Synopsis
Pierre Wesserlin, musicien américain, mène une joyeuse vie de bohème à Paris et dépense sans compter, en attente d'un héritage. Il accumule ainsi les dettes... jusqu'à ce qu'il apprenne qu'il n'est pas héritier. Ses créanciers lui coupent alors les vivres et ceux qui se prétendaient ses amis le quittent. En plein mois d'août, sous un soleil brûlant, il se retrouve seul et démuni dans la capitale désertée et ne cherche plus qu'à survivre, mais refuse de travailler. Devenu clochard, il touche le fond, mais son signe astral le protège.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (22)
Production et distribution (2)
- Production déléguée : Ajym Films
- Exportation / Vente internationale : Les Films du Losange
Générique détaillé (16)
- Producteur délégué : Claude Chabrol
- Adaptation : Paul Gégauff
- Scénariste : Éric Rohmer
- Directeur de la photo : Nicolas Hayer
- Assistants à la réalisation : Philippe Collin, Jean-Charles Lagneau
- Monteuses : Anne-Marie Cotret, Marie-Josèphe Yoyotte
- Ingénieur du son : Jean Labussière
- Producteur : Roland Nonin
- Voix : Albert Augier
- Assistants opérateurs : Robert Caristan, Alain Levent
- Cadre : Pierre Lhomme
- Directeur de production : Jean Cotet
- Assistantse monteuses : Monique Gaillard, Monique Teisseire
- Scripte : Helly Stérian
- Photographe de plateau : André Dino
- Régisseur général : Jean Lavie
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Comédie dramatique
- Thèmes : Errance
- Langue de tournage : Français
- Origine : France
- EOF : Oui
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1959
- Sortie en France : 02/05/1962
- Durée : 1 h 42 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 22388
- Visa délivré le : 30/10/1959
- Agrément : Oui
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Cadre : 1.66
- Format son : Mono
- Interdiction : Aucune
Box-office & sorties
Box Office
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Diffusion TV
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Sorties à l'international
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Actualités & distinctions
Sélections (3)
A propos
Premier long métrage d'Éric Rohmer, Le Signe du Lion s'inscrit dans la Nouvelle Vague par sa technique (tournage économique en décors réels), faisant de Paris et de la Seine des acteurs au même titre que le personnage qui y erre et y déchoit. Mais il révèle aussi, selon Jean Douchet, l'originalité de l'approche rohmerienne pétrie de jansénisme. Pierre Wesserlin croit en sa bonne étoile. Il est confronté à des coups du sort (héritage attendu, perdu, retrouvé), soudain isolé dans un Paris estival déserté par ses amis. L'errance, la déchéance physique et morale le réduisent au rang de faire-valoir d'un clochard (extraordinaire numéro de Jean Le Poulain)1.
Or, à aucun moment, il n'envisage un travail physique, fût-il momentané, pour s'extraire de ce maëlstrom. Tenté par un petit trafic, il se rend cependant en banlieue, fait chou-blanc et n'insiste pas. C'est qu'il attend la grâce, le don du ciel ou d'ailleurs qui seul peut le sortir de la mélasse. On le suit dans son parcours las, traversant sans communiquer des tranches de vie, des dialogues dont il est le témoin muet et impuissant, dans la chaleur d'un Paris où il a perdu ses repères et s'écoule sans plus d'initiative que la Seine.
Et le don arrive... retour des amis, mort « providentielle » du cohéritier rival. Mais cela n'est pour lui que l'ordre naturel des choses : il reprend sa bamboche où il l'avait interrompue par panne d'argent, sans rien avoir appris ni compris de l'épreuve. Le plan final, les galaxies, la constellation du Lion, renvoie à ses délires astrologiques de la séquence fête, au début du récit. Amer bouclage : on n'avance pas, seule la grâce sauve et permet de boucler la boucle2.
Le film est avant tout une réflexion amère sur la solidarité humaine, ou plutôt son absence. Cependant l'optimisme finit par l'emporter sur le désespoir et quelques exceptions sauvent un portrait peu flatteur de l'espèce humaine, même si ce sont plutôt les astres et le hasard qui sont salvateurs. Courte apparition de Godard en Sisyphe de l'électrophone ! Peut-on l'interpréter comme spectateur désabusé de l'absurdité de la condition humaine ?
Le film ne fut pas un succès commercial : sans doute Pierre Wesserlin paraissait-il encore plus antipathique, anti-héros dans la France des « trente glorieuses » où trouver un emploi ne posait aucune difficulté. Le spectateur d'alors comprenait d'autant moins que le protagoniste se laisse ainsi aller du landau où le clochard éblouissant le trimballe comme un paquet de chiffons jusqu'au caniveau où, rageur, il pleurniche sur « la pierre... les gens... ».
L'effet est d'ailleurs renforcé par le choix pour ce rôle de Jess Hahn, force de la nature, que le public était habitué à voir dans des rôles de bagarreur. Pourtant on n'imagine pas un autre acteur de l'époque, même dans les grands, pour ce rôle d'un colosse touchant de spontanéité et de générosité, mais aussi extrêmement fragile. D'origine américaine, Jess Hahn est arrivé en France en 1944 avec les Alliés, lors du Débarquement de Normandie, et y est resté. Rohmer est un des rares cinéastes français à lui avoir donné un rôle principal. Il fut souvent cantonné dans des seconds rôles, voire des rôles secondaires... Robert Enrico lui offrira aussi une belle composition dans Les Grandes Gueules.
Source : Wikipedia
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Point de vue
Tourné en 1959, entre Les quatre cents coups, de Truffaut et A bout de souffle, de Godard, le premier long métrage d'Eric Rohmer ne devait sortir que trois ans plus tard à la sauvette et dans une version tronquée. Sans doute parce qu'il n'avait ni la brillance de l'un ni la charge émotionnelle de l'autre.
A le revoir aujourd'hui, on est en effet frappé par la retenue du ton et la noirceur du propos. A Paris, un musicien américain, insouciant et bohème, apprend qu'il va hériter d'une fortune. Il tape un copain, réunit tous ses amis et fait la fête. Ses amis partent en vacances. Il est déshérité. Et, peu à peu se clochardise. C'est un film sur l'indifférence. Sur la solitude. Et quand le conte - car c'est déjà un conte que nous conte Rohmer - connaît, grâce au hasard, un dénouement heureux, notre clochard redevenu milliardaire se montrera lui aussi indifférent envers le seul type qui l'aura aidé.
Le goût de la déambulation, cette façon de filmer l'essence même des lieux, le rôle accordé au hasard - ou au destin -, tout cela nous le retrouverons, vingt-deux ans plus tard, dans les Comédies et proverbes. La noirceur en moins. La grâce en plus.
© Claire Vassé