la généralisation des multiplexes et l'absence de régulation, comme en France du secteur de l'exploitation, induit une uniformisation globale de l'offre de films et souvent la multi-programmation d'un même film (issu d'une major américaine) sur plusieurs écrans d'un même établissement à des horaires simplement différents.
Ainsi, à quelques exceptions notables (comme l'Inde avec plus de 90% de part de marché, mais aussi l'Egypte – 80%-, le Japon – 65%, ou encore la Corée du Sud -59%- ou la France – plus de 40%e en 2012…), la part du film national dans la très grande majorité des pays est faible et, de fait, la diversité cinématographique l'est aussi.
Malgré ces constats, Unifrance a souligné l'apparition de nouveaux usages, notamment la création de petits multiplexes davantage en centre-ville et programmant des films plus variés. Ce mouvement s'accompagne aussi de la création d'écrans dits "art-et-essai" au sein de multiplexes comme en Corée (Movie Collège au sein des multiplexes CGV ou encore les écrans Arte au sein des circuits Lotte) et la préservation dans certains pays de salles indépendantes très cinéphiles (Japon, Colombie, Pérou…). Enfin, Unifrance a indiqué que le modèle français de soutien au secteur était regardé avec beaucoup d'attention notamment dans les pays émergents, soucieux de protéger leur propre cinéma face au cinéma des studios hollywoodiens : au Brésil, par exemple, où l'équivalent du CNC brésilien (Ancine) s'inspire actuellement du soutien apporté en France aux exploitants ou encore en Chine, dont les autorités regardent avec attention le système des engagements de programmation entre distributeurs et exploitants, gage d'une diversité cinématographique en France.