Tonie Marshall, disparue ce 12 mars 2020, était actrice, scénariste, réalisatrice et productrice. Elle était aussi une véritable militante du cinéma dont elle avait épousé la cause. Très active au sein d’Unifrance (commission artistique et comité exécutif), élue au conseil d’administration de la Cinémathèque française, elle faisait également partie des collectifs militant pour l’égalité des hommes et des femmes au sein de la profession, mettant son énergie, sa gentillesse et son talent au service du cinéma, toujours avec honnêteté et un grand sens de l’écoute.
"J’ai eu la chance de connaître Tonie Marshall vers le milieu des années 70, à l’époque où elle était une jeune actrice plutôt tournée vers la comédie. Je me souviens qu’elle cherchait sa voie, n’acceptant pas d’être cantonnée dans des rôles secondaires, ni d’être seulement la fille d’une grande actrice, Micheline Presle. Courageuse et opiniâtre, Tonie Marshall usa de son entêtement, de sa patience et de son talent d’écriture pour entreprendre son premier film comme réalisatrice : Pentimento (1989). Elle enchaîna cinq ans plus tard avec Pas très catholique, puis Enfants de salaud (1996), Vénus Beauté (Institut) en 1999, pour lequel elle obtint plusieurs César, dont ceux de Meilleur film et de Meilleur réalisateur, en l’occurrence Meilleure réalisatrice. Elle reste d'ailleurs à ce jour la seule femme à avoir reçu ce César. Elle réalisa un téléfilm en 2000, "Tontaine et Tonton", puis Au plus près du paradis deux ans plus tard, suivi de France Boutique (2003), Passe passe (2008), Tu veux ou tu veux pas (2014), et Numéro Une, son dernier film réalisé en 2017. Le thème secret de son œuvre, pourrait-on dire, tournait autour des familles bancales, des pères absents ou lâches, des généalogies indécises ou compromises, un thème qu’elle abordait sur le mode de la fantaisie et de la légèreté, sans toutefois masquer les gouffres qui sous-tendaient ses fictions.
Elle laissera le souvenir d’une femme engagée et généreuse, souriante et toujours apte au dialogue et à l’entraide. Elle était pour moi comme une sœur dont j’étais en quelque sorte l’aîné. Une amie sincère et toujours fidèle."
Serge Toubiana
Président d'UniFrance