Karaté Mouton est présenté en compétition dans la sélection « Films de télévision » au Festival international du film d'animation d'Annecy et poursuivra son parcours de vente sur les principaux marchés de 2023.
Cette série d’animation 3D, au rendu coloré et très graphique, a déjà été diffusée sur Super RTL en Allemagne, et les premiers épisodes sont également disponibles sur Netflix depuis le mois de mars. Marc Du Pontavice, fondateur et PDG de Xilam Animation, et Morgann Favennec, Directrice de la distribution, nous parlent de la genèse et des atouts de cette comédie extrêmement efficace et originale, et de leurs ambitions pour sa diffusion internationale.
Unifrance : Comment la série animée Karaté Mouton a-t-elle vu le jour chez Xilam ?
Marc Du Pontavice : J’ai demandé en 2019 à Hugo Gittard, l’un des créateurs et réalisateurs phare de l’histoire de Xilam (collaboration qui dure depuis 25 ans), de me proposer un nouveau concept de comédie slapstick, autrement dit une comédie très visuelle et sans dialogue sur le modèle de "Zig et Sharko" ou "Oggy et les Cafards". En introduisant cependant une nouvelle contrainte : l’utilisation de la 3D. Je savais en effet que Netflix privilégiait ce type de technologie et je souhaitais qu’on vienne les voir avec une innovation visuelle qui nous démarque des séries précédentes.
L’idée originale est celle du trio infernal composé de Trico, un mouton qui a beaucoup bourlingué et veut expliquer à ses congénères moutons les attraits de la modernité, de Wanda, cheffe du troupeau et accessoirement as des arts martiaux, enfin du Loup, qui ne cesse de convoiter le troupeau pour apaiser sa faim. Les idées farfelues vont désorganiser la sécurité du troupeau, ce dont le Loup entend bien profiter, mais Wanda veille au grain et le candidat bourreau devient victime : mécanique très éprouvée de la comédie slapstick.
Le projet a séduit Netflix qui s’est engagé sur une diffusion monde, comment les avez-vous convaincus ?
MdP : Assez tôt, au cours du développement. Nous avons rapidement réalisé un test de ce à quoi le projet pouvait ressembler visuellement avec un pilote de 2 minutes qui les a rapidement convaincus. Tant et si bien qu’ils ont commandé immédiatement une première saison sans phase de développement complémentaire.
Xilam ayant de fortes attentes en termes de catalogue à long terme sur ce type de programme, nous avons demandé à rester propriétaire de l’IP tout en limitant la durée d’exclusivité. Ce que Netflix a très bien accepté, et qui va nous permettre de commencer la commercialisation de la série auprès d’autres diffuseurs dès la fin 2023.
Morgann Favennec: En parallèle de l’engagement de Netflix, un autre partenaire historique de Xilam s’est positionné très rapidement : Super RTL qui est donc primo-diffuseur de la série en Allemagne, et seul diffuseur à avoir bénéficié de cette exclusivité linéaire à l’échelle internationale.
Karaté Mouton va donc connaître une deuxième vie après Netflix, comment l’envisagez-vous ?
MF : La commercialisation de la série a débuté en octobre dernier lors du MIPCOM Junior et nous la déploierons toute l’année, du MIFA à l’ATF sans oublier les Rendez-vous d’Unifrance à Biarritz et le MIPCOM. En ce qui concerne MIPCOM, la série étant en sélection officielle dans la catégorie "Films de télévision", nous sommes présents sur le festival et sur le salon, ce qui est un atout autant qu’un argument de vente.
La diffusion sur Netflix est prévue en deux temps : une première partie des épisodes est disponible depuis mars et la deuxième salve arrivera prochainement. Nous accompagnons ces lancements au plus près puisque nous sommes en charge de la promotion de la marque sur YouTube et sur les réseaux sociaux, et développons en parallèle un jeu pour cet été.
Comédie slapstick sans dialogue, Karaté Mouton développe la formule parfaite pour raconter une histoire universelle. Quelles sont ses singularités et ses atouts pour l’international ?
MdP : Le slapstick est une grammaire narrative extrêmement éprouvée, à vocation universelle, pour laquelle Xilam dispose d’une expertise unanimement reconnue dans le monde entier. Ce type de programmes fédère des publics très larges et pas simplement des enfants. Nous travaillons en effet sur une écriture en double lecture : 6-9 ans et adulte. Curieusement, cette écriture attire aussi les très jeunes enfants qui accrochent dès l’âge de 3-4 ans du fait de son caractère extrêmement visuel, coloré et simple à suivre. L’absence de dialogue est aussi un gros avantage pour l’international, pas seulement parce que cela évacue la question du doublage, mais aussi et surtout parce que cela nous oblige à travailler la mise en scène et l’acting des personnages d’une façon lisible par tous. La bande-son elle-même devient un élément central du rythme et de la comédie avec une attention particulière au sound design qui a son propre langage autonome. Enfin, la musique est travaillée à l’image avec des compositions variées et extraordinairement précises.
Le nombre d’épisodes (78 épisodes disponibles) est un autre atout indéniable, c’est très structurant pour les chaînes de télévision. Le format relativement court permet à la fois de multiplier les points d’entrée pour le spectateur en diffusion linéaire, mais aussi de bien s’intégrer aux catalogues VOD, de se donner les moyens d’être efficace en délinéarisé pour concurrencer des acteurs comme TikTok pour la consommation de productions audiovisuelles courtes.
Pour la production, nous avons fait appel au Hub 3D de Xilam à Angoulême, qui a développé depuis "Oggy Oggy" une belle expertise sur les images hybrides et les rendus très graphiques. En général, la 3D rend en effet le travail de la lumière très contraignant. Et il est souvent difficile de trouver des rendus visuels forts sur les séries télévisées. Nous avons pourtant réussi à maintenir une exigence picturale et graphique pour avoir une proposition visuelle avec une forte identité. Pour le choix du titre, nous avons rompu avec les programmes précédents puisqu’au lieu du nom des personnages, nous avons mis en avant à la fois une promesse d’action et une promesse de comédie par la juxtaposition des termes de "moutons" et de "karaté". Karaté Mouton ne ressemble donc à aucun autre slapstick et nous sommes fiers de notre capacité à nous renouveler.
MF : À cette promesse limpide, j’ajouterais une proposition graphique très moderne, en phase avec notre époque, et avec des personnages auxquels les enfants peuvent facilement s’identifier. Wanda, la "badass" du groupe, incarne parfaitement le girl power / l’empowerment actuellement recherché par de nombreux diffuseurs.
Karaté Mouton est la première série d'animation pour Netflix à bénéficier d'une aide du CNC, pouvez-vous nous parler plus généralement du montage de ce projet ambitieux ?
MdP : Jusqu’en 2021, les séries financées par les plateformes ne pouvaient pas accéder au CNC si elles n’avaient pas de diffuseur linéaire français. Fin 2021, un fonds spécial a été ouvert, et Karaté Mouton est la première série animée à en avoir profité.
Grâce au soutien de Netflix et de Super RTL, ainsi qu'aux aides publiques, nous avons pu disposer sur cette série d’un budget record de 11 millions d’euros, ce qui nous a permis d’aller jusqu’au bout de nos ambitions.
Les personnages créés par Xilam par le passé ont déjà voyagé autour du monde, quelles sont vos ambitions pour Karaté Mouton ? Y a-t-il des territoires que vous souhaitez atteindre en particulier ?
MF : Naturellement, l’Italie et l'Inde, deux pays sur lesquels nos IPs surperforment depuis de nombreuses années, ont été les premiers à manifester leur intérêt. Nous sommes également en négociation avec des partenaires au Moyen-Orient et en Chine, territoire également clé, tout comme en Europe. Nous affichons clairement l’ambition de créer le nouveau succès slapstick de Xilam, à l’instar d’"Oggy & les Cafards" et "T'es où Chicky ?", et la notoriété préexistante d’une série comme "Zig & Sharko" nous rend très optimistes quant à un prochain succès de Karaté Mouton aux Etats-Unis.
En lien avec cette actualité
Films(3)
Manifestations(2)
Festival international du film d'animation d'Annecy - 2023
Festival longs et courts métrages
France
du
au