La directrice générale d'Unifrance rend hommage à la productrice Margaret Menegoz, qui dirigea Les Films du Losange de 1975 à 2021 et présida Unifrance de 2003 à 2009, et qui s'est éteinte à l'âge de 83 ans.
Margaret Menegoz a été élue Présidente d’Unifrance en 2003. Proche de Daniel Toscan du Plantier et l’international chevillé au corps, elle s’était sentie prête, après la disparition soudaine de Daniel, à consacrer du temps à l’association, orpheline de son Président influent et hors normes. Elle a imprimé à Unifrance sa marque bien à elle, en inventant de nouvelles voies, en mettant toujours l’accent sur la liberté de création, son indépendance, ainsi que le respect de l’œuvre et de l’artiste avant tout. Elle est restée à la tête de l’association jusqu’en 2009, jumelant sa vie de productrice avec celle de Présidente et veillant au rayonnement de l’ensemble du cinéma français dans le monde.
Internationale, elle l’était de par ses origines, grâce à sa maîtrise de plusieurs langues et à sa manière de regarder le monde. Et puis au travers des artistes qui l’ont choisie pour travailler avec eux au sein de la jeune société Les Films du Losange, Éric Rohmer et Barbet Schroeder. Mais aussi dans sa manière de financer les films : coproductions et préventes, Margaret concevait l’international comme un élément crucial dans la vie d’un film – et évidemment pas uniquement d’un point de vue financier – mais aussi comme un ressort à part entière de l’identité artistique de l’œuvre.
Après avoir établi au sein des Films du Losange une distribution France solide dirigée par une femme, Régine Vial, dont le savoir-faire et l’ingéniosité sont mondialement reconnus, Margaret Menegoz a voulu doter sa société d’un bras international, en intégrant un service de ventes, dont la direction a été, là aussi, confiée à une femme. Ce fut d’ailleurs mon premier poste dans les ventes, Margaret m’a donné la chance de grandir à ses côtés, au sein de cette belle famille du Losange, pendant presque 10 ans.
Les succès des Films du Losange sont nombreux : des films qui ont marché en France, d’autres à l’international, et beaucoup partout. Margaret Menegoz connaissait le box-office de tous ses films produits par cœur. Elle connaissait les distributeurs à l’étranger, leurs succès, leurs échecs. De grandes amitiés se sont nouées avec ces derniers, dans le monde entier, et ce dans le plus grand respect du travail de l’autre. Elle savait que coproduire pouvait apporter un autre regard, une richesse, une ouverture supplémentaire au monde. Elle a investi l’axe franco-allemand comme personne, œuvrant sans relâche pour la coproduction et le rapprochement entre les deux pays. Margaret savait mieux que quiconque la force de l’imaginaire commun pour construire et affermir les liens, notamment en Europe. Lion d’Or, Palme d’Or, César et Oscars sont autant de récompenses qu’elle a rapportées à cette belle société des Films du Losange, grâce à son talent et sa pugnacité hors du commun, avec ses convictions et ses valeurs.
Margaret ne travaillait pas pour l’international, elle l’était. Ses productions parleront d’elle, de sa manière de penser et d’aimer le monde. Elle a été un exemple pour de nombreuses jeunes femmes. J’étais l’une d’entre elles ; Margaret m’a tout appris dans ce monde du cinéma qui ne connaît pas de frontières et nous invite à penser hors limites.
Merci Margaret, vous allez terriblement nous manquer.
Daniela Elstner