Parce qu'il a tenté de se suicider, la porte de l'asile se referme sur Paul. Un infirmier le guide, le dépouille entièrement de ses habits de ville, lui fait revêtir un pyjama, lui désigne un lit. Paul s'y couche. Les autres pensionnaires l'observent, le surveillent, le palpent: il y a le mystique de service et le violent, celui qui ne fait que répéter "comme d'habitude", et celui qui attend inlassablement la même réponse à la question qu'il pose inlassablement... Paul refuse de manger, de boire. Les infirmiers se contentent de le laver de temps à autre, par force. Un beau jour, les médecins, qui passent comme des ombres, transfèrent Paul en salle B. Les méthodes y sont plus brutales et les fous plus dangereux. Lorsqu'il revient, Paul s'est "intégré": il mange, il boit avec les autres; il dévore même les crêpes que lui apporte sa mère. Quitte à étouffer. Et Paul pleure. Il va vivre, végétatif et soudé aux murs de l'asile, comme s'il en faisait partie. Sans aucun espoir puisque, si on s'évade, on est repris; et si on sort guéri ou presque, on revient pour un nouveau séjour de quelque temps. Pour finalement rester dix ans comme le "Commandant", douze ans comme Hubert, quatorze ans comme Alfred, dix-sept ans comme Antoine. A manger, à dormir, à errer, à mourir. Lentement. A petit feu. Et seul!
Source : © Fiches du Cinéma