À l'occasion du TIFF (10-20 septembre), UniFrance, en partenariat avec Le Film Français, propose chaque jour, pendant cinq jours, un regard sur les films français présents à Toronto vus par leurs exportateurs, sans oublier le court-métrage. Mais aussi un état des lieux actuel du cinéma français hors de nos frontières, et de la situation en France.
- En Sélection officielle : Seize printemps, de Suzanne Lindon
- Industry Selects : Un pays qui se tient sage, de David Dufresne
- Côté court métrage
- Dernières nouvelles de France : Une reprise active de la production des films
En Sélection officielle
Seize printemps, de Suzanne Lindon
Auréolé du label Cannes 2020, sélectionné au TIFF et à San Sebastian, le premier film de Suzanne Lindon effectue un formidable démarrage en festivals.
Hédi Zardi et Fiorella Moretti, responsables des ventes et acquisitions pour Luxbox, évoquent le début de carrière internationale d’un film qui est “comme un geste épuré, très sensible et original, un film d’été élégant et poétique où pointe un sentiment de nostalgie. On a tout de suite pensé qu’il plairait à Toronto et à d’autres festivals, sans réellement imaginer le coup de cœur général qu’il allait susciter chez des distributeurs très établis, comme Cinéart, Curzon ou MFA+ FilmDistribution." Un film "moderne mais intemporel" produit par Caroline Bonmarchand (Avenue B Productions) et dont la stratégie de ventes a été de le montrer dès le Marché de Cannes online, "le film étant assez fort pour se passer de premières projections en salle. On voulait qu’il soit vu dès ce moment-là parce qu’on sortait d’un long moment difficile, et que ce film allait faire du bien. D’ailleurs, les premiers achats ont été de vrais coups de cœur de la part des distributeurs." Si Cannes impacte l’Europe en terme d’achats (Allemagne, Autriche, Suisse, Royaume-Uni, Bénélux), d’autres pays importants suivent : Chine, Canada… sans que, d’ailleurs, soit forcément faite la connexion entre la jeune réalisatrice et avec ses illustres parents. Le film sortira en France le 9 décembre, suivie de près par les pays germanophones et le Bénélux. Suzanne Lindon entamera très prochainement la promotion en Allemagne. "Le fait que sur certains territoires les salles soient encore fermées ou très peu fréquentées stresse les distributeurs", souligne Hédi Zardi, "mais il y a une envie de cinéma qui nous a fait du bien, malgré une réalité économique qui ne permet pas toujours aux acheteurs de se positionner, notamment en Amérique du Sud." Côté diffusion, Luxbox tient à ce que le film sorte en salle dans les pays vendus, tout en sachant que sur certains territoires, la réalité de la sortie salle n’est plus aussi forte. La perspective d’un combiné avec des sorties VOD reste donc envisageable.
Industry Selects
Un pays qui se tient sage, de David Dufresne
Premier long métrage de David Dufresne, le documentaire Un pays qui se tient sage, auquel la Quinzaine des Réalisateurs 2020 apporte son soutien, est vendu à l’international par The Bureau Sales, et a été produit par Bertrand Faivre (Le Bureau Films).
Pour Clémentine Hugot, responsable des ventes chez The Bureau Sales, cette sélection "virtuelle" au TIFF est une opportunité. "Les règles ont changé depuis mars, et une telle sélection est beaucoup plus favorable au film qu’une longue attente avant que les conditions de vente redeviennent optimales." Très tôt, dès que le distributeur France a été déterminé (jour2fête), les pays francophones limitrophes ont suivi, avec la mise en place d’un planning de sorties salles consécutives entre septembre et octobre, afin de créer un événement médiatique commun et de préserver une idée d’exclusivité. "La stratégie monde, hors francophonie, va démarrer avec la projection du TIFF, suivi de la prestigieuse projection parmi les six films ‘Spotlights’ du festival de New York – aux cotés de Sofia Coppola, Spike Lee, Almodovar". The Bureau Sales poursuit ainsi sa ligne éditoriale autour du documentaire (après notamment Ni juge, ni soumise ) avec ce film axé autour de la question criante d’actualité des violences policières, "un film coup de poing qui propose des pistes de réflexion en prenant du recul, et qui convoque de multiples points de vue sans donner de leçons". Bien que traitant du cas spécifique français, les sélections en festivals étrangers prouvent d’ores et déjà que le sujet du film et son traitement dépassent les frontières "notamment parce que les crises sociales actuelles sont mondiales. Nous verrons, quand les ventes démarreront, si les distributeurs sont prêts à proposer un contre-récit à celui que font, dans de nombreux pays, les autorités en charge du maintien de l’ordre." En ce qui concerne sa perception du marché, Clémentine Hugot le perçoit "en reconditionnement, sans certitudes, avec une partie des distributeurs qui pensent qu’on est en train de changer de paradigme, et d’autres qui pensent qu’on va recommencer comme avant. Il est compliqué de se prononcer car nous vivons encore au jour le jour. J’ai beaucoup trop dit ‘Je ne sais pas’ depuis mars."
Côté court métrage
Au total, 4 courts-métrages (dont 2 coproductions) défendent les couleurs de la France au tiff. 2020. Les 3 films ci-dessous seront présentés à Short Cuts 3 : "Où il est question de passé, de présent et pourquoi pas d’avenir" (13/09, 18 h - Online at Bell Digital Cinema).
Navozande, le musicien est une histoire d’amour déchirante. Réza Riàhi pose son récit au 13e siècle en Perse, au moment de l’attaque des Mongols. Un jeune musicien et sa bien-aimée sont séparés de force. Dans une magnifique animation en papier découpé, il les fait se retrouver cinquante ans plus tard, alors qu’il vient jouer un morceau dans le château où elle est détenue.
Après des études d’art à Téhéran, Réza Riàhi suit un cursus d’expression plastique à l’École Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême puis se forme à la réalisation de films d’animation à La Poudrière. Il réalise plusieurs films durant son cursus, dont le très remarqué Entre chien et loup, son film de fin d’études, sélectionné en compétition officielle à Annecy en 2015.
Les Tissus blancs (France – Sénégal) est un drame tendu et tout en nuances du réalisateur sénégalais Moly Kane. Zuzana se marie demain. Elle n’a plus de temps à perdre pour devenir la femme qu’on attend d’elle et mène un combat courageux et désespéré pour effacer son passé.
Moly Kane a suivi une formation en écriture audiovisuelle au Sénégal, puis une courte formation à La fémis. Son premier film, Moly, a été présenté à Cannes Classics en 2011. Scénariste, réalisateur et producteur, il œuvre aussi pour la promotion du cinéma africain. Il est aujourd’hui président du Festival international de courts-métrages Dakar Court.
Dustin est le premier court-métrage professionnel de Naïla Guiguet. Le décor est planté dans un hangar désaffecté, une foule danse à l’unisson sur de la musique techno. Dustin – jeune transgenre – et sa bande d’amis s’abandonnent à une folie douce. La nuit s’étire et l’hystérie collective se mue en mélancolie. Le portrait en creux d’une jeunesse qui aspire à la tendresse.
Diplômée du département scénario de La fémis, Naïla Guiguet y réalise son film de fin d’études, La Peau dure. En parallèle, elle coécrit notamment avec Arnaud Desplechin, Catherine Corsini ou Thomas Salvador. Elle est aussi DJ et organise des soirées techno LGBTI+ avec le Collectif Possession dont elle est membre fondatrice.
Dernières nouvelles de France, par Le Film Français
Une reprise active de la production des films
Par Sarah Drouhaud
Stoppés par le confinement le 17 mars, les tournages ont pu reprendre après le déconfinement, qui s’est déroulé en plusieurs étapes à partir du 11 mai. A Paris, ils ont d’abord pu le faire avec des restrictions (limitation du nombre de personnes sur le plateau), avant qu’elles ne soient levées début juillet. Les syndicats de producteurs et de salariés du cinéma et de l’audiovisuel ont élaboré un guide sanitaire commun qui a été validé par les pouvoirs publics. Mais l’élément décisif pour retourner sur les plateaux a été la création d’un fonds public, doté par l’Etat, de 50M€, géré par le CNC. Il prend en charge le risque Covid (jusqu’à 20% du budget du film, avec un plafond de 1,2M€) que les assurances ne couvrent pas.
A partir de fin mai/début juin, ont repris en priorité les tournages qui avaient été stoppés. Comme Eiffel de Martin Bourboulon (photo), Adieu Monsieur Haffmann de Fred Cavayé, Les Tuche 4 d’Olivier Baroux, King de David Moreau. Ou De son vivant d’Emmanuelle Bercot, stoppé à l’automne et qui devait reprendre en avril. Ont suivi des titres qui étaient en fin de préparation le 17 mars, à l’instar du prochain François Ozon avec Sophie Marceau (Tout s'est bien passé), ou Kung Fu Zohra de Mabrouk El Mechri. Si certains tournages attendus ont été décalés à 2021 (Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu de Guillaume Canet), depuis cet été ils s’enchaînent et l’automne s’annonce très chargé. Yvan Attal filme Les Choses humaines, Julien Rappeneau Le Trésor du Petit Nicolas, David et Stéphane Foenkinos Les Fantasmes, Catherine Corsini prépare La Fracture…
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