Le documentaire Enquête sur les trésors enfouis de Notre-Dame invite le spectateur à suivre une enquête passionnante, à partir de découvertes archéologiques inédites en plein cœur de Notre-Dame. Réalisé par Florence Tran et produit par ZED, en partenariat avec l’Inrap, le CNRS Images , pour ARTE et PBS NOVA, le film est distribué à l’international par ZED et a d’ores et déjà conquis le public français après sa diffusion sur ARTE. Charlotte Tachet, directrice de la distribution et des acquisitions chez ZED, nous détaille sa genèse ainsi que son angle unique.
Unifrance : Le documentaire est diffusé sur ARTE à l’occasion de la réouverture au public de la cathédrale, et dévoile un pan méconnu de son histoire. Comment le projet a-t-il vu le jour ?
Charlotte Tachet : Ce film est la concrétisation d’un travail de longue haleine mis en place par ZED dès 2019 auprès des institutions, des scientifiques et des archéologues en charge du projet de reconstruction de Notre-Dame.
Grâce à notre travail sur la série "Notre-Dame de Paris : le chantier du siècle" (3x52’), il y a déjà 5 ans, nous avons pu suivre toutes les étapes de préparation des travaux de reconstruction. Cela nous a permis de nous repérer dans le chantier, parmi les différents corps de métier, et de nous tenir au plus près de ce défi de préparation et de reconstruction monumental, nécessitant des savoir-faire et des matériaux aujourd’hui devenus rares. La série suit cette aventure au contact des archéologues et des scientifiques, pour comprendre la cathédrale et son histoire, afin de la reconstruire.
À la fin du tournage de cette série ambitieuse, et alors que le chantier de restauration entrait dans sa dernière phase, les archéologues de l’Inrap ont mené des fouilles préventives avant la mise en place d’un échafaudage de 700 tonnes, à la croisée du transept. C’est ainsi qu’ils ont découvert deux cercueils en plomb, ainsi que plus d’un millier de blocs polychromes sculptés qui sont les restes du jubé médiéval, cette clôture qui séparait autrefois le chœur de la nef et que tous pensaient perdu à jamais. Une découverte archéologique exceptionnelle !
Grâce aux accès permis par la réalisation de notre série, nos caméras se trouvaient au bon endroit au bon moment de l’ouverture des cercueils, aux côtés des chercheurs. Les équipes de ZED ont ainsi filmé ces moments précieux, mais également travaillé main dans la main avec les archéologues, qui ont tiré profit du matériel technique de tournage que nous leur avons mis à disposition pour explorer sous la dalle notamment. C’est une belle collaboration audiovisuelle et scientifique qui s’est mise en place dès l’ouverture du chantier en 2019. Par ailleurs, notre partenaire, l’Inrap, voulait pouvoir enquêter sereinement, et a rapidement mis en place un embargo sur ces nouvelles découvertes, tout en nous accordant un accès privilégié sur le long terme auprès des chercheurs. ARTE a très vite émis le souhait de nous accompagner dans ce nouveau film entièrement dédié à cette enquête.
Comme les fouilles, le documentaire a dû être réalisé en un temps très restreint. Comment cela s’est-il passé ?
CT : C’était une course contre la montre, si l’on peut dire. Les scientifiques menaient une enquête digne d’un polar, avec de nombreux revirements inattendus, et de notre côté nous menions une production complexe et ambitieuse, qui devait être livrée pour une diffusion en décembre. Nous avons beaucoup investi en termes de jours de tournage et de montage. ARTE avait initialement commandé un 52’ mais, en septembre, il a été annoncé que l’un des corps retrouvés dans les sarcophages pourrait être celui du poète Joachim Du Bellay ! Cet événement a nécessité de revoir le montage, et ARTE a finalement souhaité y consacrer un 80’. Nous avons donc produit une nouvelle version en moins de deux mois ! C’est donc un film plein de rebondissements, qui montre au grand public les ressorts d’une enquête archéologique, au plus près des chercheurs et de leur travail.
Pour PBS NOVA/GBH, nous avons également produit une version sur mesure de 52’, dont l’écriture est plus adaptée aux codes de l’international, et qui est la version distribuée en dehors des pays francophones.
Quels sont les retours après la première diffusion sur ARTE le 30 novembre ?
CT : Le documentaire a réalisé d’excellentes audiences : plus du double de la moyenne de la case, et la meilleure audience de l’année jusque-là pour cette case Aventure humaine ! ARTE a profité de cette diffusion pour reprogrammer notre série documentaire de 3x52’, "Notre-Dame de Paris : le chantier du siècle", juste après le prime-time. Dans le contexte de la réouverture au public de la cathédrale qui renaît de ses cendres, l’intérêt international pour le sujet est à nouveau très fort. Le public américain pourra découvrir le film lors de sa diffusion sur NOVA, le 18 décembre prochain.
En quoi Enquête sur les trésors enfouis de Notre-Dame se distingue-t-il des autres productions sur Notre-Dame ?
CT : Le film dépasse l’histoire de la reconstruction de la cathédrale et du terrible incendie qui en a ravagé la structure : il adopte un point de vue inédit sur ce chantier, qui a finalement permis aux scientifiques de faire des découvertes rares, et aux spectateurs de plonger dans les secrets d’un chantier archéologique d’un monument emblématique au cœur de la capitale. Pour nous, cela montre à quel point le sous-sol de la cathédrale est tout aussi important que ses murs. Sous nos pieds se dévoile également toute son histoire.
Un événement contemporain inattendu, des découvertes soudain ressurgies du passé, et une science en mouvement : ces ingrédients deviennent le déclencheur d’une grande plongée dans l’histoire, avec un arc narratif et des enjeux forts, qui nous emmènent jusqu’aux États-Unis ! Ces éléments et ce parallèle entre hier et aujourd’hui rendent le film accessible à un large public et laissent entrevoir que Notre-Dame n’a pas encore révélé tous ses secrets…
Notre-Dame fascine dans le monde entier. Quel positionnement avez-vous adopté pour porter le documentaire auprès des diffuseurs à l’international ?
CT : Cette découverte inattendue a rapidement séduit un très grand nombre de diffuseurs. Par-delà l’accès au chantier archéologique en lui-même que propose le film, c’est encore et surtout une épopée qui tient le téléspectateur en haleine de bout en bout. Nos partenaires américains de PBS NOVA/GBH se sont rapidement intéressés à cette enquête. Le film a bénéficié de l’expérience de Christine Le Goff, productrice d’envergure internationale, et du savoir-faire de la réalisatrice Florence Tran, qui a déjà travaillé sur de grandes productions internationales.
Les accès inédits que nous avons obtenus, notre présence au moment de la découverte et le suivi de l’enquête au jour le jour, ont également été des atouts indéniables pour présenter ce film sur le marché. Enfin, ce documentaire se positionne un peu en "outsider", de manière très complémentaire à toutes les autres productions que nous pouvons voir sur Notre-Dame. Notre sujet est inédit, ce qui nous a permis d’aller convaincre des diffuseurs qui avaient déjà engagé des projets sur Notre-Dame.
Vous avez conçu une version différente du film pour PBS et pour l’international, qu’est-ce qui la distingue de la version française ?
CT : Les formats attendus par les chaînes françaises sont différents de ceux du marché international, et notamment de partenaires comme NOVA. Nous avons travaillé avec eux tout au long de la production, prenant en compte leurs demandes éditoriales spécifiques : la version internationale s’est ainsi construite en parallèle de la version française.
À quel stade d’avancement du projet PBS vous a-t-il rejoints en tant que partenaire ? Qu’en est-il des autres partenaires ?
CT : PBS NOVA/GBH a rejoint le projet très tôt. Les équipes commerciales de la distribution chez ZED ont mené un important travail de recherche de financements internationaux en amont. Les autres partenaires – Mediaset, Foxtel, TV5 Québec-Canada, Planète+, Česka Televize et RTBF – sont arrivés progressivement. Le communiqué de l’Inrap paru à la rentrée au sujet de la potentielle découverte de Joachim du Bellay a également déclenché beaucoup de nouveaux intérêts, avec un gros engouement dans les médias.
Nous avons conclu beaucoup de préventes et nous entamons maintenant la phase de commercialisation. Ce film peut être amené à devenir une vraie référence sur Notre-Dame.