À l'occasion du TIFF (10-20 septembre), UniFrance, en partenariat avec Le Film Français, propose chaque jour, pendant cinq jours, un regard sur les films français présents à Toronto vus par leurs exportateurs (sans oublier le court-métrage) mais aussi un état des lieux actuel du cinéma français hors de nos frontières, et de la situation en France.
- En Sélection officielle : Été 85, de François Ozon
- Industry Selects : Passion simple, de Danielle Arbid & A Good Man, de Marie-Castille Mention-Schaar
- Côté court-métrage
- Dernières nouvelles de France : Les films français attendus dans les salles françaises d'ici la fin de l'année
En Sélection officielle
Été 85, de François Ozon
Pour Été 85 de François Ozon, sorti en juillet en France, le TIFF (puis San Sebastian) se présentent, pour les ventes du film assurées par Playtime, comme les prolongations d’une stratégie qui a commencé dès le Marché de Berlin, et s’est poursuivie par le marché virtuel de Cannes. Pour Nicolas Brigaud-Robert, directeur des ventes à Playtime (qui suit le réalisateur depuis Une nouvelle amie), vendre un film d'Ozon, malgré le prestige qui les accompagne, "n’est jamais facile, car les territoires évoluent, les stratégies des distributeurs aussi. Certains sont fidèles, mais parfois, un distributeur avec qui on n’avait jamais travaillé va nous proposer une stratégie très originale et adaptée, qui va nous séduire. Cela a été cas avec Flag pour le Japon [qui a notamment fait la campagne marketing pour Netflix Japon], dont l’enjeu était clairement de rajeunir le public sur Été 85." Nicolas Brigaud-Robert insiste sur le fait que le film a été présenté et marketé comme s’adressant à tout le monde, et non via le prisme LGBT "que le cinéma est actuellement en train de dépasser". Vendu sur une quarantaine de territoires (chiffre classique pour les films de François Ozon), le film pourra compléter ses ventes grâce au TIFF et à San Sebastian, à l’issue desquels il entamera ses sorties internationales, en salles uniquement. Quand on évoque la montée en puissance des plateformes numériques, Nicolas Brigaud-Robert estime que "le mot 'plateforme' est un mot-valise". Pour lui,"Il faut faire la différence entre les studios digitaux qui produisent la majorité de leur contenus, et dont le pick-up externe est faible, et les plateformes PayTV, pour lesquelles la question n’est pas nouvelle, notamment pour les films de genre. Ce marché est plus dynamique car il y a de plus en plus d’acteurs, mais il a toujours existé. La vraie nouveauté, c’est une plateforme qui va prendre les droits monde sur des films en langue étrangère. La révolution est là, qui pose de nombreuses nouvelles questions sur la mise en marché des films, mais il n’y a plus cette barrière culturelle qui bloquait tout. Si Netflix nous avait proposé l’achat monde pour Été 85, c’est une conversation qu’on aurait eue avec le réalisateur. Nous raisonnons toujours pour optimiser les recettes d'un film, mais aussi pour correspondre aux souhaits de l’équipe créative."
Industry Selects
Passion simple, de Danielle Arbid & A Good Man, de Marie-Castille Mention-Schaar
Pyramide International présente deux films au TIFF 2020, édition pourtant très restreinte. Éric Lagesse, président de Pyramide, se réjouit de la présence de ces films (déjà auréolés du label Cannes 2020) aux Industry Selects, même s’il estime que dans une année "normale" ils auraient sans doute eu leur place dans les sections Discovery ou Contemporary. Pour Passion simple, le nouveau long métrage de Danielle Arbid (une coproduction française majoritaire, par Les Films Pelléas), c’est le roman d’Annie Ernaux, relativement bien connu à l’étranger, qui sert de socle à la stratégie de ventes. Quelques extraits montrés au Rendez-vous du cinéma français à Paris puis un promo-reel à Berlin ont décidé plusieurs distributeurs (Corée du Sud, Taïwan, Japon, Russie et Ukraine), et le film, qui n’a pas encore été montré dans son intégralité, est désormais très attendu, entre le marché virtuel du TIFF et la première mondiale à San Sebastian.
La sensualité du film, qui pourrait booster les ventes, doit beaucoup à l’essence même du roman, et aussi au fait "que Danielle Arbid est une réalisatrice qui n’a pas froid aux yeux", à l’image de Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice de l’autre film Pyramide au TIFF, A Good Man, dont Eric Lagesse perçoit beaucoup l’attente à l'international. "Je l’ai ressentie quand on l’a montré aux distributeurs historiques de ses films. Le sujet [la relation de couple et la grossesse d’une femme transgenre] est peut-être un peu moins évident que celui de ses précédents films, mais c’est un film qui ose tout, qui n’a jamais été fait, qui s’empare d’un sujet de société, comme toujours avec Marie-Castille, sans s’enfermer dans une niche. Difficile de savoir de quel côté il va basculer." Les Industry Selects du TIFF vont être la rampe de lancement et le moment de vérité pour un film, pour l'heure vendu en Suisse et au Bénélux, qui suscite déjà une polémique avant même d’être vraiment vu, sur le fait que le rôle principal est tenu par Noémie Merlant, et non par un transsexuel. "Marie-Castille, qui a produit le documentaire Coby, point de départ de son envie de faire A Good Man, dégoupille très facilement cette polémique naissante, et d’ailleurs ne parlons pas d’un déluge : le film est adoubé par beaucoup de membres de la communauté trans, car il prône avant tout la tolérance."
Côté court-métrage
Dans le cadre de la sélection Short Cuts 3 : "Où l'on convoque l'étrange et l'insolite" (18h - Online at Bell Digital Cinema)
Elo (Lié) (Portugal – France), qu’elle a écrit avec Regina Guimarães, est la première réalisation en solitaire d’Alexandra Ramires, une animation surréaliste sur fond de paysage sombre et inquiétant, où se rencontrent deux personnages qui se rendent compte qu’ils peuvent s’offrir l’un à l’autre.
Diplômée de l’Université des Beaux-Arts de Lisbonne, Alexandra Ramires travaille depuis toujours dans le dessin et ses connexions avec le cinéma, à travers les procédés d’impression. Elle se fait remarquer à la Quinzaine des Réalisateurs en 2017 avec Áqua mole, coréalisé avec Laura Gonçalves.
Dernières nouvelles de France, par Le Film Français
Les films français attendus dans les salles françaises d'ici la fin de l'année
Par Sylvain Devarieux
Après des premières sorties cet été, la production française revient en force avec une grande diversité d’ici la fin 2020.
Au rang des comédies, et au moment ou La Daronne de Jean-Paul Salomé effectue un très bon démarrage (25.000 entrées le premier jour, avant-premières comprises), sont attendus Les Tuche 4 d’Olivier Baroux, nouvel opus d’une franchise multimillionnaire dans le territoire (11,84 millions d’entrées), ou Kaamelott - Premier volet d’Alexandre Astier, tiré d’une série TV très populaire. Sans oublier 30 jours max de Tarek Boudali (dont Épouse-moi mon pote avait raflé 2,47 million d’entrées en 2018), Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal (photo), Parents d'élèves de Noémie Saglio, Mon cousin de Jan Kounen, Miss de Ruben Alves ou encore, à Noël, Le Discours de Laurent Tirard. Sans compter les inclassables Quentin Dupieux avec Mandibules et Albert Dupontel avec Adieu les cons.
Dans d‘autres registres, se profilent comme des évènements Aline de Valérie Lemercier, faux biopic inspiré par la vie de Céline Dion, et le polar marseillais BAC Nord de Cédric Jimenez.
Des auteurs comme Emmanuel Mouret avec Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Maïwenn avec ADN, Marc Fitoussi avec le thriller Les Apparences, ou Lucas Belvaux avec Des hommes font leur retour. On suivra plusieurs premiers et deuxièmes longs, tels L'Origine du monde du comédien Laurent Lafitte, Slalom de Charlène Favier, Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, Rouge de Farid Bentoumi, 5ème set de Quentin Reynaud, De l'or pour les chiens d’Anna Cazenave-Cambet, Seize printemps de Suzanne Lindon, ou Haute couture de Sylvie Ohayon.
Parmi des titres destinés au jeune public, sont programmés Poly de Nicolas Vanier, tiré d’une fiction jeunesse populaire des années 1960, ou encore Calamity de Rémi Chayé, Cristal d’or à Annecy.
Enfin, la production française fait une incursion poussée dans le cinéma de genre, avec notamment le premier polar tricolore dans un univers super-héroïque Comment je suis devenu super-héros de Douglas Attal, le fantastique La Nuée de Just Philippot, ou encore Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma, prévu pour début 2021.
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