Synopsis
Philippe Tardieu vit avec sa mère et ses deux sœurs dans un pavillon de la banlieue nantaise. Philippe est cadre commercial dans une entreprise de bâtiment; Christine, pour arrondir les fins de mois, fait de la coiffure à domicile, Sophie, l'aînée, se marie. Quant à Patricia, la plus jeune sœur, elle tente comme elle peut d'échapper à elle ne sait trop quoi.
C'est au mariage de Sophie et Jacky que Philippe fait la connaissance de Senta, une des demoiselles d'honneur et cousine du marié. Dès lors, la passion enflamme ce jeune homme raisonnable, ce qui ne serait pas bien grave si Senta était une jeune femme comme les autres.
Mais Senta fait pénétrer Philippe dans un univers où tous ses repères disparaissent peu à peu. Senta ment-elle quand elle raconte qu'elle est "acteur", quand elle affirme que pour vivre pleinement, il faut avoir planté un arbre, écrit un poème, fait l'amour avec une personne du même sexe.
Enfin, ment-elle lorsque dans un sourire, elle suggère, qu'il faut aussi par amour, savoir tuer quelqu'un...
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (22)
Production et distribution (5)
- Productions déléguées : Canal Diffusion, Alicéleo
- Coproductions : STUDIOCANAL, France 2 Cinéma
- Productions étrangères : RTBF - Radio Télévision Belge de la Communauté Française, Wanda Films, Les Films du Fleuve, Integral Films
- Exportation / Vente internationale : STUDIOCANAL
- Distribution France : BAC Films
Générique détaillé (19)
- Producteurs délégués : Patrick Godeau, Antonio Passalia
- Scénaristes : Claude Chabrol, Pierre Leccia
- Directeur de la photo : Eduardo Serra
- Auteur de la musique : Matthieu Chabrol
- Assistants à la réalisation : Cécile Maistre, Julien Triger
- Monteuse : Monique Fardoulis
- Ingénieurs du son : Pierre Lenoir, Thierry Lebon
- Costumes : Mic Cheminal
- Auteur de l'œuvre originale : Ruth Rendell
- Productrice exécutive : Françoise Galfrè
- Coproducteur : Alfred Hürmer
- Assistant opérateur : David Grinberg
- Cadre : Michel Thiriet
- Directeur de production : Michel Jullien
- Attachée de presse (film) : Eva Simonet
- Assistant monteur : Stanislas Moreau
- Scripte : Aurore Chabrol
- Décors : Françoise Benoît-Fresco
- Mixage : Vincent Cosson
Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Thriller
- Langue de tournage : Français
- Origines : France, Allemagne, Italie
- EOF : Non précisé
- Nationalité : Majoritaire français (France, Allemagne, Italie)
- Année de production : 2004
- Sortie en France : 17/11/2004
- Durée : 1 h 46 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 107930
- Visa délivré le : 19/10/2004
- Agrément : Oui
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Couleur
- Cadre : 1.66
- Format son : Dolby DTS
Box-office & sorties
Box Office
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Diffusion TV
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Sorties à l'international
Pays | Distributeur | Acheteur | Date de sortie | Titre local |
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Actualités & distinctions
Actualités (6)
Sélections (10)
Délégations (3)
Mostra internationale de cinéma de Venise
Italie, 2004
Réalisateur : Claude Chabrol
Acteur : Laura Smet
A propos
Point de vue
Chabrol n'excelle jamais tant que dans l'adaptation de romans familiaux où les non dits entre parents, entre voisins, entre amants sont l'occasion d'échanges codés, à double entente ou à double détente puisqu'ils conduisent le plus souvent à la mort. Ici on échange une statue de pierre, un nom, une robe qui seront l'occasion de quiproquos, incestueux pour l'un et mortels pour les seconds.
Philippe, jeune homme en apparence calme et solide, hait le mouvement qui déplace les lignes. Il semble être resté étrangement près de sa mère. Il supporte mal que celle-ci offre à Gérard, son amoureux du moment, Flore, la statue de pierre qui lui ressemble. La trahison de Gérard avérée, Philippe retrouve la statue près du domicile d'une cliente et la vole. Dès lors, il la cache et ne s'en sépare plus. N'osant l'adorer tant que la ressemblance renvoie à la mère, il ne s'en sépare plus dès qu'il l'identifie à Senta.
La relation amoureuse entre la mère et le fils est parfaitement évidente et pourtant jamais dite. L'un et l'autre se trouvent beaux comme des dieux, beaux comme des astres, leur visage s'illumine dès qu'ils sont en présence l'un de l'autre. La mère demande au fils d'assumer le rôle du père auprès de sa sœur. Et le fils comprend tellement bien les femmes vieillissant seules.
Si Philippe plonge à ce point dans la cave avec Senta, refuse de voir l'évidence que le spectateur suspecte bien avant lui (voir l'excellent indice de l'aboiement du chien !) c'est, qu'après tout, il s'agit du même amour malheureux et impossible qu'avec sa mère. La statue dans le placard est finalement assez proche de Senta dans sa cave. Il tente désespérément de faire coïncider le visage de Senta à cette statue comme Senta tente de faire coller sa vie de mythomane à la vie réelle. Comme déjà dans La femme infidèle, il faudrait bien, effectivement, un meurtre pour rendre vie à ce couple en perdition.
La route de nuit, la plage de Pornic, le jardin des plantes de Nantes semblent les seuls lieux en accord avec ces deux personnages fantomatiques, éloignés dans leur absence au monde de ces petits bourgeois que Chabrol se plait à décrire en les caricaturant tous plus ou moins légèrement (les invités du mariage, beau-frère et beau-père en tête, Gérard Courtois).
Source : cineclubdecaen.com
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L’un des thèmes principaux de La Demoiselle d’honneur – la découverte, par un individu équilibré et ordinaire, d’un univers étrange et mystérieux – a été maintes fois exploré, aussi bien en littérature qu’au cinéma. Claude Chabrol avait toutes les raisons d’être séduit par le sujet du livre de Ruth Rendell ; dans plusieurs de ses films, le réalisateur a traqué, avec la précision qu’on lui connait, la part d’étrange et de perversité que peuvent masquer des apparences très lisses et ordinaires. Ici, c’est la relation amoureuse qui créé un passage entre deux mondes très différents ; celui, clair et plutôt ordonné, d’un jeune cadre prometteur, et celui, beaucoup plus obscur, d’une femme insondable et torturée. On peut songer à des films comme Blue Velvet – certes très différent à bien des égards – dans lequel un jeune homme innocent (Kyle MacLachlan) découvre le mal à travers sa relation avec une brune mystérieuse (Isabella Rossellini), et éprouve, comme le personnage joué par Magimel, un mélange de peur et d’attirance à l’égard de ce « nouveau monde ». Autre (et dernier) point commun : dans les deux films, c’est un élément bien précis qui déclenche l’exploration tortueuse d’un héros ordinaire ; une oreille coupée dans celui de Lynch, une statue représentant le visage d’une femme dans La Demoiselle d’honneur.
Cette statue a une importance fondamentale dans le film, et Chabrol le souligne très bien à travers sa mise en scène. A la base, il s’agit du cadeau d’un mari et d’un père disparu à la mère de Philippe ; or celle-ci, au début du film, décide de le donner à un compagnon plutôt douteux (Bernard Le Coq, parfait dans le rôle du bourgeois vulgaire, Chabrol lui avait d’ailleurs confié le même type de personnage un an plus tôt dans La Fleur du Mal, également avec Magimel). On sent la réticence de Philippe vis-à-vis de ce geste, tout comme son incapacité à exprimer celle-ci, probablement parce que l’objet évoque des choses profondément enfouies en lui.
La statue quitte donc son socle dans le jardin familial : le vide, le déséquilibre ainsi créé (Chabrol ne manque pas de tourner un plan significatif sur le socle sans la statue) représente le déclic de l’histoire ; le surgissement, dans un quotidien calme et ordonné, d’un premier vertige vers l’inconnu. Philippe, qui ira la récupérer, ne la remettra pas dans le jardin (comme il aurait pu le faire vues les circonstances), mais la cachera dans sa chambre, fasciné et attiré par elle. Pour des raisons troubles : simple choc esthétique, ou lien obscur avec un père absent, dont la statue symboliserait la part de bonté (puisqu’il s’agit d’un cadeau fait à son épouse) ? Une sorte de transmission, d’héritage (thème que Chabrol avait exploré, différemment, dans La Fleur du Mal, son précédent film), à laquelle Philippe s’accroche profondément, et qui expliquerait la compassion dont il va témoigner envers Senta ? Possible ; le film, volontairement, ne fait pas totalement la lumière sur ce phénomène. Mais c’est bien cette relation intime et plutôt curieuse avec un objet hautement symbolique qui pousse Philippe vers un autre monde, celui que va incarner, au premier regard, la demoiselle d’honneur interprétée par Laura Smet.
Claude Chabrol met remarquablement en scène le mécanisme progressif à travers lequel la « normalité » bascule dans l’étrange. Comme toujours, sa caméra évite tout effet facile, tout artifice, pour se concentrer sur le sens propre à chaque scène – la marque des grands réalisateurs. Et sur ces personnages : celui interprété par Magimel est d’ailleurs particulièrement intéressant, en ce sens qu’il entretient déjà, avant de rencontrer Senta, une relation étrange (avec la statue). Toujours raisonnable, tempéré et sage dans ses propos, parfaitement équilibré, gendre idéal à bien des égards et plein de compréhension et de compassion pour autrui, il révèle toutefois, à travers cette fascination singulière, une part moins connue et moins claire de lui-même, qui explique en partie son attirance pour la « folie » dont témoigne sa maitresse. Il s’écrie d’ailleurs, à un moment, cette fille est folle
, mais ce constat semble le ravir – tant que cette bizarrerie n’a pas de conséquences graves.
C’est aussi son humanisme et sa bonté qui le poussent vers elle, en ce sens qu’il pense pouvoir la comprendre et l’aider – on sent d’ailleurs clairement que sa compassion envers les femmes (sa mère mais aussi les clientes de son entreprise, y compris les plus difficiles, comme celle incarnée par Suzanne Flon) vient du fait que son père a abandonné la sienne – il se charge donc, inconsciemment, de réparer l’affront. Son rapport aux femmes, conditionné par sa vision de son propre père, est donc la base de sa relation avec Senta, tout comme ce que représente, à ses yeux, cette statue de femme, témoin de l’amour disparu entre ses parents, et témoin, comme mentionné précédemment, du geste généreux d’un père que Philippe qualifie, dans une scène, de « salaud ». Si le film s’intitule La Demoiselle d’honneur, c’est donc en réalité surtout le personnage de Philippe qui est au cœur de l’histoire ; Senta est importante avant tout de par les sentiments et les réactions qu’elle suscite chez lui, et ce sont ces réactions et ces sentiments dont Chabrol, avec sa finesse et sa retenue habituelles, filme les manifestations confuses au cours du film. Le dernier plan est d’ailleurs significatif ; l’origine profonde de l’expérience de Philippe est lié à un élément de sa propre histoire, de celle de sa famille (la fameuse statue).
L’interprétation et le physique des deux comédiens principaux contribuent largement à la réussite de La Demoiselle d’honneur ; Laura Smet, à travers ses expressions et sa diction, exprime parfaitement le déséquilibre et les fêlures de son personnage, tandis que Benoit Magimel, avec son apparence de jeune premier, compose tout en nuances ce jeune homme parfait et sa relation intime et complexe avec la bizarrerie – et la détresse aussi – propres à l’existence de Senta. Parfois mal employé, Magimel, sous la direction de réalisateurs comme André Téchiné (Les Voleurs) et Claude Chabrol (La Fleur du Mal et La Demoiselle d’Honneur), s’en sort plus qu’honorablement. Il est d’ailleurs très drôle, dans la scène où il fait croire à Senta qu’il a cédé à une promesse bien morbide…
On retrouve dans La Demoiselle d’honneur tout le plaisir que Chabrol prend à filmer la vie provinciale, à glisser des détails humoristiques, et à montrer l’horreur qui surgit dans un environnement tranquille et ordinaire, avec sa télévision (un élément souvent présent dans ses films), ses commerces, ses vieilles dames, ses rues et ses maisons… Ses plans de caméra d’une fausse simplicité recèlent des détails significatifs, qui soulignent le sens de l’histoire et font vivre le contexte dans laquelle elle se déroule.
Si on ne parlera pas de l’un de ses meilleurs films (il faut dire qu’il a mis la barre très haut, avec des chefs d’œuvre comme Le Boucher, Que la bête meure, La Cérémonie et d’autres encore), La Demoiselle d’honneur reste une œuvre bien plus qu’honnête dans la carrière de ce regretté metteur en scène, qui témoigne de sa science du cadre, de la direction d’acteurs, et de son goût pour les histoires plus complexes qu’il n’y paraît, où le passé et la psychologie des personnages influencent subtilement leurs comportements et le cours – souvent dramatiques – des événements.
Source : citizenpouple.com