Synopsis
L'abbaye de Saint-Jean-la-Rivière est une institution charitable pour les vieux comédiens sans ressources ; une menace de fermeture plane cependant sur la maison de retraite où vient d'arriver le beau Saint-Clair. Acteur autrefois adulé, briseur de coeurs, il retrouve parmi ses anciens camarades Marny, comédien de talent, dont il a jadis séduit la femme, et Cabrissade, cabot raté, vieux gavroche, éternelle doublure, qui sympathise avec une troupe de scouts campant dans les environs et pousse à la révolte les pensionnaires de l'abbaye. Pour revivre ses conquetes passées, Saint-Clair entreprend de séduire Jeannette, la petite bonne du café, et l'amène insensiblement au suicide. C'est Marny qui sauve le jeune fille. Saint-Clair devient fou et Cabrissade qui avait tout fait pour jouer le role de Flambeau, dans une représentation de "l'Aiglon", donnée au profit de l'abbaye, meurt en scène, incapable de dire un vers. Gilles Marny qui fut sa tete de turc, prononce sur la tombe son éloge et, à travers lui, exalte la grande famille des comédiens.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (45)
Générique détaillé (12)
- Producteurs délégués : Arys Nissotti, Pierre O'Connell
- Scénaristes : Charles Spaak, Julien Duvivier
- Dialoguiste : Charles Spaak
- Directeurs de la photo : Armand Thirard, Robert Juillard, Christian Matras
- Assistants à la réalisation : Pierre Duvivier, Robert Vernay
- Monteuse : Marthe Poncin
- Ingénieurs du son : Antoine Archimbaud, Tony Leenhardt
- Cadre : Ernest Bourreaud
- Directeur de production : Robert Vernay
- Scripte : Madeleine Lefèvre
- Décors : Jacques Krauss
- Photographe de plateau : Robert Joffres
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Drame
- Thèmes : Vieillesse
- Langue de tournage : Français
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1939
- Sortie en France : 22/03/1939
- Durée : 1 h 48 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 618
- Visa délivré le : 31/07/1940
- Agrément : Oui
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Format son : Mono
- Interdiction : Aucune
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Actualités & distinctions
Sélections (1)
A propos
La Fin du jour de Julien Duvivier fait partie de ces oeuvres sur la fin du monde, la fin des temps. Des films ou finalement seule la présence de personnalités disparues suffirait presque à raviver chez le spectateur ce fameux cri exprimé par Godard dans ces histoire(s) du cinéma: «Oh temps».
Mais La Fin du jour est aussi une oeuvre ou les rancoeurs, haines ou regrets des personnages tourbillonnent pour ne former au bout du compte qu'une sorte d'élégie crépusculaire. Incroyablement estimé dans les années 1930 (il découvre Gabin dans La Bandera et signe: Pépé le Moko, La Belle Equipe ou Carnet de bal) Julien Duvivier (1896-1967) sombrera dans le mépris le plus total après guerre et se transformera d'auteur respecté en technicien tout juste acceptable. La jeune génération de critiques d'alors, méconnaissant de manière systématique son univers personnel... Même si de nombreuses oeuvres après guerre ne font que remarquablement souligner la même vision d'un monde désenchanté et amer : Panique, un chef-d'oeuvre de 1946, Anna Karénine [1948], Voici le temps des assassins [1957], pour ne citer que ces quelques titres. Comme beaucoup de production de l'époque, La Fin du jour regroupe une distribution exceptionnelle (Victor Francen, Michel Simon, Madeleine Ozeray, Louis Jouvet) et un groupe impressionnant de seconds rôles admirablement employés: Gabrielle Dorziat, Arquilliére, Sylvie, Granval, Boverio... L'époque était aux monstres sacrés: Henry Baur, Raimu, Fernandel, Charles Vanel, Charles Boyer etc. Période ou Duvivier se sentait forcément à son aise. Pour être bref, il les dirigera tous.
Dès son générique (à la beauté poignante) le spectateur entre immédiatement dans l'univers diégétique du film. Une grille s'ouvre pour laisser apparaître la silhouette fragile d'un vieillard tremblant sur une canne en bois. Mais Duvivier préfère nous imposer non pas l'homme en particulier mais son ombre portée comme pour universaliser son propos. La photo de Christian Matras s'accorde parfaitement à la mise en scène stylisée de Duvivier qui, soucieux du moindre cadre, du moindre plan, compose dès le début de son film une valse de fantômes. Valse de fantômes qu'il avait déjà tournée dans la version sonore de Poil de carotte [1932] ou le petit Robert Lynen effrayé par les ombres de la nuit matérialise une véritable ronde de spectres. D'ailleurs, Duvivier tournera la même année que La Fin du jour, La Charrette fantôme [1939] (Remake assez médiocre d'ailleurs du chef-d'oeuvre de Victor Sjöström).
Cette maîtrise cinématographique, déjà présente dans le meilleur Maigret porté à l'écran: La Tête d'un homme [1933], trouve ici son aboutissement le plus complet, le plus parfait. A l'image de cette séquence de rêve collectif. La nuit, les vieillards s'endorment. Et dans une abbaye recouverte d'encre noire les vieux comédiens oubliés revoient en rêve leurs succès de jadis. La caméra se fait fluide et serpente le long d'un couloir en s'arrêtant quelques secondes à chaque porte de résidents. Chaque arrêt est relayé par la bande son qui fait entendre les applaudissements émanant du fin fond de leur mémoire. La scène stoppe sur la porte de Gilles Marny (Victor Francen) qui n'entend lui, que le même son depuis de nombreuses années. Le rire sardonique de l'homme qui a brisé sa vie, l'abjecte et pathétique St Clair (Louis Jouvet).
Dès les premiers plans, le ton est donné et tout le film à venir deviendra, au fur et à mesure, une série d'intrigues passionnelles unissant de manière complexe tous les pensionnaires de cette maison de retraite; la plus lucide et la plus cruelle des réflexions sur le vieillissement et le mensonge. Car en effet, jamais jusqu'à cette époque (et même après d'ailleurs) un film n'avait réussi (osait même...) une étude de moeurs sur le monde du troisième âge. Duvivier et son formidable scénariste Charles Spaak ne se contentent pas de mettre à jour leur profond pessimisme face au genre humain mais contribuent grâce à leur écriture à faire exploser la mythologie du monde du spectacle. Et c'est aussi là que se trouve l'incroyable audace de La Fin du jour : Faire interpréter par les plus grands acteurs de l'époque: les plus ratés et les plus obscurs interprètes de second plan. Le cynisme effroyable de certaines scènes (Jouvet qui confond la femme de qui il hérite avec une jument, la rebrique nécrologique éronné), font de cette oeuvre "la plus mauvaise de son auteur", au yeux de certains historiens (Cf. : Claude Jean Phillipe). Les envolées cyniques de Duvivier ne peuvent être réprimandées car elles s'accompagnent toujours (presque seulement dans cette oeuvre, il faut le préciser) de sommet de lyrisme bouleversant.
L'hyperbole semblera paraître peu subtile pour certains, mais comment ne pas être terrassé par l'irruption sublime du "Temps des cerises" dans le salon de lecture. Ou l'utilisation de la partition de Chopin dans la liquidation judiciaire de la vieille abbaye. Rares sont les musiques classiques dans les films de cette époque, d'ailleurs... Et que penser de cette scène insensée où Cabrissade (Michel Simon, que dire...) éméché et joyeux hurle sur le directeur avant que ce dernier ivre de colère ne leur dévoile la terrible vérité sur le devenir de leur maison de retraite. Terrassé et abasourdi par la nouvelle de leurs dispersions au milieu d'une France humide, et que l'on sent macabre, il revient vers l'administrateur (qui regrette déjà son accès de colère) et prononce d'une voix tremblante comme un enfant se repentant: «Veuillez me pardonner, je ne savais pas, je ne savais pas...»
Si le tempérament paroxystique de Cabrissade ou St Clair peut apparaître monstrueux parfois, ce n'est pas seulement parce que Michel Simon ou Louis Jouvet sont des «monstres» mais aussi parce qu'ils reflètent le travail fondateur du dramaturge Italien Luigi Pirandello. Dramaturge qui créa toujours des personnages évoluant dans la vie comme au milieu d'une scène de théâtre. Mais ici, l'âge et la vieillesse physique ne peuvent plus masquer la profonde vérité des êtres. Comme chez Mankiewicz la vérité, dissoute de ses apparences (forcement mensongère), fera la plus brutale des apparitions. Cabrissade n'est pas qu'une forte personnalité mais un vieillard qui va finalement mourir de chagrin dans l'abandon et l'échec le plus complet, St Clair n'est plus le jeune premier de ses débuts et s'envoit lui même les lettres de ses anciennes conquêtes pour se persuader qu'il est toujours capable de séduire, d'aimer peut être? De toute façon l'humanité dans les oeuvres de Duvivier à toujours été inhumaine et si tous les personnages se meurtrissent ce n'est en fait que par un même amour commun, un amour insensé: Celui du théâtre et du métier de comédien. La Fin du jour serait peut être pour Julien Duvivier une manière d'évoquer de manière lucide le métier qu'il exerça brièvement au début de sa carrière et pour lequel il se croyait être né: Le métier d'acteur...
Le sentiment qui gagne peu à peu le spectateur reste indicible mais pourtant sans cesse présent. Que l'oraison funèbre de Victoire Francen reste le plus beau monologue du cinéma Français d'avant guerre, que le premier mot entendu dans le film soit: « Une mort...» et que le FIN (du générique final) se surimpressionne sur un cercueil ne font que rappeler le contexte de l'époque. Le film fut tourné quelques mois avant le terrible 1er Septembre ou les troupes du IIIéme Reich rentrèrent de force en Pologne, plongeant ainsi le monde dans les ténèbres... Quelques mois seulement avant le grand cataclysme mondial que sera la deuxième guerre. Alors l'enterrement final de La Fin du jour (tout comme le massacre des lapins dans La Règle du jeu) annonce ce que les gouvernements ne voulurent ni voir, ni entendre: la fin des temps.
Peut être le plus beau film du monde...
© Sébastien Miguel
Source : cadrage.net