Synopsis
Une jeune femme qui veut réussir dans la vie et dont le rayonnement séduit ceux qui l'entourent, s'éprend d'un écrivain prestigieux et pervers, et épouse un jeune milliardaire déséquilibré.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (28)
Production et distribution (5)
- Production déléguée : Alicéleo
- Coproductions : Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, France 2 Cinéma
- Production étrangère : Integral Films
- Exportation / Vente internationale : Goodfellas
- Distribution France : Wild Bunch Distribution
Générique détaillé (20)
- Producteur délégué : Patrick Godeau
- Scénaristes : Claude Chabrol, Cécile Maistre
- Directeur de la photo : Eduardo Serra
- Auteur de la musique : Matthieu Chabrol
- Assistante à la réalisation : Cécile Maistre
- Monteuse : Monique Fardoulis
- Ingénieur du son : Éric Devulder
- Costumes : Mic Cheminal
- Productrice exécutive : Françoise Galfrè
- Assistants son : Seppe Van Groeningen, Sophie Chiabaut
- Assistant opérateur : Florent Bazin
- Directeur de production : Julien Michel
- Attachée de presse (film) : Eva Simonet
- Assistant monteur : Stanislas Moreau
- Scripte : Aurore Chabrol
- Décors : Françoise Benoît-Fresco
- Bruitage : Julien Naudin
- Directrice de casting : Cécile Maistre
- Mixage : Vincent Cosson
- Photographes de plateau : Moune Jamet, Alain Guizard
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Comédie dramatique
- Langue de tournage : Français
- Origines : France, Allemagne
- EOF : Non précisé
- Nationalité : Majoritaire français (France, Allemagne)
- Année de production : 2006
- Sortie en France : 08/08/2007
- Durée : 1 h 55 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 115.546
- Visa délivré le : 28/06/2007
- Agrément : Oui
- Type de couleur(s) : Couleur
- Cadre : 1.85
- Format son : Dolby DTS
- Interdiction : Aucune
Box-office & sorties
Box Office
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Diffusion TV
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Sorties à l'international
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Actualités & distinctions
Actualités (7)
Sélections (19)
Délégations (2)
Mostra internationale de cinéma de Venise
Italie, 2007
Acteur : Ludivine Sagnier
Réalisateur : Claude Chabrol
A propos
Point de vue
La fille coupée en deux place, avec encore plus de force, Claude Chabrol parmi les grands cinéastes expressionnistes, forme qu'il travaille avec constance depuis maintenant plus de dix ans.
Chabrol ne se contente ainsi pas d'une critique du journalisme ou de la bourgeoise, qu'en bon vivant il égratigne seulement avec un humour féroce. Il met en place une véritable dialectique entre l'ombre et la lumière, la jeunesse et l'expérience pour montrer la vanité d'une expérience acquise par l'âge ou des initiateurs bourgeois et prône au contraire la sortie de l'opposition stérile par le spectacle, sorte de troisième terme, fragile et magique, de la dialectique.
Claude Chabrol prouve enfin combien il est toujours à l'affût d'idées de mise en scène comme le démontre la comparaison avec La fille sur la balançoire (Richard Fleischer, 1956) dont il décalque l'histoire et les séquences avec gourmandise pour leur donner une toute autre signification.
Ombre et lumière, enfer et paradis, masques et visages.
En grand dialecticien expressionniste de l'opposition du bien et du mal, Chabrol prévient dès le générique qu'il chargera la barque : le filtre rouge et l'air de Turandot préviennent qu'il ne faut pas se fier à cette campagne paisible et que l'on va glisser vers la tragédie. Il opposera ensuite constamment la blondeur et souvent la blancheur de Gabrielle Deneige aux désirs plus sombres des quinquagénaires qui l'entourent souvent habillés de noir. La symbolique de prénom, renvoyant à l'archange et que Chabrol souligne encore par l'achat de l'angelot à Lisbonne, et du nom renvoyant à la pureté ne mettent pourtant pas à l'abri Gabrielle Deneige que l'obscurité menace toujours. Gabrielle croit atteindre au paradis dans la garçonnière de Charles mais celui-ci changera les serrures. La seule élévation qu'elle connaîtra avec lui sera celle de la montée dans l'escalier obscurci conduisant aux chambres où elle devra s'offrir à tous selon le désir de son amant.
Expressionniste ainsi l'utilisation des décors s'imposant comme des surprises et prenant par là une dimension symbolique. Comme chez Fritz Lang, le décor est une métaphore. Ainsi de la pluie qui tombe après la première dispute avec Charles ; ainsi de la découverte de la maison splendide avec baie vitrée donnant sur la piscine juste après que Capucine l'aie affublé du titre de seigneur provincial ; ainsi de l'immense baignoire dans laquelle Charles barbote alors qu'il va apprendre par la radio le mariage prochain de Gabrielle ; ainsi de la voiture de sport rouge, symbole de l'accident mortel toujours possible depuis Le mépris de Godard.
Expressionniste enfin le jeu des acteurs. L'interprétation déjantée de Magimel toujours obscurci par l'alcool ou désespérément enfantin et vide (il appelle sa mère lorsque Gabrielle se donne à lui), les trognes bourgeoises du club privé, le masque hideux de haine et d'hypocrisie rentrées de Geneviève Gaudens. L'avocat sait se mettre à son niveau d'hypocrisie mais ce n'est qu'un masque professionnel : il frissonne de dégoût en sortant de chez elle.
La magie mieux que l'expérience.
Dans la dialectique qu'il propose entre l'innocence et la méchanceté, Chabrol ne se contente pas de prendre parti pour le premier contre le second. L'attaque contre la bourgeoise provinciale et la télévision est une constante réaffirmée ici avec vigueur. Les coucheries et l'égocentrisme de la télévision ("le bocal à couilles ", les chefs de service maniant, de front, offre de promotion et tentative de séduction) y sont dénoncé comme dans Masques (1986). Les journalistes y sont constamment perfides : "Elle ne s'est pas faite toute seule" dira l'un à la radio alors que le présentateur délaissé grille Gabrielle après le procès en salissant son nom des turpitudes de son amant.
L'expérience sert-elle à quelque chose ? Sans doute pas davantage que l'innocence. "Tu m'apprendras" avait-elle demandé à Charles. "Il faut grandir un peu" lui avait dit Geneviève Gaudens. "Ce ne sera jamais que ta vérité" l'avait prévenu Capucine. L'opposition entre bien et mal ne peut se résoudre que par la salle de spectacle lieu décentré et magique.
Rarement le message d'un film n'aura été aussi clair : le titre et la séquence finale avouent volontiers le noyau créateur du désir de Chabrol de faire ce film. Il s'était d'ailleurs exprimé là-dessus alors que le film était encore en préparation, insistant sur le rôle symbolique de la séquence avec le magicien. Et le film est tendu par ce constat triste à pleurer que la réalité coupe les individus en deux, sépare leur rêve de la réalité et, leur désir d'absolu du quotidien. L'expérience d'où qu'elle vienne ne sert pas à grand chose et seule la salle de spectacle, parce qu'elle assume et se joue du goût du faux, peut redonner l'illusion d'une unité triomphante et heureuse.Dans une interwiev pour le site Fan de cinéma, Chabrol dit ainsi : "L'idée, c'est que la magie est un trucage qui s'ajoute à ceux de la télévision ou du monde de l'édition… Le salut dans un univers truqué ne peut venir que d'un trucage supplémentaire. Le titre, qui renvoie lui-même à la magie, pourrait être allégorique, alors qu'il n'en est rien."
Chabrol donne donc ici une très grande importance symbolique à l'oncle magicien qui représente le troisième élément de la dialectique pour sortir de l'opposition entre le bien et le mal. Il est le représentant de cette possibilité salvatrice de l'art. Ce personnage protecteur est l'une des principales différences avec La fille sur la balançoire (1956) de Richard Fleischer, beau mélodrame en scope et en couleur, reposant beaucoup sur la beauté de Joan Collins, dont le film décalque très fidèlement l'histoire pour lui donner un tout autre sens.
Le remake comme source de mise en scène
Dans celui-ci, pareillement, une jeune femme tombe amoureuse d'un homme riche et célèbre beaucoup plus vieux qu'elle. Leur différence d'âge fait renoncer à l'amour l'amant le plus âgé. La jeune femme tombe malade. Un très riche soupirant en profite pour épouser la belle abandonnée mais ne supporte pas qu'elle en ait connu un autre avant lui. Le jeune tue le vieux ce qui conduit la jeune femme à une déchéance certaine : rejetée par la famille du mari, elle se produit dans un cabaret sur la balançoire rouge, célèbre dans la garçonnière de son amant. La jeune fille anéantie se balance au-dessus de spectateurs concupiscents essayant de la toucher au passage.
Claude Chabrol transpose l'histoire des milieux de l'architecture et du cabaret à ceux du roman et de la télévision pour une critique sociale plus violente. Le travail sur la transposition de la névrose de Thaw-Paul Gaudens se réduit certes à une modernisation pour s'adapter au spectateur de son époque. Le scandale n'est plus que Evelyn ne soit plus vierge mais que Gabrielle se soit livrée à une partouze. Chez Fleischer aussi l'hypocrisie est dénoncée mais elle reste abstraite : White, l'architecte se dresse contre le mauvais goût des Gould, ses clients nouveaux riches, mais on ne voit aucun des monuments qu'il a construit et la description du monde du cabaret est édulcorée. Chabrol ose avec Charles un personnage plus ambigu et moins sympathique. Il fait l'effort d'une lecture contemporaine ce que ne faisait pas Fleischer continuant, en 1956, de situer son histoire en 1906, s'appuyant, si l'on en croit le carton d'introduction sur une vérité historique... bien improbable.
Chabrol transpose non seulement l'histoire et la période mais il reprend aussi les mêmes séquences. Il fait jouer le même rôle aux deux mères, celle compréhensive d'Evelyn-Gabrielle et celle névrosée de Thaw-Paul Gaudens et reprend l'épisode violent de la table réservée ou le changement de numéro de téléphone transformé en changement de la serrure. Chabrol va même jusqu'à transposer l'épisode de la visite au cabinet du dentiste juste avant le mariage par l'essayage de la robe de mariée. Les dialogues (quitte ta femme et je renonce au mariage) y sont presque identiques mais au lieu des plans sur les dents blanches d'Evelyn, c'est un plan sur les robes blanches de mariées qui termine la séquence.
L'idée d'une fille coupée en deux est aussi présente chez Fleischer puisque citée comme le numéro que fait une obscure danseuse qui remplacera Evelyn pour le peu reluisant numéro de vol-au-vent (fille dans la timbale) consistant à sortir d'un gâteau pour une fête entre "gentlemen éméchés". L'idée d'un protecteur est également présente avec le personnage du dessinateur mais celui-ci quitte le procès, dégoûté, et laisse Gabrielle sous la coupe du forain
On voit toutefois le traitement tout à fait particulier qu'en fait Chabrol. Il fait jouer un rôle plus grand à l'oncle de Gabrielle, magicien capable de convoquer la guérison de Gabrielle en parlant de La belle au bois dormant et sortant une rose des cheveux de sa sœur qui semble dans la rupture de plan, propulser Paul et Gabrielle à Lisbonne.
Les scènes du film originel sont ainsi toujours transformées par Chabrol dans le sens d'un traitement expressionniste.
Le travail sur la couleur chez Fleischer est moins original que chez un Minnelli et moins fort que chez Chabrol qui joue des oppositions du noir (costume des quinquagénaires ou de Capucine) et du blanc (imper et pull de la blonde Gabrielle au prénom angélique aussi transparent que le nom sans tache).
La garçonnière de White possède deux escaliers successifs dont le dernier conduit à la fameuse balançoire rouge. Chabrol travaille plus explicitement l'opposition paradis-enfer avec la pénombre du club privé et la montée obscure de l'escalier vers les chambres.
La représentation du paradis est très belle chez Fleischer : poussée sur la balançoire, Evelyn essaie de toucher une lune peinte. Le déséquilibre et le vertige amoureux qui saisit alors Evelyn, Chabrol le transpose dans le plan de la photo du tramway que Gabrielle contemple et qui est comme la promesse de voyages à deux. Le plan du tramway réel lorsqu'elle voyage avec Paul à Lisbonne dit avec force le souvenir toujours très présent de l'amour de sa vie. Le tramway de Lisbonne vient aussi scander le voyage de noce comme l'interrogatoire chez Fleischer.
Chabrol est un auteur modeste
Chabrol a la mise en scène modeste et il tient éloigné de lui mélodrame et naturalisme. Le démon de midi qui saisit Charles pourrait ressembler à celui du professeur de philosophie dans Noce blanche (Jean-Claude Brisseau, 1989). Gabrielle cite d'ailleurs Nietzsche "Tout ce qui ne me détruit pas me rend plus forte" lorsqu'elle essaie, toute en blanc, sa robe de mariée comme Vanessa Paradis se révélait experte de ce philosophe dans son exposé sur l'inconscient.
Si la bourgeoise et la télévision sont condamnés ce n'est qu'au nom de leur inculture manifeste (Ils ne lisent pas les livres, confondent Le père Goriot et le père Gregoriot, commentent Mozart avec désinvolture, n'avouent pas leur ignorance d'un auteur, osent se réclamer de l'humaniste). Et Chabrol peut donc tout naturellement s'identifier à Charles Saint-Denis : bourgeois, gastronome (même s'il ne sait pas faire une omelette) et auteur. Marie, la mère, libraire de Gabrielle jugeait ainsi Charles Saint-Denis "A le sens du récit et s'il recourt à des facilités, c'est incontestablement un auteur." C'est bien le moins que l'on puisse reconnaître à Chabrol, l'un des rares auteurs d'aujourd'hui à se poser constamment des problèmes de mise en scène.
© Jean-Luc Lacuve
Source : cineclubdecaen.com