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La critique du jour
Tirez la langue, mademoiselle
Comédie dramatique réalisé en 2013 par Axelle Ropert
Avec Cédric Kahn, Laurent Stocker, Louise Bourgoin...
Date de sortie en Farnce : 04 septembre 2013
Notation: 4/5
LE SYNOPSIS
Les frères Boris et Dimitri Pizarnik sont inséparables. Ils sont médecins généralistes tous les deux et exercent dans le même cabinet situé dans le XIIIe arrondissement de Paris. Disponibles, compréhensifs et attentifs, Boris et Dimitri pratiquent avec passion leur métier et consacrent une grande partie de leur temps à leurs patients. Une nuit, les deux frères sont amenés à soigner Alice, une petite fille diabétique que sa mère, Judith, serveuse dans un bar, est contrainte de laisser seule chaque soir à la maison. Boris et Dimitri tombent tous deux amoureux de la jeune femme qui élève seule sa fille. Ce qui va chambouler bientôt leur relation...
LA CRITIQUE
Une comédie romantique ? Pas tout à fait. Du romantisme spirituel, plutôt, défendu avec ferveur, contre vents et marées. Sans rien de niais ni de doucereux. La réalisatrice Axelle Ropert affectionne davantage l'expressivité que le réalisme, sans être pour autant déconnectée du quotidien. Les frères Pizarnik, Boris et Dimitri, sont très attachés à leur métier — celui de médecin — ainsi qu'à leur quartier — le Chinatown parisien, du côté de la dalle des Olympiades. Tous deux s'efforcent de soigner des patients, ensemble, dans le même cabinet. Ils se complètent sans se ressembler. Etrange amour, fraternel et consciencieux, que le leur, tant ils sont collés l'un à l'autre — chacun a son propre appartement mais en vis-à-vis de celui de l'autre. Ils sont sans femme, et semblent se suffire à eux-mêmes.
Et si Boris et Dimitri n'étaient qu'une seule et même personne ? On y songe, tant cette situation, insolite et un peu triste, intrigue comme un conte, une fable contemporaine. C'est d'ailleurs une sorte de princesse qui va apparaître aux frères, par l'intermédiaire de sa fille, une enfant diabétique, soignée par les deux médecins. Judith (Louise Bourgoin) travaille la nuit, dans un bar. Ils en tombent amoureux. Succombera- t-elle et, si oui, pour lequel des deux ? Après La Famille Wolberg, ce deuxième long métrage d'Axelle Ropert, tout aussi réussi et original, papillonne d'une audace à l'autre. En balayant la psychologie et le naturalisme pour peaufiner une forme de mystère cristallin, facétieux et gracieux. Il est pourtant question de choses graves — la maladie, la solitude, l'anxiété —, mais cette gravité ne pèse jamais. On apprend par exemple, de façon très discrète, qu'un des frères fait partie des alcooliques anonymes. Axelle Ropert l'évoque avec tact.
Une extrême sensibilité voilée d'élégance : c'est ce qui séduit dans la chronique de ce triangle amoureux, qui mêle action et rêverie, en s'appuyant sur la facture littéraire des dialogues. La joie et la tristesse vont de pair, le bonheur des uns faisant le malheur des autres. Point de cruauté volontaire ici. La devise de Tirez la langue, Mademoiselle, émaillé de ping-pong réel comme verbal, pourrait bien être : du fair-play, en toute chose !
Critique rédigée par Jacques Morice pour Télérama.
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