Synopsis
Cinq hommes, dans un jeu qui tourne mal, abattent le marié à la sortie d'une cérémonie de mariage. C'est l'histoire d'une vengeance, lente, raffinée et surtout utilisant les visions différentes que portent les cinq hommes sur la femme idéale. Chacun mourra, non pas suivant sa faute, mais conformément à sa personnalité. Fergus (Charles Denner), l'artiste, mettra en scène et transformera sa propre mort en œuvre d'art.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (22)
Production et distribution (4)
- Productions déléguées : Les Films du Carrosse, Les Artistes Associés
- Production étrangère : Dino De Laurentiis Cinematografica
- Exportation / Vente internationale : mk2 films
- Distribution France : Les Artistes Associés
Générique détaillé (13)
- Producteurs délégués : François Truffaut, Marcel Berbert
- Adaptation : Jean-Louis Richard, François Truffaut
- Scénaristes : François Truffaut, Jean-Louis Richard
- Dialoguistes : Jean-Louis Richard, François Truffaut
- Directeur de la photo : Raoul Coutard
- Auteur de la musique : Bernard Hermann
- Monteuse : Claudine Bouché
- Ingénieur du son : René Levert
- Producteur étranger : Dino De Laurentiis
- Auteur de l'œuvre originale : William Irish
- Directeur de production : Georges Charlot
- Chef décorateur : Pierre Guffroy
- Orchestrateur de la musique : André Girard
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Policier, Drame
- Thèmes : Meurtre
- Langue de tournage : Français
- Origines : France (80.0%), Italie (20.0%)
- EOF : Oui
- Nationalité : Majoritaire français (France, Italie)
- Année de production : 1967
- Sortie en France : 17/04/1968
- Durée : 1 h 47 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 33254
- Visa délivré le : 05/01/1968
- Agrément : Oui
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Couleur
- Cadre : 1.66
- Format son : Mono
Box-office & sorties
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Sorties à l'international
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Actualités & distinctions
Actualités (1)
Sélections (3)
A propos
Analyse
La marié était en noir est un film inflexible, la trajectoire implacable d'une morte vivante qui n'a plus rien à attendre ni de la vie ni d'une rédemption dans l'au-delà. Julie Kohler n'a pu se tuer comme elle en a l'intention au début du film. Sa vengeance est une autre forme de suicide. Plus douloureux sans doute car elle mesure progressivement l'inhumanité de sa vengeance sans pourtant pouvoir s'arrêter. Le dernier plan, très long, finit par ne plus rien cadrer que les barreaux d'un couloir vide à l'image de son héroïne, vidée dorénavant de toute attente.
Film extrêmement froid dans son refus de toute empathie avec les personnages, c'est par contre une des plus brillantes mises en scène de Truffaut. Celle où la référence à Hitchcock est la plus explicite et revendiquée ne serait-ce que par la musique confiée à Bernard Hermann.
Une vengeance implacable
La vengeance est une malédiction qui pèse sur Julie, une folie qui s'est emparée de celle qui au nom d'un pur amour d'enfance se met en marche contre des célibataires minables qui n'ont jamais cherché le véritable amour et toujours en chasse de femmes : "Quand on en a vu une, on les à toutes vues" énonçait sans conviction Bliss, le cavaleur. "Quand même, on veut les voir toutes, c'est ça le problème lui répondait Corey".
Pour Julie, le temps s'est à jamais arrêté aux 10h20 de l'horloge de l'église et Truffaut répète trois fois la séquence du tir fatal comme en empathie avec Julie lorsqu'elle déclare : "Pour vous c'est une vieille histoire, pour moi elle recommence toutes les nuits."
Cette répétition de l'horreur, Truffaut la figure aussi par une répétition de zooms avant allant jusqu'au gros plan, extrêmement rares chez lui. C'est celui sur le visage de Bliss qui comprend qu'il va mourir. C'est celui sur le visage de la logeuse de Coral, surprise par l'arrivée de Julie. C'est celui sur le visage de Julie lorsqu'elle lâche la flèche sur Fergus et le rate (fatigue, sentiment possible pour le peintre, chance de celui-ci qui a cassé son fusain ?).
Tout aussi étrange le zoom arrière très rapide qui s'éloigne des enfants de l'école qui se précipitent vers Mlle Becker relâchée. Le zoom arrière s'oppose au mouvement des enfants qui vont vers leur maîtresse et lui témoignent ainsi leur amour. Il se poursuit par un gros plan de Julie au confessionnal qui, elle, ne peut bénéficier de cet amour. Tout juste pouvait-elle accompagner sa nièce en blanc au début du film comme une promesse de vengeance de l'innocence bafouée. Dans le confessionnal, elle est en noir et cherche manifestement la damnation en affirmant au prêtre que c'est lui qui vient de lui donner le courage de continuer à tuer.
De multiples effets de mise en scène
Dans la valise, Julie n'avait mis que des tenues en blanc ou en noir et jamais elle ne portera de couleur. Elle apparaît d'abord en blanc à Bliss puis en noir à Coral, en blanc à nouveau à Moranne, puis en noir à Delvaux et enfin en Blanc à Fergus qui la prendra pour modèle comme Diane Chasseresse. Durant les quelques jours où elle est emmenée à fréquenter ses victimes, ses tenues jouent aussi de l'opposition noir et blanc. Les gants ou l'écharpe pouvant apporter un contraste par rapport à la robe.
Des effets de mise en scène ponctuent la marche vers les exécutions. Ce sont les gros plans sur les cinq liasses de billets dissociées sur la valise puis sur le tourne-disque qui joue la musique de Vivaldi avant que Julie n'exécute ses trois premiers meurtres.
Après que Moranne ait pris en charge le flash-back qui raconte la mort tragique de David c'est au tour de Julie de raconter son amour d'enfance. Le tourne-disque était celui qu'elle écoutait avec David lorsque, enfants, ils jouaient déjà au mariage. Truffaut abandonne alors le gros plan sur cet accessoire au profit de la bague retirée du doigt du mari qui servira alors de leitmotiv aux meurtres suivants.
On notera aussi la très belle idée à la Lubitsch du geste de l'eau dans les fleurs qui, en se répétant chez Corey après que Julie l'ai produit devant lui chez Bliss, lui rappelle qui elle est.
© Jean-Luc Lacuve le 20/09/2007
Source : cineclubdecaen.com