Présentée aux journalistes de la presse internationale lors des press junkets des Rendez-vous d'Unifrance à Paris, et sélectionnée à Séries Mania, la série Bardot raconte, en 6 épisodes de 52 minutes, la jeunesse de cette femme libre et audacieuse qu'était Brigitte Bardot, devenue une icône mondiale du cinéma. Pascal Breton, producteur de la série et fondateur de Federation Studios, et Guillaume Pommier, co-directeur de la distribution internationale, nous racontent comment ils ont réuni l’équipe autour d’un projet d’une telle ambition, de l’écriture au casting, et dévoilent des débuts à l’international extrêmement prometteurs.
Unifrance : Comment est née l’idée de cette série ? Vous avez choisi de vous intéresser au parcours de Brigitte Bardot de l'âge de 15 à 26 ans, pourquoi cette période en particulier ?
Pascal Breton : Quand j'ai créé "Sous le soleil" il y a 25 ans, je pensais tout le temps aux clips de Bardot chantant sur la plage de Saint-Tropez sur la musique de Gainsbourg "Sous le soleil exactement." Et dans mon casting de "Sous le soleil", chaque année pendant 15 ans et au fil des 500 épisodes, je cherchais qui serait la nouvelle Bardot. En vain... Quand j'ai créé Federation il y a 10 ans, l'un de mes premiers projets à côté du "Bureau des Légendes" et de "Marseille", a été de raconter l'un des destins de femme les plus courageux et audacieux du XXe siècle : Bardot. Il fallait commencer par l'écriture, et le déclic fut ma rencontre avec Danièle Thompson et son fils Christopher.
Mon choix s’est porté sur Danièle, pas uniquement car elle a écrit certains des plus grands scénarios du cinéma français, de La Grande Vadrouille à La Reine Margot, mais aussi parce qu'elle a connu et vécu à Saint-Tropez et Bardot dans les années 70. Nous avons travaillé sur Bardot très jeune, entre 15 et 26 ans, parce que c'est là où un destin se forge, parce que cela devient une histoire universelle qui touche toutes les jeunes femmes d'aujourd'hui, autant que tout le public qui a aimé Bardot dans ses films. Le premier script parlait tellement "vrai", comme Bardot, qu'il nous fallait alors trouver l'actrice.
A-t-il été facile de trouver celle qui allait interpréter Bardot ?
PB : Nous savions que ce serait très difficile, et nous avons commencé le casting 6 mois plus tôt que d'habitude, alors que nous n'avions pas encore trouvé le financement de la série. Nous ne pensions même pas trouver une jeune femme qui ressemble à Bardot, nous cherchions surtout une liberté, une impertinence, un talent brut. Quand Julia de Nunez est apparue dans les essais, ce fut une évidence. La nouvelle Bardot était là, en chair et en os, parmi nous.
S’agit-il d’une libre adaptation de la vie de Bardot ?
PB : C'est une adaptation très documentée, où chaque mot est vrai ou sonne vrai. Bien entendu, elle est inspirée de toutes les mémoires de Bardot et de tous les éléments d'actualité de l'époque.
En quoi cette série d’époque peut-elle rentrer en résonnance avec le public d’aujourd’hui ? Et plus largement, avec le public international ?
PB : La série Bardot nous fait découvrir une femme libre, révoltée même, qui refuse de s'habiller selon les normes de l'époque (les années 50), pour marcher pieds nus, la chevelure libre, et qui veut avoir le droit de choisir ses amours, sa sexualité et la possibilité ou non de faire un enfant si elle veut et quand elle le veut.
La série nous révèle une femme amoureuse qui découvre sa sensualité et qui l'assume. Une femme qui déteste la rumeur, les paparazzis, la presse, et les hommes qui la harcèlent.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en 2023, elle est une héroïne particulièrement pertinente !
Quelle est la réception à l’international de la série ?
Guillaume Pommier : La réception de la série est excellente ! Dès le départ, nous avons réalisé des préventes exceptionnelles, auprès de Netflix, auprès des diffuseurs de l’UER (Union Européenne de Radiodiffusion), mais aussi en Turquie qui s’est positionnée pour la première fois très en amont sur une de nos séries, et ce, avant même visionnage des premiers épisodes ! Nous avons aussi organisé un screening d’une quinzaine de minutes à l’automne au MIPCOM, qui a produit son petit effet : nous avons reçu des offres le soir même. Actuellement, Bardot a déjà été vendu à plus d’une vingtaine de territoires alors que la série n’a pas encore été diffusée sur France 2. Aujourd’hui nous sommes ravis de constater que, en plus de son succès auprès des acheteurs, la série suscite un intérêt formidable auprès de la presse française et internationale.
Quels sont ses principaux challenges et atouts ?
GP : Notre principal problème est que sur certains territoires, nous devons faire face à une compétition locale, entre plusieurs diffuseurs intéressés par la série. Honnêtement, c’est plutôt un problème dont on ne se plaint pas ! Et côté points forts, on peut avant tout citer les talents incroyables qui portent cette série avec brio, que ce soient les réalisateurs, les acteurs confirmés ou non, et Julia de Nunez, qui incarne une Bardot parfaitement dans l’air du temps : une jeune femme qui rêve de s’émanciper et qui se fiche des conventions, cela parle aux jeunes et aux moins jeunes, car la notoriété de Bardot est mondiale. Quel que soit le pays, c’est une thématique facilement exportable.
Quelles sont les autres séries importantes de Federation qui arrivent, côté ventes internationales ?
GP : Il y a bien sûr toutes celles que nous lançons au printemps : entre autres, côté fiction, "Les Randonneuses", en compétition à Séries Mania et qui sera la prochaine série événement de TF1, produite par Fanny Riedberger (Habanita Federation), déjà créatrice et productrice du hit de TF1 Lycée Toulouse Lautrec (Prix de la meilleure série à La Rochelle 2022). Et "The Cinderella Murder", la formidable série d’anthologie produite par Eyeworks pour la VRT et Eén.
Et les séries en production que nous avons présentées lors des Rendez-vous d’Unifrance à Paris : Rematch, une série premium produite par Bruno Nahon (Unité) pour ARTE France et pour laquelle nous avons déjà deux acheteurs stratégiques. Tournée en anglais avec un casting international, la série raconte le rematch – c’est-à-dire le match retour – du champion d’échecs Garry Kasparov contre l’ordinateur Deep Blue, créé par IBM en 1997, un moment décisif des débuts de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies. Nous avons déjà réussi à faire monter à bord deux plateformes SVOD très prestigieuses qui ont été enthousiasmées par les scripts ! Et Sambre, la nouvelle fiction de Jean-Xavier De Lestrade (What’s Up) extrêmement bien documentée, qui relate une affaire française édifiante qui a couru sur 30 ans jusqu’en 2018, autour de la thématique malheureusement universelle des violences sexuelles.
Côté documentaires, nous sommes également très fiers de nos lancements au MIPDOC : la série MH370, produite en interne par Myriam Weil en association avec So in Love et qui revient en 6 épisodes sur le mystère et les théories qui entourent la disparition du Boeing 777 de la Malaysia Airlines et de ses 239 passagers en 2014 ; la coproduction internationale L'Homme de Pékin sur la préhistoire en Asie ; le nouveau film événement de Jacques Malaterre, "L’Odyssée de l’Espèce", produit par 10.7 pour CCTV en Chine, en association avec France Télévisions et l’UNESCO. Ou encore la série "Vatican", produite par Panenka pour la VRT. Une plongée captivante sur 4 années au cœur du Vatican et des questions qui traversent l’Église aujourd’hui, pour laquelle Panenka a eu un accès exclusif à des interlocuteurs rares à Rome, mais aussi dans le reste du monde.