Basée sur des faits réels qui se sont passés en 2015 à Genève, entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Iran, The Deal explore les coulisses des négociations internationales sur le nucléaire iranien, dans un huit clos sous haute tension.
Lauréate de la mention spéciale pour son scénario à Séries Mania dans la catégorie Compétition Internationale, ainsi que du Buyers Choice Award, la série franco-suisse, créée par Jean-Stéphane Bron et Alice Winocour, est produite par Bande à Part Films, Les Films Pelléas et Gaumont, et distribuée à l’international par Gaumont.
Dans cet entretien, le producteur Philippe Martin (Les Films Pelléas), le scénariste et réalisateur Jean-Stéphane Bron, ainsi que la directrice des ventes internationales catalogue Cécilia Rossignol (Gaumont), reviennent sur la création et la singularité de ce projet à dimension internationale, ainsi que sur son fort potentiel auprès des publics et diffuseurs étrangers.
Unifrance : The Deal est une série franco-suisse, avec des coproducteurs luxembourgeois, suisses et belges. Pouvez-vous nous expliquer comment ce projet à dimension internationale est né ?
Philippe Martin : La télévision suisse est à l’origine du projet et a pris en charge son développement avec Bande à Part Films. Jean-Stéphane, dont je produis les films depuis une vingtaine d’années, m’a parlé de ce projet très tôt, et bien que nous n’ayons pas encore produit de série, c’était une évidence de l’accompagner dans ce projet très ambitieux. Arte et Gaumont nous ont ensuite rejoints autour de cette envie commune de raconter un événement majeur de l’histoire des relations internationales. Mais le coût élevé de la série nous a obligé à trouver d’autre partenaires, et c’est grâce à deux coproductions internationales que nous avons réussi à boucler le budget : Bidibul Productions au Luxembourg et Versus production en Belgique, deux partenaires aussi sûrs que fidèles avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler plusieurs fois.
Comment avez-vous réussi à rester fidèle aux faits historiques, tout en transformant l’histoire en une fiction, et en la présentant comme un véritable thriller diplomatique ?
Jean-Stéphane Bron, scénariste, réalisateur : La série explore les coulisses de négociations qui se sont réellement déroulées à Genève en 2015, entre – principalement – l’Europe, les Etats-Unis et l’Iran, ce dernier soupçonné de développer en secret l’arme atomique. De manière très documentée, nous souhaitions montrer le face-à-face humain d’une négociation internationale.
Avec Alice Winocour et Eugène Riousse, nous avions aussi en tête une série d'action très inspirée par le réel, avec piratage informatique, tentative d'élimination d'un ingénieur nucléaire iranien, échange de prisonniers. Des éléments narratifs puisés directement dans nos recherches documentaires. Mais le thriller s’incarne aussi à un autre niveau, plus intime. Notre héroïne est une diplomate suisse qui est chargée de la facilitation de ces négociations… Un travail de l’ombre… Le retour d’un amour, un ingénieur iranien menacé, au cœur même des négociations, va lui compliquer dangereusement la tâche. Ce conflit majeur, entre sa mission et son désir de sauver cet ancien amant, est l’autre moteur de la série. Bien entendu, cette dimension romanesque est complètement inventée.
La série dévoile les ambitions et les problématiques personnelles des personnages, ce qui les rend, au-delà de leurs hautes responsabilités diplomatiques, très crédibles et humains. Pourquoi était-il selon vous essentiel d’apporter cet équilibre entre enjeux politiques et dimensions intimes ?
Jean-Stéphane Bron : Par nature, seule une infime partie de négociations de si haut niveau se déroulent dans l’espace public, face aux photographes, aux caméras, à la presse, où chaque mot est pesé, chaque déclaration mûrement réfléchie. Or il y a un moment où les portes se referment. C’est exactement là où The Deal commence. Derrière les portes closes d’une négociation de cette ampleur s’expriment une violence verbale, des ruses, des stratégies, des pressions. Il y a aussi un moment où les masques doivent tomber pour que le dialogue reste possible. C’est dans ce lieu d’abandon, de mise à nu, que nous avons pris la liberté d’inventer un conflit intime pour chacun de nos personnages.
Lauréate de la mention spéciale pour son scénario à Séries Mania dans la catégorie Compétition Internationale, ainsi que du Buyers Choice Award, la série possède un potentiel international évident. Quels sont les points forts de la série pour séduire à la fois les diffuseurs et les publics étrangers ?
Cécilia Rossignol, Directrice des ventes internationales catalogue chez Gaumont : The Deal a des atouts incontestables pour plaire aux publics étrangers. Tout d’abord, elle est intrinsèquement internationale par son sujet et par la manière dont elle donne à voir l’envers du décor de négociations diplomatiques impliquant plusieurs puissances étrangères majeures. Pour cette même raison, l’anglais est la langue principale de la série, ce qui contribue à la faire voyager et à la rendre attrayante à l’international. Pour finir, la qualité de la réalisation de Jean-Stéphane et la précision de sa mise en scène font de The Deal une série premium, à la fois exigeante et d’entertainment, capable de captiver le public étranger au-delà des territoires directement concernés par l’histoire qu’elle raconte.
La résonance de la série avec l’actualité politique et les relations internationales d’aujourd’hui est très forte, ce qui la rend d’autant plus actuelle et amplifie sa dimension internationale. Pensez-vous que cela puisse attirer de nouveaux publics étrangers, désireux de comprendre le monde dans lequel nous vivons ?
Cécilia Rossignol : En effet, The Deal raconte des événements qui ont réellement eu lieu, et avaient été relayés par la presse du monde entier à l’époque. Or ces enjeux internationaux font totalement écho aux problématiques auxquelles est confrontée notre époque contemporaine. Sur cette toile de fond, les auteurs ont imaginé des intrigues s’appuyant sur les trajectoires intimes des protagonistes pour faire de The Deal un thriller diplomatique, dans lequel s’entrecroisent l’exercice du pouvoir et ces histoires personnelles. La tension et le suspense ne faiblissent jamais et tiennent le téléspectateur en haleine jusqu’au bout. Ainsi, à travers le regard porté par la série sur les coulisses de négociations internationales dont dépend le fragile équilibre mondial, la série est la promesse d’une fiction à la fois divertissante et de grande qualité.
Photo ©Bande à Part Films – Les Films Pelleas – Gaumont Television