À partir de la découverte inédite d’un bateau funéraire en Norvège, le documentaire Le Vrai Visage des Vikings entend raconter la véritable histoire de la civilisation et du peuple viking, qui nourrit de nombreux fantasmes dans l’imaginaire populaire contemporain. C’est à travers un savant mélange de science, d’histoire et de divertissement, ainsi que des partenariats internationaux forts que ce film atteint son objectif.
Gaëlle Guyader, productrice chez ZED et Charlotte Tachet, directrice de la distribution et des acquisitions chez ZED, nous détaillent les coulisses du montage et de la distribution de cette ambitieuse coproduction.
Comment le projet du programme Le Vrai Visage des Vikings a-t-il vu le jour ? L’idée était-elle présente dès la découverte inédite d’un navire funéraire viking en Norvège en 2018 ?
Gaëlle Guyader : Durant ses recherches, le pôle développement de ZED est tombé sur l’article d’un journal norvégien relatant la découverte de l’empreinte probable d’un bateau funéraire viking par les archéologues du NIKU (l’Institut norvégien de recherches sur le patrimoine culturel). Il s'est révélé être l'un des plus grands bateaux-tombes exhumés au cours de ces cent dernières années.
Le caractère exceptionnel de cette découverte a poussé les producteurs de ZED à prendre immédiatement contact avec les responsables du site de fouilles pour leur proposer un documentaire exclusif. Nous obtenons des accès privilégiés pour suivre les fouilles sur le site de Gjellestad et les analyses scientifiques concomitantes, et nous constituons alors une équipe franco-norvégienne pour être en mesure d’être réactifs aux différentes étapes du chantier, et de rester en contact étroit avec les scientifiques en charge du site. Grâce à cette collaboration avec la Norvège, nous avons pu monter une production crédible et solide tant sur le plan éditorial que de sa faisabilité. Une fois les contacts établis, nous avons pu lancer le film. Du développement à la livraison, le temps de production du film a duré 3 ans.
Le documentaire est produit et distribué par ZED, pourquoi avoir choisi de porter ce sujet ? Comment avez-vous fédéré les différents partenaires autour de ce projet ambitieux ?
GG : Si les Vikings ont toujours été un archétype emblématique, nous vivons depuis quelques années une renaissance viking car ces explorateurs intrépides ont inspiré une multitude d'histoires et séduit un large public. Cette tendance solide dans notre culture du divertissement et de la pop culture a été prouvée par le succès critique et commercial de séries télévisées telles que "Vikings" ou "The Last Kingdom", mais leurs aventures, leur mythologie, leur quête de terres et leurs conflits sanglants ont également trouvé une grande visibilité dans l'industrie du gaming avec "Lords Of The Fallen", "Hellblade: Senua's Sacrifice" ou plus récemment "Assassin's Creed Valhalla" ou "God Of War".
Plus que jamais, la culture viking offre de grandes possibilités en matière de narration, d'engagement et de divertissement. Dans le sillage de cette popularité mondiale croissante, la force de notre film réside dans le fait qu'il nourrit la curiosité du public pour ces guerriers nordiques en ancrant leur histoire dans la réalité : qui étaient-ils ? Comment vivaient-ils vraiment ? Au-delà de la fiction, nous explorons la véritable histoire de ce peuple, dépassant ainsi la culture pop et l'imaginaire collectif pour révéler une civilisation d’une grande richesse. Notre film se distingue également par son ambition : explorer un sujet historique grâce aux avancées scientifiques, en suivant la percée archéologique.
Ces découvertes scientifiques et archéologiques apportent un nouvel éclairage sur ce que nous connaissions des Vikings. Quel est l’angle adopté pour rendre ces découvertes accessibles ?
GG : Ce film met en scène avec l'aide d'historiens et de grands spécialistes de l'époque viking, et grâce à des reconstitutions fictionnées, ce qu'aurait pu être la vie de ce peuple. À la fois enquête scientifique et historique, Le vrai visage des Vikings est un voyage sans précédent dans la grande histoire de la civilisation viking, grâce à un accès exclusif et à une fouille archéologique menant à une découverte sans précédent au cours des cent dernières années.
Grâce à un temps long dédié au développement du projet, nous avons pu établir un plan de financement à la hauteur de l’ambition du projet avec notamment une coproduction avec CuriosityStream aux États-Unis et une coproduction avec Mechanix Films en Norvège.
Notre coproductrice norvégienne nous a facilité les contacts avec des festivals célébrant des événements vikings ou des centres de reconstitution. Nous avons ainsi pu filmer à bord de drakkars lors d’un événement et mettre en place le tournage des scènes de vie et de rituels funéraires dans un village dédié avec des comédiens, le tout sous la supervision de spécialistes de l’ère viking.
Quelle a été votre stratégie pour la distribution du programme à l’international ?
Charlotte Tachet : La recherche de financements internationaux complémentaires était indispensable pour la bonne réalisation du projet. Les exigences de la case Science Grand Format de France 5 et le savoir-faire de production reconnu à l’international des équipes de ZED nous ont permis d’offrir à nos partenaires internationaux un film aux nombreux atouts : un savant mélange de science et d’Histoire qui fait le succès de cette case dans l’Hexagone et à l’export, la promesse de reconstitutions fortes (évocations non dialoguées), d’un tournage soigné et d’accès exclusifs à de nouvelles découvertes avec une narration dynamique et moderne, un casting international et des recherches archéologiques inédites déclinées en fil rouge tout au long du film. Tous les ingrédients étaient là pour monter des partenariats ambitieux !
Ainsi, très tôt dans le développement, nous avons présenté le projet à CuriosityStream, qui est un partenaire fidèle de ZED depuis nos tous premiers projets ensemble, les séries "Monuments sacrés" et "Living Universe". CuriosityStream a été très emballé par ce projet et son approche, et nous a rejoints comme coproducteur.
Il nous semblait intéressant de pousser le projet à nos partenaires en Scandinavie, où cette histoire résonne tout particulièrement, et c’était un défi car il existe déjà de nombreuses productions fiction et documentaire sur les Vikings. L’angle original du projet autour de la découverte du bateau-tombe de Gjellestad nous a permis de convaincre la SVT, NRK et VIASAT de nous rejoindre en préachat. Une belle marque de confiance pour nos équipes. Ceska TV et YLE nous ont aussi rejoint plus tard, et tout dernièrement c’est la chaine australienne SBS qui a acheté le film, dans sa version 90’ originale, ainsi que la RTS, version 52’.
Nous avons donc produit une version 90’ pour France 5, déclinée en version 2x45’ pour CuriosityStream, et une version 52’ pour l’international, toutes disponibles en 4K.
Le vrai visage des Vikings n’a pas fini de surprendre et de voyager... Comment envisagez-vous la suite de son parcours international ?
CT : Le succès de séries comme "Vikings : Valhalla" sur Netflix, et son prequel sur History Channel, qui connaissent un fort succès, a renforcé l’attrait du public pour cette thématique. Nous avons voulu proposer un film ambitieux et qui s’adresse à une audience large, aussi bien avertie que plus novice, jeune et moins jeune. À travers nos différents partenaires, nous couvrons une cinquantaine de pays à ce jour, et nous espérons pouvoir continuer à élargir davantage la diffusion du film, en Asie notamment où nous avons des intérêts en cours, ainsi qu’en Europe du Sud (Espagne, Italie…) et en Allemagne.
Forts de cette expérience, nous nous sommes récemment engagés sur un autre projet autour des Vikings, en distribution : "Vikings, la saga des femmes", porté par deux productrices de talent, Sophie Parrault de Little Big Story (France) et Lisa Wahlbom de Nordic Eye Production (Suède). Ce projet ambitieux, réalisé par Thomas Cirotteau ("Lady Sapiens") est aussi produit pour la case Science Grand Format de France Télévisions, avec la chaine Histoire TV, en coproduction avec Ubisoft. Nous avons lancé la recherche de préachats il y a quelques semaines et comptons déjà parmi nos partenaires internationaux les Scandinaves de la SVT, la NRK, et DR TV, et avons reçu des intérêts prometteurs aux États-Unis, en Europe, en Asie, au Canada, et en Australie. Le film sera livré début 2025.