En 2018, les films français ont réuni 40 millions de spectateurs et généré 237 millions d’euros de recettes. Après une année 2017 en reprise à 82,5 millions d’entrées, la fréquentation du cinéma hexagonal dans les salles étrangères chute de 52%, ce qui se traduit par un retour à un niveau proche de celui de 2016.
CHIFFRES ET INFOS CLÉS
- 26 millions d’entrées* (soit 65,7% du total) pour les productions majoritairement françaises (-58,4% par rapport à 2017)
- 24,6 millions d’entrées* (soit 62,2% du total) pour les films en langue française (-38,2% par rapport à 2017)
- 665 films français en exploitation* dans les salles étrangères (-3,8% par rapport à 2017)
- 6 films français rassemblent plus de 1 million de spectateurs à l’étranger*** (contre 7 en 2017)
- 78 films français réunissent plus de 100 000 spectateurs à l’étranger***
- Des résultats qui reviennent au même niveau que ceux de 2016
- L’Italie, 1er territoire en nombre de spectateurs pour les films français en 2018, devant les Etats-Unis et le Canada anglophone, et la Belgique et le Luxembourg
*Données non exhaustives déjà recensées par UniFrance. Le résultat définitif, disponible en septembre, sera nécessairement supérieur.
**Données non définitives estimées par le CNC
***Données non définitives estimées par UniFrance
UN AN DE CINÉMA FRANÇAIS À L’INTERNATIONAL
Comment expliquer ce recul brutal ? En premier lieu, par l’absence de succès spectaculaires tels que Valérian et la Cité des mille planètes (30,4 millions d’entrées) mais également Ballerina (12,7 millions d’entrées), les deux plus grandes sensations de l’année dernière. Si on retire leurs scores du cumul de 2017, celui-ci se réduit à 39,4 millions de spectateurs, à peu près équivalent à celui de 2018. Le nombre de films en exploitation baisse (665 vs 691 en 2017) mais reste supérieur à 600, seuil constamment dépassé depuis 2016. 6 titres (dont 3 majoritaires) parviennent à attirer plus de 1 million de spectateurs, soit seulement 1 de moins que l’année précédente, et 78 totalisent plus de 100 000 entrées (contre 82 en 2017).
Les 5 plus grands succès français de 2018 ne représentent que 27,1% des entrées globales du cinéma français dans les salles étrangères, alors qu’ils atteignaient 64,8% en 2017. Cette atomisation des entrées est une conséquence de l’absence de titres phares mais permet la mise en lumière d’un plus grand nombre de films. Les productions majoritaires ne participent qu’à hauteur de 65,7% au résultat annuel, tandis que les productions minoritaires, pour la 3e fois depuis 2011, sont à l’origine de plus d’un tiers des entrées totales de l’année. Les films en langue française engendrent 24,6 millions d’entrées, soit la pire performance depuis 2009. Cependant, ils représentent 62,2% des entrées globales sur la période (bien supérieure à la moyenne sur 10 ans, évaluée à 48%), un niveau atteint uniquement en 2016.
Certes, 2018 se révèle être une année globalement décevante où les carrières de certains films sont en deçà des prévisions. Cela dit, l’intérêt pour le cinéma français n’est pas à mettre en doute, et ce dernier occupe toujours une place de choix sur les 5 continents. Parmi les titres majoritaires au sein du top 20 annuel, 10 d’entre eux séduisent plus de spectateurs à l’international qu’en France, dont Les As de la jungle (le film), L'Insulte et Maria by Callas. La fréquentation des festivals de films français poursuit sa hausse constante (notamment en Australie et au Mexique) et l’offre hexagonale ne perd pas en richesse et diversité. Sa diffusion est soumise à une forte concurrence dans l’accès aux salles et aux évolutions des marchés et des habitudes des spectateurs.
Les nouveaux films prévus pour 2019 devraient prouver que les résultats de 2018 étaient conjoncturels. Des suites sont particulièrement attendues : Qu'est-ce qu'on a (encore) fait au bon Dieu ? et Tanguy, le retour. Si sa carrière est déjà commencée, ce sera en 2019 qu’Astérix - Le Secret de la potion magique connaîtra de nombreux démarrages et il portera haut les couleurs de l’animation française avec Funan, Minuscule 2 – Les Mandibules du bout du monde et Terra Willy. L’offre de films familiaux s’enrichira grâce à Mia et le lion blanc, Rémi sans famille et Aïlo : Une odyssée en Laponie, tandis que les passionnés d’émotions fortes pourront compter sur Anna, L'Empereur de Paris et Les Traducteurs. 2019 présidera également au retour d’auteurs habitués des festivals, tels qu’Olivier Assayas (Doubles vies), François Ozon (Grâce à Dieu) et Paul Verhoeven (Benedetta), sans oublier Lisa Azuelos (Mon bébé), Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) et Alice Winocour (Proxima).
ANALYSE DU TOP 5
Le film français le plus vu hors Hexagone en 2018 est Taxi 5. La comédie d’action réunit 2,44 millions de spectateurs étrangers, principalement en Asie et en Europe centrale et orientale. En Chine, présent sur plus de 6 000 écrans, le film génère 1 million d’entrées, tandis qu’on en recense 426 000 en Russie. Taxi 5 débarque dans plus de 30 territoires et, la semaine de la sortie, figure au sein du top 3 de 13 d’entre eux. Cependant, à l’exception du premier volet (2,29 millions de spectateurs), sa carrière internationale se révèle en-deçà de celles des autres épisodes de la saga.
En 2e position, Le Sens de la fête séduit tout particulièrement les marchés espagnol (382 000 entrées) et allemand (361 000 entrées), et fédère 1,67 million de spectateurs étrangers dans 40 territoires. La comédie franchit la barre des 100 000 entrées en Belgique, en Israël, en Italie, en Russie et en Suisse. Les premiers démarrages étrangers ayant eu lieu fin 2017, Le Sens de la fête cumule 2,18 millions d’entrées à l’international, un score proche de celui de Samba (2,34 millions d’entrées), mais loin de l’exceptionnel Intouchables (31,9 millions d’entrées).
C’est une autre comédie qui rassemble plus de 1 million de spectateurs étrangers. La Ch'tite Famille s’exporte tout particulièrement en Europe (282 000 spectateurs allemands) et comptabilise 1,06 million d’entrées. Il était très attendu dans les pays francophones, en Belgique (306 000 spectateurs) et en Suisse (76 000 spectateurs). La Ch’tite Famille est le film français leader de l’année au Québec (52 000 entrées).
Après Taxi, une autre saga s’invite au sein du top 5. Belle et Sébastien 3, le dernier chapitre s’illustre en Pologne (200 000 entrées) mais surtout en Italie, où, avec 444 000 spectateurs séduits, il devient le plus gros succès français de 2018. Pour la 3e fois, l’Italie se confirme comme étant le pays où les épisodes de la saga comptabilisent le plus grand nombre de billets vendus hors France. Néanmoins, Belle et Sébastien 3 totalise moins d’entrées à l’international que les précédents volets.
Le top 5 se termine sous le signe des films familiaux et d’animation. L’année de Croc-Blanc est très similaire à celle de Belle et Sébastien 3, car lui aussi réveille l’intérêt des marchés italien (333 000 entrées) et polonais (226 000 entrées), qui participent pour plus de 70% au cumul final. En Pologne, Croc-Blanc accède au top 3 local la semaine du démarrage et voit ensuite sa programmation s’élargir à plus de 200 salles. Quelques semaines après, il sera consacré comme le film hexagonal le plus aimé par le public polonais en 2018.
Pour la 3e année consécutive, l’Europe occidentale maintient sa place de leader comme zone d’exportation des films français. Avec 17,8 millions de spectateurs rassemblés, la zone capte plus de 1 entrée sur 3 du cinéma français sur la période. 4 territoires de la région atteignent le top 5 de l’année (contre 1 seulement l’an passé), avec l’Italie qui passe en tête en enregistrant la baisse d’entrées la plus limitée. Le Sens de la fête est l’unique titre à réunir plus de 1 million de spectateurs dans cette zone (dont 382 000 en Espagne), tandis que plusieurs comédies ont permis à la Belgique de voir la fréquentation progresser par rapport à 2017.
Pour la 1re fois, l’Amérique latine s’installe en 2e position des zones d’exportation du cinéma français. Même si 2015 reste l’année record (22 millions de spectateurs et 20,3% de PdM), sa part de marché (14,6%) est la 2e meilleure de la zone depuis plus de 10 ans, un résultat atteint grâce aussi à l’apport de 3 productions minoritaires en langue étrangère. Si le Mexique quitte le top 5 des territoires, il demeure néanmoins le leader de la région avec 2,38 millions d’entrées, dont 394 000 recensées lors du dernier Tour de Cine Francés. Le Brésil, lui, participe à hauteur de 1,44 million de spectateurs.
L’Europe centrale et orientale conserve la 3e place du classement en réunissant 13,7% des spectateurs de films français à l’étranger en 2018. Après une montée en force en 2017, la zone subit une forte baisse de ses entrées (-60,6%). La Russie et la Pologne, au coude à coude, cumulent chacune plus de 1,4 million de spectateurs, mais glissent dans la partie basse du top 10 des territoires étrangers. Aucun film n’a franchi le million de spectateurs : Taxi 5, le plus vu dans cette région, cumule 933 000 entrées (dont 426 000 en Russie).
En 2018, la 4e position des zones d’exportation des films français est encore occupée par l’Amérique du Nord. Depuis 10 ans, la région voit sa part de marché se réduire progressivement et s’approcher toujours plus des 10%. La sensation Call Me by Your Name (minoritaire) séduit 1,46 million de spectateurs, tandis que Les Frères Sisters comptabilise plus de 3 millions de dollars de recettes (360 000 entrées). Le Québec, quant à lui, se maintient de justesse au-dessus des 500 000 entrées comptabilisées.
Avec 4,4 millions de spectateurs, l’Asie tombe au 5e rang des zones d’exportation du cinéma hexagonal en 2018, faute de succès exceptionnels à l’image de Valérian et la Cité des mille planètes, qui mobilisait 13,6 millions de spectateurs l’année précédente. Taxi 5, meilleur résultat de l’année sur la zone, totalise 1,17 million d’entrées. En Chine plus particulièrement, bien qu’on recense une sortie de plus qu’en 2017, les entrées des films français chutent de 80%, et seul Le Jeune Karl Marx réalise plus d’entrées qu’en France (450 000 vs 176 000).
Le cumul des entrées générées par les films français en Océanie demeure supérieur au million et la zone capte 2,73% des entrées globales du cinéma hexagonal en 2018. Le recul est de 41%, un des plus bas par rapport aux autres zones géographiques. Les titres en langue française qui s’en sortent le mieux sont Le Sens de la fête (87 000 spectateurs) et Ce qui nous lie (66 000 spectateurs).
L’ensemble des données sont à retrouver dans la brochure en pièce jointe, en version française et anglaise.