Diffusée à la rentrée sur France 2, cette série historique, qui reprend les codes des sagas de l’été, revient, par le biais d’une histoire familiale et de personnages complexes, sur une période charnière de l’histoire de France, précédant la Commune. Louis Grangé, producteur de la série chez Storia Television , et Randall Broman, directeur des ventes internationales fiction chez Mediawan Rights, nous parlent des principaux ingrédients qui ont permis à la série de fidéliser le public français et qui devraient également avoir une résonnance au-delà de nos frontières.
Unifrance : Pourquoi avoir choisi d’adapter le roman de Françoise Bourdon, Le mas des Tilleuls ?
Louis Grangé : Tout d’abord, nous avions envie de retrouver les codes des grandes sagas historiques et familiales. Le roman de Françoise Bourdon est à la fois romanesque, ambitieux, touchant, et décrit la Provence du XIXe siècle avec une précision et une sincérité étonnantes. Dès les premières pages du livre, vous y êtes !
Par ailleurs, le livre traite de personnages complexes, aux enjeux multiples, avec leur part d’humanité, et leur part de vice, aussi. On y retrouve de très beaux personnages de femmes au XIXe siècle, qui se battent pour leur indépendance dans un monde très patriarcal. Il y a, dans ces nombreux personnages, des dilemmes forts, et des valeurs qui nous plaisaient.
Enfin, il y a une trame sociale et politique qui est passionnante. Nous sommes à la veille de la Commune de Paris, qui correspond à un élan républicain, un soulèvement du peuple contre le pouvoir en place. Et la montagne fleurira parle des combats que nos ancêtres ont menés pour des droits qui sont aujourd’hui inaliénables. On y parle de solidarité, de démocratie, et de sacrifices, au nom de la liberté.
Cette mini-série d’époque en 6 épisodes rassemble un casting remarquable, comment avez-vous réuni ce casting et cette équipe artistique autour du projet ?
LG : Je pense que cette volonté de retrouver les codes de la saga de l’été, où les passions se déchaînent, et où les enjeux sont si romanesques, a suscité l’intérêt et l’envie chez la totalité du casting. Des acteurs de la trempe de Philippe Torreton, Hélène De Fougerolles ou encore Constance Dollé ont pu, je pense, s’exprimer dans cette histoire, comme ils peuvent le faire au théâtre avec des rôles iconiques. Le casting a compris dès la lecture du scénario que l’ambition était grande.
Éléonore Faucher, qui a écrit le scénario, et réalisé la série, est connue pour son sérieux, sa précision, et son dévouement total à ses projets. Depuis sa nomination au César du Meilleur premier film [pour Brodeuses, ndr], elle a, tout au long de sa carrière, apporté une véritable sensibilité dans tous ses films, et je sais que certains acteurs avaient envie de travailler avec elle.
La série a été diffusée sur France 2 dès fin août, quels ont été les premiers retours ?
LG : Globalement, les premiers retours pourraient être résumés à cette phrase : "Ça fait du bien !". Nous l’avons beaucoup entendue. Je pense que les gens étaient heureux de vivre cette grande histoire dans les décors naturels du Sud, dans un genre qui permet de prendre un peu plus son temps dans la narration, qui renoue avec la nature, la terre, et qui s’éloigne du thriller, ou du polar plus sombre, où tout va très vite !
Ce qui nous a frappé sur les audiences de la série, c’est que nous n’avons perdu aucun spectateur, sur trois semaines de diffusion. Les derniers épisodes ont même ramené plus de monde qu’au début ! Comme nous l’espérions en retrouvant les codes du feuilleton, la série a su créer un rendez-vous pour le public. Ils ont aimé ces personnages, ces décors, et sont restés jusqu’à la fin, pour savoir ce qui allait arriver !
Avez-vous une anecdote de tournage à nous partager ?
LG : L’histoire se déroule sur plusieurs décennies, et sur les quatre saisons de l’année. Nous avons dû tourner beaucoup de scènes d’hiver en plein été. Je me souviens d’une séquence au Mas des Tilleuls, où Hélène de Fougerolles se tient devant un feu de cheminée, couverte comme en hiver, alors que toute l’équipe était en short. Elle était en sueur et devait faire semblant de grelotter de froid. Au final, la séquence fonctionne bien, mais il y a eu quelques fous rires pendant les prises !
Quelles sont les spécificités et les principaux atouts de la série pour séduire un public international ?
LG : C’est une série qui parle de l’histoire d’une des plus belles régions de France. C’est un voyage dans des décors sublimes, où les champs de lavande côtoient les vignes. Les paysages, les costumes, ne devraient pas laisser l’audience internationale indifférente.
Par ailleurs, il s’agit d’une histoire universelle, qui parle de famille, d’amour, de sacrifices, de combat pour la démocratie, et où les thématiques abordées entraînent forcément une répercussion à l’international. La série permet également de découvrir des comédiens très reconnus chez nous, qui, nous l’espérons, pourrons toucher un public large.
Randall Broman : Le public international apprécie toujours une belle saga familiale, surtout historique, et avec Et la montagne fleurira on a vraiment tous les ingrédients pour plaire. Il y a toutes sorte d’intrigues, de l’amour, de la jalousie, de la trahison, tout ça dans le cadre idyllique que présente la Provence, une région bien connue et aimée à travers le monde.
Et la montagne fleurira est en début de parcours international et sera présentée au MIPCOM en octobre. Ciblez-vous des territoires ou des diffuseurs en particulier ?
RB : Oui, pour de très belles sagas historiques de ce genre, on peut tout de suite penser à l’Italie, l’Espagne, voire certains pays de l’Est ou même l’Amérique latine, en ciblant les clients majeurs de ces marchés. Cette série a aussi le grand avantage de pouvoir attirer autant les clients linéaires que les plateformes.