Synopsis
Clément fait partie d'un groupe politique secret et se trouve amené un jour à participer à un meurtre avec Serge, le chef, qui a sur lui une emprise totale. Anne, la femme de Clément, souffre du caractère violent et des jalousies de son mari. Sur l'ordre de Serge qui leur apprend qu'ils ont été dénoncés, Clément et sa femme doivent fuir. Ils se réfugient chez un ami d'enfance de Clément, Paul, artisan d'art qui vit dans un vieux moulin, au bord de la Seine... C'est là que Clément apprend par la radio que la victime du meurtre est indemne. Un mannequin avait été déposé à sa place. Serge a trahi la cause et bafoué son ami. Clément, furieux, jure de rejoindre Serge et de se venger. Il quitte le moulin, laissant Anne désamparée. Paul lui-même doit faire un voyage à Rome pour ses affaires. Il apprend là qu'Anne a vécu dans cette ville, qu'elle y fut une comédienne médiocre que Clément arracha à une vie de scandales. Curieux, Paul remonte la filière de cette destinée et quand il revient au moulin, il est fasciné par Anne aux multiples visages. Clément est au Brésil, il retrouve Serge et le tue...
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (10)
Production et distribution (2)
- Production déléguée : NEF - Nouvelles Éditions de Films
- Exportation / Vente internationale : Gaumont
Générique détaillé (13)
- Scénaristes : Jean-Paul Rappeneau, Alain Cavalier
- Auteur de la musique : Serge Nigg
- Assistants à la réalisation : Philippe Collin, Nicolas Ribowski
- Monteur : Pierre Gillette
- Ingénieur du son : André Hervée
- Producteur : Louis Malle
- Directeur de production : Fred Surin
- Assistante monteuse : Monique André
- Scripte : Elisabeth Rappeneau
- Chef décorateur : Bernard Evein
- Mixage : Jean Nény
- Narration : Jean Topart
- Régisseur général : Alain Queffelean
Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Drame
- Langue de tournage : Français
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1961
- Sortie en France : 07/09/1962
- Durée : 1 h 42 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 25405
- Visa délivré le : 08/05/1962
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
Box-office & sorties
Box Office
Ce contenu est réservé aux personnes loggées.
Vous êtes adhérent ? Merci de vous connecter pour consulter les données restreintes.
Diffusion TV
Ce contenu est réservé aux personnes loggées.
Vous êtes adhérent ? Merci de vous connecter pour consulter les données restreintes.
Sorties à l'international
Pays | Distributeur | Acheteur | Date de sortie | Titre local |
---|
Désolé, aucun résultat ne correspond à votre recherche.
Actualités & distinctions
A propos
Point de vue
Le premier souvenir d’Alain Cavalier date de ses cinq ans : c’est l’émotion qui le saisit devant le visage d'une femme. Il ressent une aussi intense émotion quelques années plus tard, mais cette fois ci c’est le visage d'une actrice qui s’imprime sur un écran de cinéma. Il va voir derrière la toile, ne voit rien et découvre alors ce qu'est le cinéma. Il achète une caméra. Il filme le jardin, un petit peu, puis le visage de sa mère. Cette quête du visage, du mystère d’un visage, va être la grande recherche de son cinéma, ce vers quoi il va tendre tout au long de sa carrière. Mais le chemin sera long, complexe, depuis ses premiers pas de cinéaste à Irène, sorte d’aboutissement de son geste de cinéma. Dans l’intervalle il y aura des ruptures dans sa carrière, des étapes : Le Plein de super, Thérèse, La Rencontre, trois œuvres majeures qui dessinent les contours d’une œuvre en quatre grands mouvements.
Le Combat dans l’île ouvre la première période, celle où Cavalier essaye de faire avec le cinéma traditionnel. Il réalise ce premier film grâce au soutien de Louis Malle - dont il a été l'assistant sur Ascenseur pour l'échafaud et Les Amants - qui non seulement le produit mais met également à la disposition du jeune cinéaste son propre appartement pour les préparatifs. Jean-Paul Rappeneau vient lui prêter main forte en écrivant les dialogues (l'une des faiblesses du film, car parfois trop théoriques et descriptifs) et la présence de Louis Malle permet d'assurer la collaboration de Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant, ce dernier se révélant magistral dans son rôle de jeune fasciste obsédé et fasciné par la violence.
En passant derrière la caméra, Cavalier espère retrouver cette émotion qui l'avait subjugué lors de sa rencontre avec le cinéma. Mais dès le premier jour de tournage, quelque chose ne va pas. Son actrice, Romy Schneider, est certes magnifique et son interprétation d'Anne va relancer sa carrière en la sortant définitivement de l'image bien encombrante de Sissi, mais pour Cavalier il y a ce maquillage qui fait écran. Il lui dit qu'il préfèrerait la filmer sans, que ce n'est pas cela qu'il veut, mais elle n’entend rien : c'est sa beauté, son image, ce n'est pas du ressort du cinéaste. Cavalier a compris qu’ils ne feront pas le même film. Ce sentiment va courir sur toutes ses premières réalisations, jusqu'au Plein de super qui est le premier pas vers sa liberté d’auteur. Cavalier doit donc faire avec des contraintes qui déjà l’étouffent. S'il décide de jouer le jeu, Le Combat dans l’île montre en filigrane la forte volonté du cinéaste qui détourne ce qui n’aurait pu n'être qu’une œuvre de commande pour transformer une intrigue de thriller en film politique très critique.
Lorsque Alain Cavalier réalise ce film, on se dirige vers la fin de la Guerre d'Algérie, au moment de la création de l’OAS (Organisation Armée Secrète). Jean-Louis Trintignant incarne ainsi ces mouvements de droite réactionnaires qui marquent cette période et Henri Serre l’opposition de gauche progressiste. Les noms des partis ne sont pas cités, mais le discours est d'une totale limpidité. Cavalier offre une vision presque documentaire de l'activisme d'extrême droite, avec les entraînements, la préparation et l'exécution d'un attentat, les méandres des groupuscules armés. Le sujet est courageux (d'autant qu'au moment du tournage, rien n'est encore joué), étonnant dans le paysage d'un cinéma français qui n'a guère l'habitude de parler à chaud de sujets politiques. On pense aux fictions politiques du cinéma italien, la présence de Trintignant, que l'on vient de découvrir, inquiétant, dans Le Conformiste de Bertolucci renforçant encore cette impression.
En décrivant par le menu les pensées et le parcours d'un homme fasciné par les théories fascistes et ultra nationalistes, Cavalier met en garde une jeunesse à la dérive qui voit dans les actions d'extrême droite une forme de romantisme. S'il est le premier cinéaste français à affronter de front ces questions - et celle du terrorisme - il le fait à travers la forme d'un thriller plus psychologique que politique. Clément est ainsi décrit comme étant encore un adolescent, impulsif, possessif, jaloux et Serge lui offre un cadre dans lequel il trouve ces repères qui lui manquaient. C'est un véritable rite de passage à l'âge adulte qu'il entreprend en préparant l'assassinat du député : préparation ascétique, achat d'une paire de gants noirs... gants que Clément utilisera pour provoquer Paul en duel. Cavalier s'intéresse à la portée symbolique des objets, comme les gants noirs et le Lüger utilisés par Clément qui font forcément écho au régime nazi dans l'imaginaire du spectateur, les fascismes de l'après-guerre ne pouvant que s'y référer comme figure tutélaire de leurs théories paranoïaques et liberticides.
Ces thèmes politiques cèdent par la suite la place à une histoire plus classique, Anne se réfugiant dans les bras du doux Paul et Clément réapparaissant bientôt pour la reprendre, oubliant ses fixations politiques et risquant la survie de son groupe (qui de douze membres passe rapidement à trois individus... il y a aussi un certain humour dans le film) pour provoquer son meilleur ami en duel. Cette demande de réparation est dans l'imaginaire de Clément une façon de se rattacher à la défunte noblesse, à l’aristocratie, mais c'est surtout un geste suicidaire qui seul peut lui apporter la paix alors qu'il a perdu l'amour d'Anne.
Au sein de ce récit plus balisé, Cavalier signe de très belles choses. Il parvient déjà à faire exister les personnages, à les faire vivre au delà du rôle qu'ils sont sommés de tenir dans la mécanique du récit. On découvre en Anne une femme blessée, qui a dû abandonner son amour du théâtre à cause de Clément, et en Paul un homme qui ne parvient pas à guérir complètement de la disparition de sa femme. Cavalier décrit deux destins brisés qui, en se confrontant à leur démon - Clément - vont se rapprocher et se sauver mutuellement. Surtout, le film continue à être politique, le combat entre Paul et Clément dépassant la question d'Anne en incarnant une certaine déchirure qui existe en France depuis l'occupation : ceux qui sont fascinés par l'idée de la nation, de la pureté, de l'ordre et de la discipline, et ceux qui défendent des valeurs humanistes et démocratiques. Les allusions à la Seconde Guerre mondiale disséminées dans le film (Paul et Clément se souvenant d'avoir chanté « Maréchal nous voilà », Clément se rendant en Amérique du Sud...) poussent à la lecture politique du duel entre les deux anciens amis, Paul qui prend finalement les armes malgré ses idéaux pacifistes, rappelant ces hommes et ces femmes pétris d'humanisme mais s'engageant dans la résistance et la lutte armée.
Mais, plus intéressant encore que la portée politique du film ou le récit intimiste qui la porte, c'est la façon dont Cavalier impose, dans le cadre de ce qui reste une œuvre destinée au grand public, une mise en scène parfois presque expérimentale, très proche de l'intériorité des personnages. Le Combat dans l'île est tout en tension, en nervosité, Cavalier faisant siens les codes du film de genre tout en parvenant à imposer un style très particulier, très éloigné des dogmes de La Nouvelle Vague qui ont alors cours. Il y a ainsi une étonnante sécheresse dans le film, un aspect presque austère qui tient à des enchaînements des séquences arbitraires, à une utilisation d'une voix off très clinique ou encore à l'absence d'ambiances sonores. Une absence certainement due aux moyens techniques dont dispose le cinéaste au moment du tournage mais qui vient renforcer cet aspect abstrait, presque irréel du film, aspect qui se heurte à une approche quasi documentaire qui prévaut sur d'autres parties du film. Dans un même temps, Cavalier parvient à glisser des passages très doux, captant la lumière d'automne sur le visage de Romy Schneider ou filmant en gros plans les ballets de mains amoureuses, montrant déjà par là ce très fort intérêt pour ces petits détails intimes qui disent l'intériorité des personnes et qu'il ne cessera tout au long de sa carrière de poursuivre.
A mi-chemin entre le modèle américain (la belle photographie de Pierre Lhomme s'inscrit clairement dans le courant du Film noir) et l'austérité d'un Alain Resnais période Marienbad, Le Combat dans l'île déroule ainsi implacablement son intrigue de thriller politique tout en parvenant à faire exister ses personnages et leurs histoires intimes. Pour son premier film, Cavalier surprend par la précision et l'inventivité d'une mise en scène qui trouve à chaque fois le ton juste, que ce soit lorsqu'il s'agit de filmer de façon documentaire l'embrigadement et l'entraînement des recrues fascistes, de gérer le suspense d'une séquence de filature ou d'un attentat ou encore de filmer le désespoir, la mélancolie ou l'amour de son trio de personnages.
Malgré la présence de Romy Schneider, le film est un échec commercial et le cinéaste subit les foudres de la censure. Ce qui n'empêchera pas Alain Cavalier pour son film suivant, L'Insoumis, de prendre de nouveau pour toile de fond la Guerre d'Algérie. C'est d'ailleurs parce qu'il est impressionné par ce Combat dans l'île qu'Alain Delon soutiendra cette autre œuvre courageuse en acceptant d'y tenir le rôle principal.
Source : dvdclassik.com