Simon est l’adaptation des livres de l’autrice et illustratrice franco-américaine Stephanie Blake, publiés par l’École des Loisirs. Ce petit personnage extrêmement attachant a déjà conquis le cœur des enfants du monde entier. Éric Garnet, producteur de la série chez GO-N Productions, nous raconte comment l’adaptation audiovisuelle a vu le jour et a rapidement rencontré un succès international. Monica Levy, co-directrice de la distribution chez Federation Studios, qui distribue désormais la série à l’international, nous parle également des nouveaux challenges à relever pour Simon.
Unifrance : Pourquoi avez-vous décidé d’adapter les livres de Stephanie Blake ?
Éric Garnet : En tant que producteur, on cherche soit des projets originaux, soit des adaptations de propriétés littéraires issues de l’édition jeunesse ou de la BD. On connaissait l’univers de Stephanie Blake depuis des années. Un jour, Anne De Galard, mon associée, lisait les livres à ses enfants et a trouvé ça top ! C’est drôle, c’est fin, c’est réaliste, c’est intelligent et en plus il y a un look très iconique et très différent de ce qui se faisait à ce moment-là.
Nous nous sommes tout de suite bien entendus avec Stephanie et avons noué une relation assez incroyable. C’est arrivé à un moment où elle avait déjà eu de nombreuses propositions et commençait à se dire que c’était peut-être le bon moment pour passer à une adaptation audiovisuelle. Quelque fois le timing est bon, et là ça a été parfait !
Simon est une création internationale dès le départ…
E.G. : Stephanie est américaine, elle est arrivée en France lorsqu’elle était adolescente. Elle a ce côté très américain, cette culture des grands auteurs de livres jeunesse (Roald Dahl…). Et de l’autre côté, elle est arrivée dans les années 80, en plein dans l’effervescence de la BD, très française, et elle est devenue très parisienne.
Stephanie utilise l’expression "best of both worlds", elle s’est nourrie de cette double culture et c’est sans doute pourquoi "Simon" a su toucher un public international très large.
S’est-elle inspirée de sa propre vie ?
E.G. : Stephanie a aussi été jeune maman et a pu observer ses enfants. Simon a certes une apparence de lapin, mais en réalité c’est un petit garçon. Il évolue dans univers du quotidien. Les Américains parlent de séries "slice of life", comme c’est le cas pour "Peppa Pig" ou "Bluey". Simon est totalement ancré dans un quotidien assez réaliste, avec l’intervention des parents, des grands-parents, de son petit frère, de ses amis…
Stephanie Blake a co-écrit l’adaptation télévisuelle. A-t-elle souhaité participer au projet dès le départ ?
E.G. : Quand les auteurs ont envie de participer, on est ravis et c'est d'ailleurs devenu notre marque de fabrique chez GO-N. Notamment quand nous avons travaillé avec Zep sur "Titeuf", avec Julien Neel sur "Lou!" ou encore avec Bannister et Grimaldi sur "Tib et Tatoum".
Les auteurs vivent leur œuvre, ils apportent toujours quelque chose en plus, ce qui se ressent ensuite à l’écran.
Avec Stephanie, il y a eu une très bonne émulsion entre nous, mais aussi avec le réalisateur, Julien Cayot, qui réalise la série depuis le début. Ils inventent énormément de choses ensemble. Il y avait une vingtaine de livres et on en est à la 5e saison. 52 épisodes de 5 minutes à chaque fois, ça demande beaucoup d’inventivité.
En quoi "Simon" se distingue d’autres séries préscolaires ? Quel message la série porte-t-elle auprès des enfants du monde entier ?
E.G. : Ce qui touche les enfants c’est que Simon leur ressemble. Ils retrouvent chez Simon quelque chose de familier, dans son quotidien, dans ses premières fois. C’est un petit garçon qui grandit, qui se retrouve face au monde des adultes, au monde qui l’entoure. Aller à l’école ou chez le dentiste pour la première fois… ce n’est pas toujours facile, mais il faut quand même y aller. Il va surmonter ses peurs. Dans leur quotidien, beaucoup d’enfants retrouvent le côté "il faut y aller" et s’aperçoivent que ce n’est pas si terrible. Surmonter des défis du quotidien, de bonne grâce et de manière rigolote, c’est vraiment ce qui caractérise Simon. Il arrive toujours à sortir d’une situation avec une pirouette.
Les parents, en regardant Simon ou en lisant les livres voient eux aussi des choses qui leur rappellent leurs enfants. Ce sont des situations vécues. On a fait des ateliers d’écriture avec Stephanie, le réalisateur, les producteurs, les scénaristes, et on a tous incorporé des histoires qui nous sont arrivées. Stephanie a une petite fratrie de 5 enfants et n’est jamais à court d’idées.
La saison 4 et la saison 5 (actuellement en production), se distinguent totalement des trois premières, avec une plongée dans l’imaginaire des enfants…
E.G. : Après 3 saisons sur un mode réaliste, on s’est demandé avec l’équipe de France Télévisions quelle nouvelle expérience on pouvait offrir à notre public. Pour la saison 4, puis 5 actuellement, on a effectivement décidé de basculer dans le monde de l'imaginaire et de montrer ce qui se passe dans celui des enfants quand ils inventent des jeux et jouent à être des super-héros. C’était une idée du réalisateur mais il se trouve que Stephanie avait déjà envisagé cela dans ses livres il y a une dizaine d’années ! Elle a retrouvé des dessins où elle avait créé la base de SuperLapin et tout un univers de super héros avec Simon. Connexion !
Cette saison 4 propose également un code graphique très coloré et une mise en scène très rythmée. Ella eu énormément de succès à l’international.
Simon a été vendu dans plus de 150 territoires dans le monde, comment avez-vous convaincu les acheteurs ?
E.G. : On avait fait à l’époque une grosse préparation marketing et presse pour le lancement de la saison 1 aux Screenings du MIPJunior et ça avait très bien marché. On était arrivés dans le top des visionnages, et les acheteurs ont pris le risque.
Bien leur en a pris car il y a eu un succès d’audience presque partout où la série a été diffusée. Quand le programme a été repéré par les enfants, il a été vu et revu. Ce qui a rendu les ventes des saisons suivantes plus aisées.
Quelles nouvelles opportunités offre le travail avec Federation Studios pour la distribution internationale ?
E.G. : En rejoignant le groupe Federation, avec Monica Levy et toute son équipe, on compte aller encore plus loin. Et ça commence plutôt bien puisque l’un des seuls territoires sur lequel Simon n’avait pas encore été vendu sur une chaine linéaire était l’Allemagne. C’est désormais chose faite depuis la fin d’année avec la vente à ZDF pour KIKA.
Monica Levy: Simon est comme un cadeau du ciel. On récupère un programme qui a déjà un énorme succès et que les acheteurs adorent. Ils le renouvellent de manière presque automatique. C’est un plaisir car on retrouve les clients avec qui on travaille déjà sur d’autres programmes, et on y ajoute un nouveau succès. Simon s’inscrit dans cette même veine de programmes de qualité pour enfants que nous offrons aux chaînes jeunesse, et en même temps la série est très différente de tout ce qu’on proposait jusqu’ici chez Federation Studios. Nous avons beaucoup de live action, et une série pre-school. Cette collaboration nous ouvre aussi des portes vers d’autres genres. Nous adorons aussi la série, son atmosphère et le sentiment qu’inspire Simon. D’ailleurs, quand les vendeurs parlent de Simon aux chaînes, cet amour pour le programme se ressent. Ce n’est vraiment que du bonheur de distribuer Simon. Et on attend avec impatience les saisons 5 et 6.
E.G. : Pour le moment, on travaille sur la saison 5, mais on espère qu’il y en aura d’autres ! Federation a une équipe dédiée et très efficace. Federation a également une expérience de la jeunesse et un réseau d’acheteurs très développé, ce qui doit permettre de créer de nouvelles opportunités pour Simon.
Il y a encore pas mal de pays où la série n’a pas été diffusée en linéaire et/ou sur des plateformes.
M.L. : Un de nos challenges pour Simon est la vente aux Etats-Unis. C’est un marché qui est plus difficile à percer, et ça vaut pour tout le monde. On fait le maximum pour créer le plus d’opportunités possibles sur ce territoire. Peut-être que ce ne sera pas sur Cartoon Network ou sur Disney, mais on pourrait très bien l’exploiter sur des services SVOD et AVOD. C’est un challenge mais la série marche tellement bien dans le reste du monde qu’on est certains que ça va marcher aux Etats-Unis aussi. Avec les programmes pour enfants, quand on a bien vendu, on sait qu’on va revendre par la suite. Avec la fiction, c’est tout l’inverse. Les chances de revente baissent année après année. Les enfants en redemandent et les chaînes rachètent ce qui fonctionne bien. On est donc très confiants pour l’avenir.
Les retours sur la série sont donc très positifs dans le monde entier…
M.L. : Les retours sont aussi très sympathiques sur la collaboration entre GO-N et Federation ! Les acheteurs nous disent qu’ils adorent GO-N et sont très heureux de nous voir travailler ensemble.
E.G. : C’était un très bon "matc"h, il y a même une acheteuse de la zone Asie-Pacifique qui, lorsque je lui ai annoncé que ce serait désormais les équipes de Federation qui assureraient les ventes, nous a dit qu’elle était ravie de voir deux de ses sociétés préférées réunies.
M.L. : Parfois on fait aussi des réunions de vente ensemble, c’est génial.
Simon est devenu une IP très forte, qui existe désormais aussi en dehors de l’écran de télévision.
E.G. : Oui effectivement, le succès d’audience en télé s’est aussi doublé d’un succès digital. GO-N a accompagné la diffusion de la série par la création d’une dizaine de chaînes digitales, qui ont généré plus de 3 milliards de vues et fidélisé plus de 7, 5 millions d’abonnés.
Cette multi-exposition, après le succès littéraire (+5,5 millions de livres vendus) et le succès d’audience en TV, a permis à Simon de devenir une véritable IP internationale qui fait jeu égal avec des IP anglosaxonnes.
Et c’est sur cette notoriété et popularité de l’IP que nous pouvons envisager l’étape suivante : l’exploitation Licensing & Merchandising. C’est un marché très compétitif mais Simon est une propriété toute jeune par rapport à ses concurrents. Nous avons déjà mis en place un premier réseau d’agents (France, Espagne, Italie, Chine, Corée…) qui commencent à générer des premières licences (peluches, figurines, liseuse Tonie Box, …).
En parallèle, nous organisons des partenariats pour la promotion de la propriété et nous devrions lancer en fin d’année un premier spectacle musical en France, avant l’Espagne, l’Italie et le Portugal.
Cela suppose une liaison très étroite avec l’équipe des ventes internationales car nous devons sélectionner dans chaque pays les meilleurs partenaires pour l’IP entre des opérateurs de plus en plus nombreux (chaînes linéaires, opérateurs SVOD, streamers…) et négocier la possibilité d’exposer la série le plus largement possible, avec des fenêtres de programmation et d’exclusivité flexibles. Ce qui nécessite une vraie expertise et une capacité de gérer et négocier pays par pays.
Et là aussi nous sommes en de bonnes mains.