Synopsis
Un journaliste commet lui-même des méfaits afin d'être le premier à les annoncer dans son journal.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (8)
Production et distribution (1)
- Production déléguée : Le Film d'Art (Vandal et Delac)
Générique détaillé (3)
Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Policier
- Langue de tournage : Muet
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1917
- Sortie en France : 13/04/1917
- Durée : 1 h 36 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Agrément :
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Cadre : 1.37
- Format son : Muet
Actualités & distinctions
A propos
En 1917, Abel Gance travaille pour les Films d'Art et Louis Nalpas, en charge de la production l'envoie dans le sud de la France pour faire deux films. Gance écrit les scénarios en vitesse dans le train. Barberousse ressemble à un sérial de Feuillade légèrement parodique. Malheureusement, la construction du film est assez fragile, probablement le reflet de la hâte avec laquelle le scénario a été écrit. Néanmoins, le film possède de nombreuses scènes intéressantes qui valent le coup d'oeil. Odette Trively (Maud Richard), la femme du journaliste est poursuivie par des buissons dans une forêt dans une séquence qui rappelle Macbeth. Certes la séquence s'étire beaucoup trop pour être réellement effective, mais, visuellement cela tient la route. On retrouve l'oeil de l'opérateur Léonce-Henry Burel dans de nombreux plans: Maud Richard se reposant à l'ombre des arbres avec le soleil qui filtre entre les branches ou Maud évanouie dans une barque avec les rayons du soleil qui se reflètent sur l'eau. Léon Mathot, un pilier du cinéma muet des années 10, est nettement moins bon que dans Travail (1919, H. Pouctal). Il surjoue son journaliste alors qu'Emile Keppens (présent dans de nombreux films Gaumont des années 10) est lui beaucoup plus sobre. On remarque quelques trouvailles techniques tels que les fermetures en rideau et une image divisée en trois montrant deux interlocuteurs au téléphone plus l'homme qui les espionne. Le film permet de voir Gance à ses débuts avant l'épanouissement dans son talent dans La Xème Symphonie.
Source : annhardingstreasures.blogspot.fr
A partir d’un scénario rocambolesque façon Fantômas, le jeune Abel Gance donne une preuve éclatante de son génie de la mise en scène. Son film est bourré de trouvailles visuelles qui mettent à l’amende Louis Feuillade. Citons comme exemples divers et variés le triple split-screen, le cigare qui tue ou encore les buissons qui bougent. Cette dernière séquence est particulièrement remarquable en ce sens que la présence du vent dans les feuilles vient se conjuguer à l’action dramatique proprement dite. Légèrement avant l’émergence des Suédois (reconnus comme les premier chantres de la Nature de l’histoire du cinéma), il y a ici un effet purement poétique qui donne à la scène un poids extraordinaire de réalité concrète.
Le travail du génial Léonce-Henry Burel à la lumière est également superbe. Il faut voir ce plan du cambriolage avorté avec l’assombrissement progressif du visage de la jeune fille suggérant que le bandit referme la fenêtre. La scène dans son entier est d’ailleurs magnifique. Les fonctions narrative et plastique du cinéma s’y conjuguent admirablement. D’abord, Gance filme Maud Richard avec une sensualité, une attention à son corps, au frémissement de sa gorge, peu commune dans le cinéma français de l’époque. Ce travail de mise en scène autour de l’actrice rend crédible la sublime bifurcation narrative qui voit Barbe rousse lâcher son poignard devant tant de beauté. Ainsi, la convention du feuilleton est dynamitée et transcendée par le talent du cinéaste.
Bref, s’il manque à certains endroits de concision et s’il n’est pas aussi éblouissant que La dixième symphonie qui viendra un peu plus tard, Barbe rousse (et non Barberousse comme il est parfois référencé) est déjà un film remarquable de virtuosité et d’inventivité poétique. Il faut également noter la double ironie finale qui montre que, en même temps que le cinéma, Abel Gance inventait le méta-cinéma. En 1917. Brian De Palma peut aller se rhabiller.
Source : films.nonutc.fr