Florence Almozini participe à la sélection des Rendez-Vous with French Cinema depuis 3 éditions. Chaque année, en compagnie du directeur de la programmation Dennis Lim, elle bâtit un programme qui rend compte de la production française de l'année.
Quelles sont, selon vous, les grandes tendances du cinéma français en 2017, du point de vue de la programmation d'un festival étranger qui lui est intégralement dédié ?
Il semble que le cinéma français gagne actuellement beaucoup en qualité, autant le cinéma d'Art & Essai que le cinéma plus commercial. Les films français sont de mieux en mieux produits, et je remarque aussi que l'on prête plus d'attention à l'aspect musical des films. Au Lincoln Center, nous faisons des programmations très variées autour de différentes cinématographies, et la France se démarque systématiquement. Le choix final de notre programmation reste compliqué, même avec un festival exclusivement dédié au cinéma français. Nous programmons plus de vingt films et nous avons malgré tout l'impression de passer à côté de certains films, simplement parce que nous n'avons pas assez de place. Nous suivons certains auteurs qui nous intéressent toujours, mais il y a toujours de nouveaux talents qui émergent – dont nous avons vus les courts métrages – et qui créent un nouveau désir.
Les réalisatrices sont une fois de plus très présentes dans la programmation des Rendez-Vous. C'est une volonté délibérée, ou le constat objectif de la qualité des films français réalisés par des femmes ?
C'est vraiment le miroir de ce qui se passe en France, où les femmes ont plus d'opportunités que dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis où il est difficile pour une femme de mener une carrière au-delà d'un premier film, alors qu'en France on a le sentiment d'une certaine équité, tout du moins qu'on s'en approche. L'intérêt est que ces films sont d'une grande diversité, et qu'ils abordent des thèmes considérés comme masculins, comme le milieu de l'armée (Voir du pays des soeurs Coulin) ou la marine (Fidelio, l'odyssée d'Alice, de Lucie Borleteau, présenté en 2015). Le temps où les femmes faisaient uniquement des films liés au couple et aux rapports amoureux, c'est terminé ! Cette année nous programmons Planetarium, qui est un film que l'on ne sait pas par quel bout prendre tellement il est riche, et qui ne donne pas l'impression particulière d'être réalisé par une femme, ni par un homme d'ailleurs. Victoria est peut-être le film le plus "féminin" de notre programmation, mais le regard qui est porté sur ce personnage est tellement ambitieux et multiple qu'on ne peut pas non plus le catégoriser facilement.
En quoi les Rendez-Vous de New York sont-ils foncièrement différents de toutes les autres manifestations organisées au sein de la Film Society du Lincoln Center ?
Le cinéma français jouit d'une grande réputation aux Etats-Unis et à New York en particulier, c'est un cinéma qui plaît énormément. Les Rendez-Vous sont un festival très attendu par notre public, mais aussi par les New Yorkais, et par la presse, de toute évidence. Il a une importance assez particulière que nous ne retrouvons pas forcément sur les autres programmes que nous présentons dans l'année. Le public adore ce moment, il a attendu avec impatience de découvrir la production de l'année qui vient de s'écouler, et notre but, c'est d'essayer de ne jamais le décevoir.