Après une année 2017 en reprise à 82,5 millions d’entrées, la fréquentation du cinéma hexagonal dans les salles étrangères chute de 47,1% : les films français réunissent 43,7 millions de spectateurs et génèrent 261,3 millions d’euros de recettes. Pour la 2e fois en 5 ans, le cinéma français génère moins d’entrées à l’international que dans les salles françaises.
Comment expliquer ce recul brutal ? En premier lieu, par l’absence de succès spectaculaires tels que Valérian et la Cité des mille planètes (30,4 millions d’entrées) mais également Ballerina (12,7 millions d’entrées), les 2 plus grandes sensations de l’année précédente. Si on retire leurs scores du cumul de 2017, celui-ci se réduit à 39,4 millions de spectateurs, inférieur à celui de 2018. Cette contre-performance du cinéma français rappelle celle de 2016 (40,7 millions d’entrées) : dans les deux cas, le total des billets vendus par les productions hexagonales n’atteint pas les 50 millions. Cela étant, la part de marché des films français en entrées dans le monde (France comprise), qui diminue pour s’établir à 2,05%, ne descend pas sous les 2% comme ce fut le cas en 2016.
En 2018, les films en langue française ont enregistré 26,9 millions d’entrées à l’international, soit 61,6% du total. Leur part dépasse le seuil de 60% pour la 2e fois depuis 10 ans, mais cet exploit tient plus à l’absence d’une grosse production en langue étrangère que du succès d’un ou plusieurs titres (le leader de l’année, Taxi 5, arrête ses compteurs à hauteur de 2,66 millions d’entrées). Cette absence impacte aussi la part des productions majoritaires qui comptabilisent 28,5 millions d’entrées contre 62,4 en 2017 (quand Valérian et la Cité des mille planètes représentait à lui seul 48,7% des entrées). Les coproductions minoritaires, en revanche, réunissent 15,2 millions de spectateurs, 5 millions de moins que l’année d’avant, et profitent d’un cru millionnaire (le leader Call Me by Your Name, puis Cold War, Ghostland…) pour limiter la baisse de leur score (par ailleurs, leur part s’étoffe de 10,2%). En 2018, 7 titres dépassent la barre symbolique du million de billets vendus et les 5 plus gros succès ne représentent que 30,6% des entrées globales du cinéma français dans les salles étrangères, une atomisation étroitement liée à l’absence de titres phares.
3 nouveaux records sont établis en 2018 avec 2 985 sorties françaises, 1 195 continuations recensées et 810 films hexagonaux exploités à travers le monde ! Depuis 10 ans, le nombre de sorties augmente constamment (sauf en 2013 et 2016). On peut trouver plusieurs éléments de réponse à ces phénomènes, dont un accès aux box offices étrangers qui s’élargit chaque année et la banalisation des projections numériques qui favorisent la multiprogrammation : partout dans le monde le nombre de films distribués augmente. Le cinéma français a donc besoin d’une offre toujours plus riche et variée pour conserver sa place sur l’échiquier mondial du cinéma et atteindre ses différents publics à travers les 5 continents.
Taxi 5 prend la tête de la liste des plus gros succès majoritaires français à l’étranger en 2018, suivi par Le Sens de la fête et La Ch'tite Famille. Ce tiercé, avec Tout le monde debout (4e), permet à la comédie de redevenir le genre qui comptabilise le plus grand nombre d’entrées à l’international (37,6%). Il s’agit du cumul le plus élevé depuis 2014 ! Le reste du top 10 de l’année met encore une fois à l’honneur la diversité de la production française avec les succès des films d’animation Croc-Blanc, Le Grand Méchant Renard et autres contes et Les As de la jungle (le film), les drames L'Insulte et Le Jeune Karl Marx et le film d’aventures Belle et Sébastien 3, le dernier chapitre.
Certes, 2018 se révèle être une année globalement décevante où les carrières de certains films sont en-deçà des prévisions. Cela dit, l’intérêt pour le cinéma français n’est pas à mettre en doute et ce dernier occupe toujours une place de choix sur les 5 continents et au sein des sélections des festivals internationaux. Parmi les titres majoritaires au sein du top 20 annuel, 10 d’entre eux séduisent plus de spectateurs à l’international qu’en France, dont Madame, Maria by Callas et Un beau soleil intérieur. La fréquentation des festivals de films français poursuit sa hausse constante (notamment en Australie et au Mexique) et l’offre hexagonale ne perd pas en richesse et diversité. Sa diffusion est soumise à une forte concurrence dans l’accès aux salles et aux évolutions des marchés et des habitudes des spectateurs.
2019 ne fera pas exception à la règle. Mia et le lion blanc saura attirer les familles dans les salles obscures, Astérix - Le Secret de la potion magique portera haut les couleurs de l’animation française avec Minuscule 2 – Les Mandibules du bout du monde et Terra Willy, tandis que Le Grand Bain et Qu'est-ce qu'on a (encore) fait au bon Dieu ? seront les ambassadeurs de la comédie. Les cinéastes habitués des festivals comme Olivier Assayas (Doubles vies), Robert Guédiguian (Gloria Mundi), François Ozon (Grâce à Dieu), Roman Polanski (J'accuse), Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) et Alice Winocour (Proxima) s’illustreront certainement dans les palmarès des festivals internationaux avant de voyager à travers le monde !
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Ouverts à tous : la synthèse globale et le bilan complet (résultats des longs-métrages en salles, palmarès des longs-métrages dans les festivals internationaux, exportation des courts-métrages, exportation de la réalité virtuelle).
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Etude
UniFrance - Bilan 2018
UniFrance - Bilan 2018 - Introduction