Synopsis
Henri Laurent a deux amours dans sa vie : sa femme Françoise et les voitures de course. L'harmonie est un jour troublée parce qu'Henri a rencontré la savoureuse Corinne. Françoise fait alors ses bagages pour aller dans un vieil immeuble, rue de l'Estrapade, où elle va essayer de s'organiser une nouvelle vie. Henri trouve la rue de l'Estrapade et convainc Françoise de reformer leur couple.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (27)
Production et distribution (4)
- Productions déléguées : Cinéphonic, Filmsonor Marceau
- Coproduction : Société Générale de Gestion Cinématographique (SGGC)
- Exportation / Vente internationale : Editions René Château
- Distribution France : Cinédis
Générique détaillé (11)
- Scénaristes : Jacques Becker, Annette Wademant
- Dialoguiste : Annette Wademant
- Directeur de la photo : Marcel Grignon
- Auteurs de la musique : Marguerite Monnot, Georges Van Parys
- Assistants à la réalisation : Jean-François Hauduroy, Michel Clément
- Monteuse : Marguerite Houllé-Renoir
- Ingénieur du son : Jacques Lebreton
- Producteur : François Chavane
- Directeurs de production : Robert Sussfeld, Irénée Leriche
- Scripte : Colette Crochot
- Chef décorateur : Jean D'Eaubonne
Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Comédie dramatique
- Langue de tournage : Français
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1953
- Sortie en France : 15/04/1953
- Durée : 1 h 25 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 13332
- Visa délivré le : 14/04/1953
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Cadre : 1.37
- Format son : Mono
Box-office & sorties
Diffusion TV
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Actualités & distinctions
A propos
En dépit de l'échec commercial de Casque d'or, en 1952 (...) Jacques Becker persiste à ne pas adopter les pratiques du cinéma dominant de la IVe République (adaptation des grandes oeuvres de la littérature, comédiens prestigieux, scénario composé sur une structure dramatique classique...). En 1953, toujours avec l'aide de sa jeune compagne Annette Wademant, Becker tourne rapidement une comédie légère sur le couple, Rue de l'Estrapade, qui, à l'instar d'Edouard et Caroline, s'intéresse surtout à relater le quotidien d'un jeune ménage en crise.
Cette liberté de construction dans le récit déconcerte à nouveau la grande majorité de la critique, davantage encore que pour Edouard et Caroline. Décidément, cette dernière ne comprend plus le cinéaste, à qui elle reproche de gâcher son talent en tournant des sujets trop "légers", indignes de son statut de "grand cinéaste français". Jean Fayard juge dans Comoedia que "Becker n'a jamais eu un très bon scénario. Quelquefois, il semble travailler sur le vague canevas d'une commedia dell'arte, comme on le faisait aux premiers temps du cinéma... C'est un sujet comme un autre. Sans doute. Mais il n'est vraiment pas très étoffé. La meilleure preuve est que l'auteur, pour arriver au temps réglementaire, est obligé d'enchâsser ici et là des épisodes parfaitement inutiles [...]" De même, dans Radio-Cinéma-Télévision, ancêtre de Télérama, Jean Novecourt regrette que Rue de l'Estrapade ne soit "en fait qu'un "digest" de l'oeuvre antérieure de Becker, quelque chose comme la suite des chutes de chacun de ses films, réunies par un lien artificiel [...]. C'est léger, fluide, charmant, inconsistant [...]." Dans Le Monde, c'est la même déception, exprimée pourtant par un ami de Becker, Olivier Merlin : "Le dernier film de Becker est un article de Paris d'excellente qualité, mais ça ne va pas plus loin [...]. Si minutieux est le talent de Becker, si consommé son art de bien choisir et de faire jouer juste ses acteurs, si aiguë son observation des moeurs parisiennes que le film n'est pas ennuyeux une seconde. J'ai même ri tout le temps. Aujourd'hui, je ne sais plus pourquoi, voilà tout. Cette Rue de l'Estrapade, au fond, c'est du boulevard !"
Mais le jugement le plus sévère reste probablement celui de Georges Sadoul dans Les Lettres françaises, caractéristique du fossé qui se creuse entre la volonté d’un cinéaste de renouveler son style cinématographique et une conception sociale du cinéma, chère au critique communiste : "Becker a fabriqué un film curieusement impersonnel et qui ressemble surtout à une comédie américaine de 1933. L’erreur de Rue de l'Estrapade est d’autant plus inquiétante qu’elle vient accentuer les erreurs passées. Après son dernier film, on se demande si l’on avait raison (comme je l’ai fait) de supposer que le réalisateur (reprenant avec d’autres moyens une conception ancienne de Renoir) entendait dresser dans son uvre un tableau social de la France contemporaine. Il avait fallu beaucoup de bonne volonté pour y insérer Edouard et Caroline puis Casque d’or. Mais il est impossible d’y faire rentrer Rue de l’Estrapade, que rien ne distingue d’un film commercial courant."
Il n’y a guère que Paris Presse ("c’est un chef-d’oeuvre de gentillesse, de discrétion, d’intelligence et d’observation") et Le Figaro littéraire ("film qui nous enchante avec tant de discrète perfection") qui trouvent le film à leur goût.
Reste la critique de Bazin dans L’Observateur, qui, seul, comprend l’enjeu réel du film : "Il me semble que toute l’oeuvre de Becker, et même ses films les plus manqués, s’éclairent rétrospectivement par Rue de l'Estrapade d’un jour qui l’explique et la justifie de manière assez nouvelle […]. Pour la première fois, Becker a osé y traiter son scénario pour ce qu’il est, c’est-à-dire rien […]. Mais c’est justement ce que je trouve d’aimable et peut-être d’admirable, en tout cas d’audacieux et d’original, dans la conception du dernier film de Becker. Il s’agit pour lui de nous faire croire à ses personnages, de nous les faire aimer, indépendamment des catégories dramatiques qui constituent l’infrastructure habituelle du cinéma comme du théâtre. Le film ne repose plus sur la force, la beauté ou la vérité d’une histoire, il capte l’attention, instant par instant, parce que les personnages nous plaisent, et nous amusent leurs rapports […]. C’est à coup sûr commettre le plus gros contresens sur le film que de lui faire grief de n’être point un documentaire sur l’autodrome de Montlhéry ou la montagne Sainte-Geneviève […]. Il me semble donc qu’apparaît ici un nouveau Becker, qui n’est peut-être que le vrai."
Mais le cinéaste n’est pas homme à se couper indéfiniment du public. Comme le note justement René Prédal : "Becker apparaît comme un auteur de films assumant les aléas du cinéma commercial : il ne va pas à contre-courant mais détourne le fil de l’eau à son profit." C’est pourquoi il va opérer, dans la dernière partie de son oeuvre, de 1954 à 1960, une synthèse qui allie le classicisme à la modernité : classicisme dans le choix des sujets traités et des acteurs prestigieux sollicités, dans la composition des cadrages, des éclairages ; modernité des personnages et des situations, découpage temporel proche de la réalité…
© Claude Naumann
Source : bifi.fr
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