La 16e édition des Rendez-vous franco-allemands du cinéma du cinéma s’est achevée à Erfurt le 28 novembre, après de vastes échanges qui ont encore resserré le lien étroit unissant la France et l'Allemagne via leurs industries cinématographiques.
L’événement a ainsi permis à une nouvelle réunion de jumelage CNC-FFA (Christophe Tardieu et Peter Dinges étaient présents) de se tenir, à la commission du mini traité franco-allemand de délivrer ses dernières décisions pour 2018, au Fonds d'aide franco-allemand au co-développement de séries audiovisuelles de fiction de tenir sa commission, à l’Académie Franco-Allemande du Cinéma de tenir son assemblée générale, et enfin à un marché de coproduction d’être organisé, réunissant plus de 20 projets français et allemands.
Mais l’essentiel du programme s’est articulé autour d’un ensemble de panels et keynotes qui ont permis aux professionnels français et allemands d’échanger, notamment sur la production et la diffusion des films d’animation, alors que ce genre semble connaître un certain essor des deux côtés du Rhin (Ron Dyens, de Sacrebleu Productions, était la voix française au sein de ce panel).
D’essor il fut aussi question au sein du panel organisé par l’Atelier Network (qui rassemble les anciens étudiants de l’Atelier Paris-Ludwigsburg), qui a voulu dépeindre, par la voix de jeunes producteurs, le développement des séries et les relations qui se construisent avec les commanditaires et diffuseurs, en particulier les plateformes SVOD. Certains producteurs ont voulu témoigner de la salle, appelant à une certaine prudence face à la toute-puissance des plateformes SVOD, en particulier sur la propriété des œuvres, les choix artistiques ou la relation avec les auteurs.
La Déclaration d'Erfurt
Marie Masmonteil (Présidente de l’Académie franco-allemande du cinéma) clôturait la première journée et pouvait proposer un autre point d’orgue de l’événement. A l’initiative d’UniFrance, de German Films, de la SACD et de l’Académie franco-allemande du Cinéma, par la voix de sa présidente, et après validation par acclamation des 170 professionnels présents, une déclaration officielle, dite Déclaration d’Erfurt, pour la défense le droit d’auteur était ainsi lue et présentée (avec l’appui de Laure Gicquel de la SACD), alors que les discussions européennes sur ce sujet atteignent une phase cruciale.
La seconde journée s’ouvrait avec deux keynotes très remarqués sur la réalité de la coproduction franco-allemande (par Fabian Gasmia de Detailfilm) et sur la nécessité, selon Bruno Nahon (Unité), de redonner du pouvoir et du savoir aux producteurs lors de la phase de fabrication des films. Bruno Nahon a notamment fait part de son souhait de voir les producteurs échanger davantage entre eux pour « produire mieux », notamment en comprenant mieux les enjeux techniques, de matériel mobilisé pour le tournage des films.
Peter Dinges a pu ensuite modérer un panel s’intéressant aux alliances possibles au sein des espaces francophone et germanophone, pour les enjeux de développement, production ou distribution & diffusion. Il a ainsi été suggéré que les Rendez-vous franco-allemands pourraient devenir un rendez-vous des espaces francophone et germanophone (Autriche, Suisse, Luxembourg, Belgique), ceci devant faire l’objet de discussions au sein de l’Académie franco-allemande du cinéma.
Après un keynote sur l’éducation à l’image, l’importance des festivals pour le jeune public, par Nicola Jones (Goldener Spatz Festival) suivie par la présentation par Marie Masmonteil de la prochaîne chronologie des médias française, un dernier panel, modéré par Sarah Drouhaud (Le Film Français) a posé la question de la possibilité de voir naître une plateforme SVOD d’envergure européenne. Marysabelle Côte (Arte GEIE), Jean-Yves Bloch (UniversCiné) et Andreas Wildfang (Eyz Media) ont tous les trois présenté leurs projets, ambitions et visions. Marysabelle Côte a souligné les enjeux de constitution d’une audience européenne (notamment à travers leur stratégie de déclinaison de langues et leur opération ArteKino), tandis qu’Andreas Wildfang présentait sa plateforme et son offre technique pour le développement des plateformes. Ces questions techniques ont aussi été soulignées par Jean-Yves Bloch, qui a évoqué les enjeux financiers permettant de développer les outils, conquérir un plus large public et acquérir des droits sur des œuvres. Les possibilités comme les obstacles une fois présentés, les voix furent unanimes pour déclarer qu’une concurrence avec les GAFAN était tout à fait possible, mais qu’il ne s’agissait pas d’une concurrence frontale avec les géants américains, mais de développer une offre alternative pour laquelle un public existe déjà, à qui il faut donc vite proposer un autre choix d’œuvres européennes.
Marie Masmonteil pouvait clôturer ces deux journées d’échanges et annoncer que le flambeau passait de la ville d’Erfurt à celle de Mulhouse, qui accueillera les Rendez-vous franco-allemands du cinéma les 26 et 27 novembre 2019.