Le Refuge d'Audrey traite le sujet de la biodiversité sous un angle divertissant, attendrissant et naturaliste, et a obtenu le soutien de l’UNESCO pour sa représentation d’espèces en voie de disparition. Marie Lassal, distributrice de la série chez Kids First Distribution, et Philippe Alessandri, producteur chez Watch Next Media, nous expliquent comment ils ont collaboré, dès les premières étapes du projet, pour le faire voyager à l’international.
Unifrance : Comment la série animée Le Refuge d'Audrey a-t-elle vu le jour ?
Philippe Alessandri : Le Refuge d'Audrey est une série mettant en scène des espèces animales en voie de disparition, racontée du point de vue de deux enfants.
Il s’agit d’une création originale de Sylvain Huchet, présentée à France Télévisions qui a tout de suite été séduite par le thème. À l’issue du développement, des diffuseurs canadiens (TVO, TFO, Radio-Canada et Knowledge), espagnols (RTVE-CLAN) et allemands (ZDF) ont partagé l’enthousiasme de France Télévisions et se sont associés au projet.
La série est entrée en production en 2022 et la première moitié des épisodes a déjà été livrée.
Le projet a été soutenu par sept chaînes issus de 4 pays : comment ce montage international d’ampleur s’est-il mis en place ?
Marie Lassal : Kids First est la filiale de distribution internationale de Watch Next Media, et nous travaillons main dans la main dès les premières étapes de chaque projet.
Nous avons présenté la série aux acheteurs des principaux pays de co-production quasiment en même temps qu’à la chaîne française.
Les échanges initiaux avec les diffuseurs étrangers nous permettent de positionner la série au niveau éditorial pour lui garantir un plus grand succès à l’international. Nous avons pris en compte des desiderata, des réserves, et également des biais culturels de chaque pays. Il s’agissait de savoir à quel point il fallait être divertissant, éducatif, pour trouver un bon équilibre entre la comédie, l’émotionnel et la part d’aventures. Il a fallu définir le public cible : préscolaires, plus grands ? La volonté de viser entre les deux a été confortée par les échanges avec nos partenaires diffuseurs.
Nous avons lancé la série au MIP mais nous l’avions pré-lancée un an plus tôt au Cartoon Forum : un moment qui a été décisif pour les préventes à la ZDF et à la RTVE-CLAN. Ils étaient déjà intéressés par le projet, mais l’enthousiasme qu’a suscité la projection du trailer les a convaincus !
Depuis, Kids First a signé d’autres deals : RTS en Suisse, TV5 Monde, YLE en Finlande, E-Junior aux Emirats arabes unis et a plusieurs autres négociations en cours.
Comment avez-vous trouvé cet équilibre entre réalisme et divertissement, avez-vous travaillé avec des experts pour la représentation des espèces animales ?
Philippe Alessandri : Le Refuge d'Audrey est avant tout une série de divertissement, qui raconte des ‘fun animal facts’, c’est-à-dire des faits scientifiques avérés et drôles.
Nous avons travaillé avec une spécialiste des animaux, qui relisait les textes, pour signaler d’éventuelles erreurs, et suggérer des pistes d’optimisation des histoires.
Ce que l’on raconte est avéré et nous sommes partis d’une sélection d’espèces animales qui sont réellement en voie de disparition. Là où l’on s’éloigne de la réalité, c’est que nous avons choisi les animaux sans tenir compte de leurs origines géographiques, nous ne nous sommes pas limités à une zone, ce qui est le cas dans les vrais refuges animaliers.
De manière générale, nous avons principalement choisi des mammifères, plus expressifs et attendrissants, mais pas seulement. Nous voulions couvrir largement le spectre animalier.
Dans chaque épisode il y a un animal et une problématique animalière, mais cette histoire est doublée avec une histoire humaine : il y a un entrecroisement de ces deux lignes dramatiques. Nous n’avons pas plaqué des ‘fun animal facts’ mais nous en sommes servis pour nourrir les histoires.
L’histoire est racontée du point de vue d’Audrey et de Tommy : un tandem mixte qui permet de toucher une audience large. Audrey est le personnage le plus aspirationnel car ses parents ont un refuge animalier. Mais on ne peut pas s’empêcher de s’identifier à Tommy et à ses maladresses. C’est le parfait duo, ils sont complémentaires.
Le Refuge d'Audrey a obtenu le soutien de l’UNESCO pour le message d’éveil écologique qu’elle porte, une avant-première va d’ailleurs avoir lieu au siège parisien ce printemps…
Philippe Alessandri : L’UNESCO a également une mission un peu plus méconnue en matière de préservation de la biodiversité avec un focus sur les grands singes, qui sont justement des personnages récurrents de la série, d’où ce parrainage.
Une avant-première au siège de l’UNESCO est prévue au printemps, devant des élèves de primaire : 2 épisodes seront projetés et suivis d’un débat avec des experts de la préservation animale et de la biodiversité.
Ce dispositif devrait être répété dans les pays coproducteurs, notamment à Madrid, à Hambourg ou encore à Ottawa.
Qu’est-ce qui rend la série unique pour le marché international ? Et quelles sont vos ambitions au niveau des ventes ?
Marie Lassal : La série part d’un sujet assez classique, qui a toujours fait ses preuves, celui de la série d’animation pour enfants avec des animaux, mais en le traitant avec une grande modernité : on présente des animaux de façon relativement naturaliste, sans cacher la dimension sauvage de certaines espèces.
C’est à la fois un thème intemporel ("evergreen") mais traité avec modernité : une série sur la biodiversité n’aurait pas pu être produite de la même façon il y a 10 ans.
Plusieurs pays européens sont déjà intéressés, des discussions sont en cours au Portugal notamment. Nous souhaitons aussi trouver un partenaire Pan en Amérique latine, ainsi que des partenaires en Europe centrale, en Asie et en Afrique.