À la fois série policière et invitation au voyage, OPJ propose au spectateur de suivre des enquêtes haletantes tout en découvrant les intrigues autour de la vie des membres d’une brigade de police constituée de personnages d’horizons variés. Avec pas moins de 94 épisodes disponibles à la vente internationale, la série a déjà réussi à fidéliser les publics de France 3 et de France.tv. Bertrand Cohen, producteur de la série chez Terence Films et Marie-Laure Hébrard, distributrice internationale de la série, nous parlent de la genèse, des atouts et des ambitions internationales du programme.
Unifrance : Comment est née l’idée de cette série policière dont l’intrigue se passe à La Réunion ?
Bertrand Cohen : L’idée principale était de montrer des enquêtes très divertissantes, ancrées dans un cadre merveilleux, celui de la Réunion. Concernant l’écriture, une des particularités de la série est que les intrigues sont écrites sur 2x52’, ce qui laisse le temps de la comédie, de la romance, et de raconter également la vie privée de cette équipe de police. Une équipe de 7 auteurs travaille à l’écriture de la série, principalement des auteurs de polars, mais aussi des auteurs qui ont fait d’autres choses, ce qui permet le mélange des influences. De plus, chaque année, nous cherchons à amener un peu plus d’humour aux scénarios.
En quoi "OPJ" se distingue-t-elle d’autres séries policières, que ce soit par ses personnages, son univers ou son intrigue ?
BC : Dans "OPJ", on suit un groupe de 4 enquêteurs, d’âges et d’origines ethniques variés, ce qui crée des échanges riches. Il y a de très jeunes personnages d’une vingtaine d’années et des personnages cinquantenaires. C’est une femme qui est à la tête du groupe. Elle a un caractère bien trempé et une vie privée que la série ne manque pas d’exploiter. Du reste, globalement, la série explore les relations entre les personnages : dans la saison 4, par exemple, on suit la romance entre une nouvelle recrue et la médecin légiste, dans ses subtilités. Par ailleurs, de nouveaux personnages, très jeunes, 19-20 ans, font leur arrivée dans les saisons 4 et 5 : ils apportent de l’humour, de la pétillance, des étincelles, et surtout de la fraîcheur et de la modernité. En outre, il y a une vraie diversité des sujets abordés par la série et de ses personnages.
Il y a un ancrage local fort, comment votre choix s'est-il porté sur l’île de la Réunion ?
BC : La première saison était tournée en Nouvelle-Calédonie et avait été diffusée sur France Ô : elle avait très bien marché dès ses débuts, à la fois sur la chaîne et sur France.tv. Pendant la crise du Covid, le Pacifique Sud s’est totalement fermé, il a donc fallu trouver une autre solution. Nous avions déjà tourné une série sur l’île de la Réunion, en intégrant un volet formation, par le recrutement de stagiaires sur place : tout s’était très bien passé et la confiance était présente, ils ont donc accepté de nous accueillir à nouveau. De plus, la subvention accordée par La Réunion a grandement soutenu la production.
En quoi ce cadre participe-t-il à la richesse et au succès de la série ?
BC : La Réunion offre tellement de possibilités et d’univers qu’on n’a jamais l’impression de tourner en rond, il y a énormément de choses à raconter. Cette année par exemple, un épisode se déroule dans une exploitation de vanille. Certains épisodes ont lieu dans un hôtel qui n’a encore jamais servi de décor à la série. Les clubs sportifs sont également explorés ainsi que la pratique du beach-volley. Ce qu’il faut également noter c’est que « Local is global » : plus l’intrigue est locale et plus elle s’adresse au monde entier.
Au sein de l’équipe, plusieurs auteurs sont réunionnais et une réalisatrice est réunionnaise, ce qui permet de réellement refléter la société réunionnaise, de donner une bonne vision de la réalité locale. Par ailleurs, le casting, qui est diversifié, ressemble à ce qu’est la Réunion : différentes ethnies qui vivent ensemble paisiblement. Il faut noter que la richesse ou la réussite sociale des Réunionnais n’est pas liée à l’ethnie dont ils sont originaires.
La série fait travailler des techniciens à 85% locaux, qui travaillent sur la série depuis 7 ans. De plus, la production fait de la formation sur place pour permettre aux jeunes Réunionnais d’accéder aux métiers de l’audiovisuel. Nous prenons 20 stagiaires sur le tournage. Ceux-ci trouvent ensuite du travail sur place très facilement grâce à l’expérience acquise auprès de nos équipes. Tout le monde est content d’être là et d’aider les autres.
Quels sont les retours suite à la diffusion de la série sur France 3 ?
BC : La saison 3 de la série a été diffusée sur France 3 cet été. Ainsi, France 3 a créé un rendez-vous annuel l’été, en "day time". Et les épisodes de prime sont ensuite diffusés en automne.
En replay, "OPJ" est le troisième programme le plus visionné de toutes les antennes de France Télévisions ! Elle est troisième après "Plus belle la vie", alors que cette dernière est beaucoup plus présente à l’antenne de France Télévisions. C’est un vrai gage de succès.
Quels sont les principaux atouts de la série pour parler à un public international ?
Marie-Laure Hébrard : En plus d’être une série dont les intrigues sont bien menées et très prenantes, le temps qu’elle consacre à l’humour et à la romance permet de s’attacher aux différents personnages, le spectateur n’a pas envie de lâcher. La série fait rêver : elle montre des décors singuliers et originaux, elle est tournée dans une magnifique lumière naturelle, très douce. Les spectateurs ont ainsi la possibilité de s’échapper et de se détendre. Cette série tournée dans des décors exotiques leur permet de voyager depuis leur salon et éventuellement de prévoir d’y passer de prochaines vacances. Le public a l’occasion de devenir très familier avec les personnages dont on suit autant la vie privée que les enquêtes. Les personnages deviennent presque des amis pour le spectateur.
Pour finir, le fait qu’il y ait un grand nombre d’épisodes permet aux diffuseurs de fidéliser sans problème un public de "day time".
Vous avez déjà réalisé de belles ventes à l’international, pouvez-vous nous en parler ? Avez-vous de premiers retours d’audience à partager ?
MLH : À ce jour, nous avons 94 épisodes disponibles : c’est merveilleux pour les diffuseurs internationaux, qui ont la possibilité de fidéliser le public en programmant la série en quotidienne et de pouvoir durer sur une vingtaine de semaines. Par ailleurs, la série connait un vrai succès d’audience : nous avons d’excellents retours d’Espagne où la série a été diffusée sur une des chaînes d’Antena 3. Les audiences y sont excellentes.
Des ventes ont déjà été finalisées sur plusieurs territoires : Etats-Unis (plateformes MHZ et Lingopie), Espagne (une des chaînes d’Antena 3), Europe de l’Est (chaînes TVN et LNK), mais aussi en Afrique et aux Seychelles (la chaîne SBC). Par ailleurs, nous attendons une proposition du Portugal.
Suite aux Rendez-vous d'Unifrance à Biarritz, la Belgique a confirmé son intérêt pour la série et l’a achetée pour une diffusion en 2023. Elle sera vraisemblablement programmée à l’automne.
Pour finir, une vente plus atypique a été faite à une plateforme qui enseigne le français aux USA, Lingopie : ils ont apprécié la cible très jeune de la série.
Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
MLH : Il ne s’agit que d’un début pour les ventes internationales. Le fait d’avoir 94 épisodes va générer davantage d’intérêt. Je pense notamment que l’Italie va prochainement acquérir la série. Par ailleurs, je suis certaine que d’autres territoires de l’Europe de l’Est vont l’acheter prochainement. Il pourrait également y avoir un intérêt du Canada qui s’intéresse de plus en plus aux fictions françaises, et sans aucun doute de l’Amérique latine, qui diffuse déjà avec succès notre série « Meurtre à ».