Synopsis
Pendant que des gangsters se livrent à un hold-up dans une banque, le Commissaire Edouard Coleman effectue sa ronde dans le monde des truands. Il semble même trouver un havre de paix auprès de Simon, propriétaire de cabaret et monteur de certains "coups" de gros rapport. Il est sans doute également intégré à la vie sentimentale de Cathy, l'amie et la complice de Simon. Il est néanmoins amené à s'occuper d'une affaire de drogue dans laquelle est impliqué Simon, aidé par un complice, Louis. Un autre personnage, Paul, ancien sous-directeur de banque, complète le groupe et fera l'apprentissage de la déchéance jusqu'au suicide. Le Commissaire s'acquittera, malgré tout, de sa tâche qui le conduira à tuer Simon en présence de Cathy dont on ne saura pas lequel des deux elle aura le plus trahi.
Source : © Fiches du Cinéma
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (20)
Production et distribution (4)
- Production déléguée : Euro International Film (EIA)
- Production étrangère : Oceania Produzione Internazionale
- Exportation / Vente internationale : Tamasa Distribution
- Distribution France : Les Films Corona
Générique détaillé (16)
- Producteur délégué : Robert Dorfmann
- Directeur de la photo : Walter Wottitz
- Auteur de la musique : Michel Colombier
- Assistants à la réalisation : Marc Grunebaum, Jean-François Delon
- Monteuse : Patricia Neny
- Ingénieur du son : André Hervée
- Costumes : Colette Baudot
- Assistant opérateur : Valéry Ivanow
- Cadre : André Domage
- Directeur de production : Pierre Saint-Blancat
- Monteur son : Maurice Laumain
- Assistantse monteuses : Marie-Jo Audiard, Sophie Tatischeff
- Scripte : Florence Moncorgé-Gabin
- Chef décorateur : Théobald Meurisse
- Mixeur : Jean Nény
- Régisseur général : Phillip Kenny
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Policier
- Langue de tournage : Français
- Origines : France (70.0%), Italie (30.0%)
- EOF : Oui
Box-office & sorties
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Diffusion TV
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Actualités & distinctions
A propos
Autour du film
Après une première mondiale à Lyon pour l’inauguration des « 4 Pathé » le 24 octobre 1972, le film sort le lendemain sur Paris dans 15 salles (Gaumont-Colisée, Gaumont-Convention, Gaumont-Gambetta, Gaumont-Rive Gauche, Caravelle, Fauvette, Français, Victor Hugo ; 7 salles en périphérie), avec 106.102 entrées en 1ère semaine. Après 11 semaines d’exploitation, le film totalise 354.806 entrées sur Paris. Au total, le film totalise plus de 1,4 million de spectateurs sur toute la France, loin des 4,3 millions du Cercle rouge, mais pas trop du 1,9 million du Samouraï.
Dernier film de Jean-Pierre Melville. Il préparait son prochain film Contre-enquête avec Yves Montand. Après sa mort, Philippe Labro entreprit de reprendre le projet, puis finalement y renonça.
Source : Wikipedia
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Réception critique
« Un film de la main gauche » (Combat), « Gendarmes, voleurs et brouillard » (Le Figaro), « Triste servitude du métier » (Télérama). A lire les titres, rares sont les critiques à éprouver de la sympathie pour Un flic, le dernier film de Jean-Pierre Melville. Sévère, Le Canard enchaîné le range même dans la rubrique des « films qu’on peut ne pas voir ».
Le ton est donné. Dans L’Ecole libératrice, Claude Cobast préfère oublier « l’échec de ce Flic », la faute au metteur en scène qui « pris de vertige par ses propres mythes, sombre ici dans un narcissisme complaisant ». Les attaques se portent sur le scénario. « Les choses plutôt incohérentes que j’avais retenues du récit me restent inexpliquées » prévient Louis Chauvet dans Le Figaro. « Jean-Pierre Melville a jugé suffisant de mettre bout à bout des morceaux de bravoure pour faire un film qui subjuguerait le spectateur, au point de lui faire oublier d’insupportables longueurs, de flagrantes invraisemblances et des truquages indignes de lui » commente pour France Soir Robert Chazal qui poursuit : « Mais quand, comme ici, la machine s’alourdit, tout passe plus difficilement ». Amère, Jean de Baroncelli fustige une histoire « banale, et confuse ». « Cinéaste du comportement, Melville veut ignorer la psychologie. Mais il tombe ici dans un schématisme pur et simple » insiste le journaliste du Monde. « On attend une surprise. Pas de surprise » note dans Télérama Jean-Louis Tallenay qui « commence à se dire que, pour ne pas s’ennuyer dans la vie, il vaut mieux être employé de banque ou instituteur que bandit ou flic (…). Mais la leçon est aussi pénible à subir que le discours d’un père à son fils sur le danger des fréquentations ».
Avec Un filc, la direction d’acteur, jadis carte maîtresse de Jean-Pierre Melville, s’ébranle. « L’idée de confier à Alain Delon ce rôle, n’est compréhensible qu’au niveau du box-office » écrit Henri Chapier qui « s’étonne de voir pareil contre-emploi ». « Alain Delon en flic, toujours impassible et secret, a surtout l’air de s’embêter (…). Du moins préserve-t-il son image de marque, la réputation de son élégance, par le chic de sa tenue et celui de sa voiture » raille Etienne Fuzellier dans L’Education.
Le film parvient pourtant à contenter quelques admirateurs. Ainsi, Claude Garson salue dans L’Aurore, la « virtuosité » de la mise en scène et « la manière dont Melville dirige ses acteurs » attribuant une mention particulière à « Richard Crenna. Solide, impressionnant ». Pour Annie Coppermann des Echos « l’univers de Melville (…) est, une fois de plus, exacte au rendez vous. Rigoureux, presque muet, lourd de tout ce qui n’y est pas dit ». « J’étais témoin. De chaque geste. Et du temps mesuré, qui glissait avec lenteur, fuyait avec rapidité » confie Claude Mauriac qui reconnaît, dans L’Express, avoir eu « le souffle coupé ». Valeurs Actuelles se démarque des autres titres : « Son dernier film couronne cette veine américaine », note avec satisfaction Michel Marmin qui poursuit, « un cinéaste de gauche eût culpabilisé son personnage. Assez proche des héros de French Connection, de L’inspecteur Harry ou des Nouveaux centurions, le dernier film de Richard Fleischer, Coleman [Alain Delon] ignore la restriction mentale et jette toute sa personne dans l’aventure au risque de se brûler. La question pour lui est de savoir jusqu’où il peut aller trop loin ».
Dans L’Humanité, Edmond Gilles se montre perplexe : « On est plus que satisfait et on est aussi un désolé. Jean-Pierre Melville n’a encore refait qu’un très bon film » ; dans son œuvre « nous aurons tendance à trier entre le tout courant, de la meilleure qualité [dont Un Flic fait parti] et les ouvrages plus fondamentaux ». De même dans France Nouvelle, Albert Cervoni écrit : « Il s’agit (…) d’un bon film qui se replie sur une thématique dont Bob le flambeur et Le Doulos furent il y a déjà longtemps les meilleurs signes. Le sérieux, le talent de Jean-Pierre Melville justifient que nous aimions mieux le voir changer de sujet, de milieu ».
Source : cinematheque.fr
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Point de vue
Dernier film de Melville, Un flic est celui où il expose le plus nettement son scepticisme envers toutes les valeurs, la contagion généralisé du mal et la mort comme seul aboutissement certain de toute chose. C'est aussi le film où ce message est le plus théâtralisé au point d'en faire le film le plus baroque du metteur en scène.
La lutte dérisoire des flics et des gangsters.
Le film s'ouvre sur une voix off : "Ma tâche quotidienne commençait juste avant la nuit. Mais c'était beaucoup plus tard, quand la ville dormait qu'il m'était vraiment donné le pouvoir de l'accomplir. Mon nom est Edouard Coleman". S'allument alors les lampadaires des champs-elysées auxquels répondent ceux de Saint-Jean-de-Monts où, là aussi dans une voiture, attendent les quatre gangsters. Comme le début du Cercle rouge, une même attitude stoïque caractérise flics et gangsters.
Les enchaînements entre les séquences alternées narrant la patrouille de Coleman et le braquage des gangsters ne cesseront de renforcer cette identité. Les ouvertures de séquences sur une voiture ne permettent pas d'identifier immédiatement si l'on est avec la police ou les gangsters tant elles se ressemblent.
Même identité entre gardien de l'ordre et gangster pour Paul, ex sous-directeur d'une succursale de banque qui, victime d'une compression de personnel, est condamné à en braquer une. Identité enfin entre Edouard et Simon : l'un sait jouer du piano chez l'autre comme s'il était patron de boite et l'autre connaît tout des méthodes de la police. Leur rapprochement est manifesté aussi par leur professionnalisme, leur autorité vis à vis de leurs collègues et leur amour partagé pour une même femme, Cathy.
Face à des forces qu'ils ne maîtrisent pas
Les deux petites affaires pour lesquelles Coleman est appelé, le meurtre de la prostituée et le vol du Maillol chez le riche homosexuel rappellent chacun le peu efficacité qu'a la police pour changer le cours des choses.
Les deux plongées et contre-plongées successives sur le visage de la morte et celui de Coleman qui la regarde indiquent que l'enquête en restera là, n'ira pas plus loin que la mort, comme le confirment les multiples graffitis de la chambre, autant d'indices trop nombreux pour tirer l'échaveau du crime.
Le dialogue avec le riche homosexuel dit aussi l'impossibilité d'échapper à son destin : "Le détournement de mineur ne peut être retenu contre vous que si c'est un délit d'habitude : vous n'êtes condamné que si vous êtes récidiviste" déclare Coleman qui s'entend répondre "Nous le sommes tous".
Plus tard Coleman dira que seule la providence des policiers veille pour trouver qui est ce Schmitt. "Le métier rend sceptique" répond Morand "Et notamment sur le scepticisme",réplique Coleman qui ajoute : "Dans le fond, les deux seuls sentiments que l'homme aie jamais été capable d'inspirer à un policier sont l'ambiguïté et la dérision."
Dans le petit théâtre de la vie
La vie est ainsi ramenée à un théâtre artificiel où ne s'agitent que des jouets du destin. On serait ainsi tenté de croire que c'est sciemment que Melville montre un train et un hélicoptère miniatures dans un décor de carton pâte lors de l'interminable vol de la drogue.
La transparence au petit matin devant la boite de Simon est aussi particulièrement visible, tout comme celle du Louvre dans la salle qui abrite les impressionnistes (c'était avant Orsay !). La transition entre la toile peinte du cinéma et le tableau du musée est clairement revendiquée par le montage.
Tout est faux dans ce monde-ci. Seul les artistes et les condamnés le savent sans doute. Ainsi ce long échange de regard entre Simon et l'autoportrait de Van Gogh qui renvoie aussi au regard antérieur de Paul dans la glace.
Tout aussi impressionnants, le long plan de métro aérien aboutissant au fronton de la morgue et celui qui termine la séquence où Edouard est saisi en contre jour. La mort nous domine tous. Il n'est rien à espérer de ce monde ci.
© Jean-Luc Lacuve, le 21/11/2010.
Source : cineclubdecaen.com