Synopsis
Sur les hauteurs à flanc de colline d’un village du Midi rôde depuis quelque temps un croquemitaine, surnommé par la presse locale « le sadique de la garrigue » parce qu’il éventre à coups de griffes les petits bergers des environs. C’est là que vivent en troglodytes les Lorrain, riche famille excentrique dont le père, qui se fait appeler « le Marquis », entretient pour ses jeux cabalistiques une cour équivoque de jeunes courtisans. Elsa, sa digne fille, est une artiste-peintre nymphomane dont les penchants sanguinaires sont bien connus de ses modèles méridionaux. Seul le fils, Laurent, triste et effacé, s’absente des journées entières pendant que sa sœur cadette martyrise des colombes en préparant sa communion solennelle. Dans cette curieuse ambiance débarquent Jacques et Hélène, camarades des beaux-arts de Laurent, invités à venir passer chez lui les vacances d’été. Les jeunes gens s’aperçoivent bien vite qu’on tente de les retenir sans raison apparente. Chacun semble dissimuler quelque chose, mais quoi ? Les événements vont se précipiter et Hélène, d’abord inquiète puis proprement fascinée par l’étrange personnalité de Laurent, se détachera du falot Jacques, ballotté entre les drogues du vicieux Walerian et les ongles laboureurs d’Elsa qui le repousse comme les autres, une fois consommé. Le jour où il est retrouvé au volant de sa 2CV en flamme au fond d’un ravin, on conclut à un accident vite occulté par le mariage en blanc d’Hélène et de Laurent.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (10)
Production et distribution (2)
- Production déléguée : Albertine Films
- Distribution France : NPF Planfilm
Générique détaillé (10)
- Scénariste : Pierre Philippe
- Dialoguiste : Pierre Philippe
- Directeur de la photo : Pierre Willemin
- Assistants à la réalisation : Alain Nauroy, Jacques Prayer, Hélène Viard
- Monteuse : Hélène Arnal
- Producteurs : Jacques Portet, Pierre Philippe
- Directeur de production : Jean-Loup Puzenat
- Bruitage : Louis Devaivre
- Mixage : Jack Jullian
- Régisseur général : Bernard Lorain
Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Étrange, Épouvante, Érotique
- Langue de tournage : Français
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1970
- Sortie en France : 10/06/1970
- Durée : 1 h 30 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 36375
- Visa délivré le : 08/06/1970
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Format son : Mono
Actualités & distinctions
A propos
« Ils sortent de la forêt, à l’heure du zénith, midi ou minuit, vêtus de peaux de bêtes le visage couvert d’une cagoule, ayant aux doigts des ongles artificiels de corne ou de fer lesquelles servent à déchiqueter leur proie. » On soupçonne les hommes-léopards du Congo mais c’est d’une histoire de vampire et d’amour pas comme les autres qu’il s’agit. Pierre Philippe en reprend scrupuleusement les assises désormais invariables depuis Stoker (l’arrivée inopportune dans le château maudit, les villageois à la fois victimes et complices, la vénéneuse séduction du maître des lieux) en les prolongeant délicieusement par une série de détournements sadomasochistes et d’incessants clins d’œil. Les vieux démons quittent leur caveau pour le soleil de Provence, dans un décor calcaire immaculé. Le titre est déja en soi une merveilleuse trouvaille parce qu’il condense à lui seul l’état d’esprit qui animait alors le spectateur du célèbre cinéma parisien Midi Minuit, qui diffusait en alternance des bandes horrifiques ou érotiques, et le lecteur de la revue Midi-Minuit Fantastique qui en était le prolongement critique imprimé : un même élan le portait autant vers le bizarre, le monstrueux, l’innommable que vers les courbes affolantes, le fantastique n’étant souvent rien moins que la sublimation symbolique de l’érotisme. C’est à cet esprit « midi-minuiste » que le film rend un vibrant hommage. Le plaisir que l’on prend à voir cette singulière comédie est identique, quoique de manière moins innocente, à celui que distille la vision d’un petit film d’épouvante gothique, où ira se nicher aussi « un sourire entre deux chairs de poule » suivant l’heureuse formule que Philippe applique à son film. Mais gare, il ne s’agit pas du tout de se poser en parodie grimacière et méprisante. Jusqu’à son retournement final, Midi Minuit entretient son suspense dans un climat assez proche de Freaks. À Jean Lorrain « l’enfilanthrope » surtout, Philippe emprunte le maniement des narcotiques, le goût des voluptés noires et des éphèbes graciles ou sculptés qui arpentent le film en procession, la peau par endroits griffée ou tuméfiée comme pour en faire mieux ressortir la vivante élasticité. L’un deux ne porte-t-il pas le patronyme de l’auteur des Onze Mille Verges ? Et lorsque le Marquis tire de sa bibliothèque un exemplaire relié du Musée des Supplices de Roland Villeneuve en cherchant l’explication de ces meurtres, tout est dit. Le trivial va côtoyer l’appel des gouffres le plus insidieux. Extraordinaire médium souhaité dès le début par le réalisateur, Daniel Emilfork parvient sans peine à nous invoquer parmi ses « flacons de sang de nonnes » et sa sculpture magique faite avec le dentier d’Hugo d’Alesi (sic). Il mange l’espace en une seconde, caparaçonné d’une chasuble comme un phalène majestueux ou se glissant dans la nuit, tel un Nosferatu mondain plein d’onction caressante et de fiel cinglant. Barbara Steele et notre Barbara, celle de l’Aigle Noir, furent présagées pour un rôle si bien enlevé par Béatrice Arnac. Sphynge brune aux cheveux courts et au corps de serpente moulée dans un fourreau de lamé, il faut la voir cette « châtelaine des Carpates, la belle dame sans merci » comme dit Jacques citant Keats, piétiner dans l’extase ses jouets humains. Inclassable, Midi Minuit sonne l’heure des monstres amoureux de Jean Boullet et de l’imagerie hurlante des Boulevards bardés de chaînes, de seins nus et de « fers déchirants ».
Source : "Dictionnaire du Cinéma érotique et Pornographique français", Christophe Bier, Serious Publishing (2011).