Série de romans jeunesse ayant rencontrés un large succès en France et à l’international, "Tara Duncan" revient aujourd’hui sur les écrans de télévision dans une adaptation 3D produite par l’auteure elle-même. Dans un univers fantastique foisonnant, cette héroïne moderne, princesse affranchie des codes, entame un véritable voyage initiatique entourée de ses amis. Frédéric Gentet, Senior Content Sales Manager chez Princess SAM Pictures, revient sur la genèse du projet, ses singularités, et nous dévoile des retours prometteurs après une première diffusion française sur Gulli et Disney Channel.
Unifrance : Tara Duncan est née sous la plume de Sophie Audouin-Mamikonian. Comment est né cet univers, qui s’est rapidement transposé du papier au petit écran ?
Frédéric Gentet : L’auteure est avant tout une maman qui aime inventer des mondes imaginaires pour raconter des histoires originales à ses filles. C’est donc avec une sincérité et une très riche créativité qu’elle a développé l’univers de Tara Duncan, qui se présente aujourd’hui à travers 15 tomes.
Bien que l’écriture ait débuté dans les années 80, ce n’est qu’au début des années 2000 que le premier livre a été édité, notamment à la suite de l'engouement pour le fantastique avec la parution des livres d’Harry Potter. Le succès a été immédiat, d’ailleurs ses livres se sont régulièrement classés comme bestsellers.
L’univers foisonnant et singulier de Tara Duncan se devait donc d’être développé à l’écran, c’est pourquoi le studio MoonScoop a proposé une première adaptation, basée sur le tome 7, en série animée 2D.
Tara n’en est donc pas à sa première adaptation, en quoi celle-ci est-elle différente ?
Sophie Audouin-Mamikonian (SAM) a souhaité proposer une adaptation plus fidèle à son œuvre, basée sur le tome 1, qui présenterait l’univers fantastique de la planète AutreMonde. C’est pourquoi elle a décidé de créer son propre studio de production afin d’avoir le contrôle de cette adaptation ambitieuse, en tant que co-scénariste et coréalisatrice. Mais aussi de choisir les talents avec qui elle désirait s’entourer, comme Dan Creteur, son coréalisateur, qui avait déjà travaillé sur des productions telles que Astérix et "Miraculous". Mais également Fabrice Aboulker, compositeur de renom, qui a déjà démontré son brio avec des séries d’animation telles que "Totally Spies", "Les Pyjamasques" ou "Ricky Zoom".
SAM a choisi d’utiliser des techniques proches de la production cinématographique, en faisant notamment usage de la motion-capture. Cela permet de proposer une animation 3D de grande qualité, et ainsi de faciliter l’immersion dans l’univers de Tara. Une immersion soutenue par plus de 170 artistes internationaux qui ont prêté leur savoir-faire à ce projet. Ce rendu séduit un large public, dont les parents amateurs de co-viewing.
Ces choix techniques ont notamment été rendus possibles par notre mode de financement alternatif, reposant uniquement sur des levées de fonds privés, majoritairement français.
La technique est moderne et le propos l’est également. Quel est le pitch de la série, en quelques phrases ?
Cette série introduit Tara Duncan, une jeune Terrienne ordinaire de 11 ans, qui arrive sur AutreMonde, un univers parallèle fantastique, pour apprendre à contrôler ses pouvoirs magiques naissants. Au cours de ce voyage initiatique, Tara va suivre des cours de magie enseignés par un dragon à l’école. C’est là qu’elle rencontre ses amis, le MagicGang, sur lequel elle peut compter pour l’aider dans son apprentissage et avec qui elle résout des mystères afin de protéger AutreMonde. En parallèle, elle mène une quête personnelle, celle de redonner forme humaine à son grand-père transformé en chien.
C’est une approche contemporaine des contes de fées. Une adaptation loin des stéréotypes des personnages féminins traditionnels. Tara est une héroïne qui n’obéit pas aux injonctions parfois destinées aux filles, elle incarne l’émancipation féminine d’une nouvelle génération.
"Tara Duncan" a pu être comparée à "Miraculous" bien que leurs univers soient très différents. Quels sont les atouts de cette série pour séduire un public international ?
En effet, certains des diffuseurs ont décrit le personnage de Tara Duncan comme la "petite sœur" de Miraculous, ce qui est très flatteur.
Ces séries s’adressent à la même cible, bien que leurs univers soient différents. Nous proposons un monde fantastique, loin des codes habituels propres aux héroïnes, tout en conservant les ingrédients des programmes de comédie et d’aventure. De plus, tout comme l'œuvre originale, la série traite d’inclusion et de diversité, en évoquant entre autres le bégaiement et le nanisme au travers des personnages principaux. Les enjeux de la série sont universels, ce qui la rend ainsi accessible à un public international.
Les romans s'adressaient à de jeunes adolescents. Avec la série, la cible est rajeunie (6-9 ans), pourquoi avoir fait ce choix ?
Rajeunir quelque peu la cible était nécessaire afin de correspondre à l’audience attendue et garantir aux chaînes une série adaptée à leurs programmations jeunesse. Cela permet également à Tara de toucher une toute nouvelle génération d’enfants qui ne connaissent pas encore son univers. Les essentiels de la saga littéraire sont tout de même au rendez-vous avec, entre autres, une belle parité au sein du groupe de héros, et des thématiques volontairement mixtes. Bien que la cible soit majoritairement féminine, les garçons sont loin d’être laissés de côté.
Adapter Tara à l’écran représentait un challenge non négligeable car son univers est très dense, ce qui implique des défis techniques importants. Au-delà de la cible, c’est la manière de raconter l’histoire qui est différente et qui prend en compte les exigences propres à une série d’animation actuelle, tout en réussissant à conserver l’essence de l'œuvre originale.
Les premiers épisodes ont rencontré un succès conséquent en France, comment abordez-vous la diffusion à l’international ?
Effectivement, dès le lancement des 26 premiers épisodes en France, le programme s’est placé N°1 sur Disney Channel (4/10 ans). Les premières diffusions sur Gulli ont, elles aussi, été représentatives d’un très bon accueil avec une moyenne de 22% de part de marché (4/10 ans).
Bien que la série soit en cours de production, elle a déjà été vendue dans plus de 80 pays, parmi lesquels nous comptons des diffuseurs variés tels que RTS (Suisse), DeAKids (Italie), Disney Channel (Benelux), Télé-Québec (Canada), RTE (Irlande), NRK (Norvège), TVNZ (Nouvelle-Zélande), SIC K (Portugal), etc.
Nous avons aussi pu compter sur le succès des livres, publiés dans 27 pays, pour appuyer notre stratégie commerciale. Certains territoires comme la Corée du Sud et le Japon, où la série vient d’être lancée sur Disney Channel, comptent une forte communauté de Taraddicts.
Le choix d’être totalement indépendant dans cette production nous permet de travailler avec les partenaires les plus adaptés sur chaque territoire. La série étant un programme de divertissement issu d’un ouvrage littéraire avec de fortes valeurs, nous pouvons nous adresser à un large profil de diffuseurs. À ce stade, nous avons un bon équilibre en nombre entre chaînes commerciales et chaînes publiques.
Vous serez présents aux Rendez-vous d'Unifrance à Biarritz, quelles sont vos attentes pour ce marché ?
La série a déjà été bien vendue sur le territoire européen. Cependant, il reste des partenaires à convaincre, notamment pour couvrir toute cette zone, et c’est en cela que les Rendez-vous d’Unifrance vont nous être utiles. C’est également une bonne occasion de rencontrer des diffuseurs dans un cadre privilégié qui met en valeur les programmes français.