Nommée dans la catégorie TV Movies/Mini Series aux International Emmy® Awards 2023, Infiniti, série réalisée par Thierry Poiraud, produite par Empreinte Digitale et Federation Entertainment Belgique et distribuée à l’international par STUDIOCANAL, est également nommée au prochain Prix Unifrance de l’export audiovisuel. Eric Laroche, producteur de la série chez Empreinte Digitale, nous parle des atouts de ce thriller cosmique qui a déjà séduit de nombreux pays dans le monde.
Unifrance : Comment est né le projet ?
Eric Laroche : Nous connaissions déjà Thierry Poiraud. Raphaël Rocher a produit deux de ses longs-métrages, Don't Grow Up (Alone) (2015) et Goal of the Dead - Seconde mi-temps (2013). En 2017, Thierry nous a fait découvrir deux scénaristes dont le travail nous a littéralement émerveillés : Julien Vanlerenberghe et Stéphane Pannetier. Ils sont arrivés avec cette histoire incroyable, entièrement née de leur imagination, mêlant drame policier et science-fiction. Un thriller cosmique et un western scientifique autour d'une question fascinante : comment la foi et la science (le désir et la raison), apparemment contraires, sont en réalité les deux faces d'une même pièce. À l'époque, nous cherchions des projets de genre destinés aux streamers (qui viennent d'arriver en France). La science-fiction ne nous faisait pas peur, notre série Missions était sortie il y a quelques mois (et avait très bien marché dans le monde), et nous venions de nous associer à Federation Studios pour le lancement d'un label dédié aux séries de genre (avec lequel nous avons produit la série d'horreur Marianne pour Netflix). Nous avons donc décidé de développer Infiniti ensemble. Un an plus tard, aucun streamer n'en voulait mais heureusement Canal+, puis STUDIOCANAL, nous ont rejoints.
Pouvez-vous nous résumer la série en quelques phrases ?
Après une manœuvre d'amarrage complexe à l'ISS, le contrôle au sol a perdu le contact avec la station et l'équipage est en détresse. Au même moment, un corps décapité et recouvert de cire est retrouvé sur un toit au Kazakhstan. L'identification ne laisse aucune place au doute : le corps appartient à Anthony Kurz, un astronaute américain qui se trouve actuellement dans l'ISS, en orbite à 400 km de là, dans l'espace. Anna Zarathi, astronaute française, renvoyée du programme spatial, est convaincue que Kurz l'appelle à l'aide depuis l'ISS. Elle fait équipe avec Isaak Turgun, un policier kazakh désavoué par sa hiérarchie, pour résoudre ce mystérieux paradoxe : Kurz pourrait-il être vivant dans l'espace et mort sur Terre ?
Qu’est-ce qui fait sa singularité ? Quels sont ses atouts pour l’international ?
Thierry a non seulement réussi à créer une direction artistique de haut niveau mais aussi à éviter tous les pièges qu'une telle histoire pouvait tendre : reconstituer l'ISS et les souvenirs des plus belles heures de la conquête spatiale, tourner pendant plusieurs mois – en pleine pandémie – à 6000 km de la France, diriger des acteurs et des techniciens venus de toute l'Europe sur un décor de "Tour de Babel" où 4 à 5 langues coexistent en permanence, magnifier l'immensité des steppes kazakhes, et nous emmener dans l'espace. À nos yeux, il a su convaincre le spectateur le plus sceptique et surprendre l'amateur du genre. Le public a également pu embrasser une histoire d'amour puissante et découvrir une intrigue politique qui résonne avec les événements contemporains liés à la conquête spatiale. Dans un souci d'authenticité, la série devait être tournée en extérieur, afin de restituer la grandeur des sites de lancement actuels et les vestiges peu reluisants du glorieux passé de Baïkonour. Nous avons également tourné plusieurs semaines en Ukraine, dix mois avant l'invasion russe, avec une équipe extraordinaire. Toutes ces raisons font d'Infiniti une série unique.
Comment s’est passée la vente du programme à l’international ? Sa sélection aux International Emmy® Awards vous a-t-elle ouvert des portes ?
Les équipes de STUDIOCANAL ont effectué un travail formidable. La série a été vendue dans de nombreux territoires à l'international, notamment à Hong Kong, en Norvège, en Australie, en Espagne, au Portugal, en Amérique latine, dans les pays baltes, en Israël et au Canada anglophone. La série est d'ailleurs nominée pour le prochain Prix Unifrance de l’export audiovisuel, qui récompense les programmes de télévision français ayant réalisé le plus de ventes à l'international. Nous verrons dans les prochains mois si cette nomination aux International Emmy® Awards a eu un effet sur les territoires restants ou même sur de nouvelles fenêtres dans les pays qui ont déjà acheté la mini-série. C'est formidable que l'une de nos productions fasse le tour du monde.