Le réalisateur est parti fin novembre en Australie avec Unifrance, dans le cadre de la sortie commerciale de La Ritournelle. Voici ses impressions de voyage...
"C'est marrant de constater que la question la plus fréquente qu'on entend lorsqu'on rentre d'Australie, c'est : 'T'as vu des kangourous ?'
Alors oui, j'en ai vu, et étonnamment en plein centre-ville de Canberra.
Tout comme j'ai vu des koalas perchés sur des branches d'eucalyptus, cette fois-ci du côté de Brisbane.
Mais j'ai surtout vu (et c'est probablement ce qui importe ici) un public australien très friand de cinéma français et qui s'est déplacé en masse pour assister aux nombreuses avants-premières de Folies bergère (titre australien de La Ritournelle) et dont la sortie a eu lieu le 11 décembre dernier.
Invité à l'initiative d'Unifrance et de Palace Films, le distributeur, j'ai parcouru ainsi plusieurs villes australiennes pour assurer la promo et débattre avec ses premiers spectateurs.
Isabelle Huppert est très appréciée là-bas, et peut-être un peu plus encore depuis qu'elle a joué l'an dernier au Sydney Theatre "Les bonnes" de Jean Genet aux cotés de l'actuelle icône nationale, Cate Blanchett.
Posant seule sur l'affiche, toque de fourrure sur la tête, Isabelle, ou plutôt son personnage, Brigitte Lecanu, contrastait fortement avec les badauds, pour la plupart en bermuda, du fait de la canicule qui sévissait à ce moment-là.
C'était un risque en effet que de sortir en plein été australien face aux sempiternels blockbusters de fin d'année.
Mais Palace y a cru et a redoublé d'efforts pour que le film existe tout aussi puissamment que ses concurrents. Affiches donc, mais aussi achats presse, et bandes-annonces largement diffusées.
Car selon eux, le film avait aussi un autre argument de taille : Paris ! Cinq lettres qui font rêver à l'international et particulièrement en Australie. D'où ce titre référence au cabaret mythique...
Titre que j'étais d'ailleurs très heureux de retrouver puisque je l'avais imaginé dès l'écriture du scénario (j'aimais bien le pont qu'il faisait entre Paris et la campagne, à travers le mot bergère) et n'avais pu le conserver lors de la sortie française, du fait justement de la salle de spectacle qui ne voulait pas voir son nom associé à un film sur des éleveurs bovins.
Fort heureusement, l'Australie n'encourait pas de poursuites judiciaires en exploitant ce titre et il m'a fallu donc faire 22 heures de vol pour défendre et soutenir mon film tel que je l'avais pleinement imaginé.
Le public australien n'a pas peur de poser des questions à l'issue des projections. Beaucoup de mains se levaient pour comprendre comment nous avions tourné la séquence du vêlage, ou celle du numéro d'acrobatie exécuté sous les yeux ébahis de Jean-Pierre Darroussin. En somme, des questions identiques à celle posées par le public français ou celui rencontré peu de temps avant lors des festival de Moscou, Haifa, San Francisco ... C'est agréable de s'apercevoir qu'un film peut à ce point fédérer, interpeller de la même manière des spectateurs du monde entier.
Après, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi l'Australie, elle, a fait le pari de sortir ce film en salles et pourquoi n'avons-nous jamais pu trouver de distributeur dans des pays pourtant plus proches comme l'Angleterre, l'Italie, les États-Unis ou même Israël, où quelques séquences du film y avaient été tournées. Cela tient pour moi du mystère.
D'autant plus que commercialement, Folies Bergère se porte bien : je viens d'apprendre qu'en l'espace d'une semaine d'exploitation, il était déjà le film en langue française le plus vu de l'année 2014 sur le continent australien !
Je profite donc de cette heureuse nouvelle pour remercier chaleureusement le formidable travail effectué par Palace, et particulièrement celui qui y a cru, dès le scénario, Nicolas Whatson, ainsi que son adorable acolyte, Paige Diamond, qui m'a accompagné tout au long de ce périple, m'a aidé à déchiffrer l'anglais parfois incompréhensible de certains journalistes et surtout, m'a vu en train de m'extasier lorsqu'au détour d'une rue, j'ai vu, pour la première fois de ma vie... un kangourou !"