Synopsis
Comment Chatelin, restaurateur réputé des Halles, est victime d'une savante machination ourdie par son ex-femme, une droguée, et la fille de celle-ci, Catherine cachant hypocrisie et férocité sous un visage d'ange. L'addition sera lourde : un jeune homme que protégeait Chatelin, froidement assassiné, et Catherine, dévorée par un chien, après avoir joué à fond son odieuse comédie.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (43)
Production et distribution (4)
- Production déléguée : CICC Films Borderie
- Coproduction : Les Films Georges Agiman
- Exportation / Vente internationale : Pathé Films
- Distributions France : Pathé Consortium Cinéma, Pathé Films
Générique détaillé (15)
- Adaptation : Julien Duvivier, Charles Dorat, Pierre-Aristide Bréal
- Scénaristes : Maurice Bessy, Julien Duvivier, Charles Dorat
- Directeur de la photo : Armand Thirard
- Auteur de la musique : Jean Wiener
- Monteuse : Marthe Poncin
- Ingénieur du son : Antoine Archimbaud
- Costumes : Jacques Cottin
- Producteurs : Raymond Borderie, René Bezard, Georges Agiman, Pierre Cabaud
- Assistants opérateurs : Robert Florent, Jean Dicop
- Cadre : Louis Née
- Directeur de production : Robert Bossis
- Assistant de production : Pierre Duvivier
- Scripte : Denise Morlot
- Chef décorateur : Robert Gys
- Photographe de plateau : Roger Corbeau
Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Drame
- Thèmes : Meurtre
- Langue de tournage : Français
- Origine : France (100.0%)
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1955
- Sortie en France : 11/04/1956
- Durée : 1 h 53 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 17767
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Cadre : 1.37
- Format son : Mono
Box-office & sorties
Diffusion TV
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Actualités & distinctions
Sélections (1)
A propos
Le titre du film est emprunté aux Illuminations d'Arthur Rimbaud, dernière phrase de Matinée d'ivresse :
« Petite veille d'ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours. Voici le temps des Assassins. »
« Le sujet n'a pas été facile à trouver. Notre premier scénario est tombé à l'eau : Gabin montait un hold-up au Casino d'Enghien.[...] Nous imaginons ensuite une histoire de garagiste, que Gabin refuse. L'acteur n'était pas facile ; il voulait jouer autre chose, il avait déjà été garagiste, il refuse tout, dit toujours non. Revenant de Saint-Tropez, où nous [Duvivier & Bessy] nous étions installés pour travailler, nous nous arrêtons dans un grand restaurant de Saulieu. Et tout à coup l'idée nous est venue ; nous avions notre histoire. "Gabin aime la bonne bouffe, me dit Duvivier, il acceptera de jouer un restaurateur." »
© Maurice Bessy (scénariste) in Christian Gilles, Qualité française, 1951-1957, Éditions L'Harmattan, 2000
« Le film Voici le temps des assassins qui immortalisa notre jeunesse et un certain cinéma. J’avais une passion pour Julien Duvivier et pour tous ses films bien que je ne sois pas de la même génération. Je n’imaginais donc pas qu’il puisse faire appel à moi et lorsqu’il me demanda à me rencontrer, je me sentis dans mes petits souliers. Ce premier rendez-vous est encore très présent dans ma mémoire. Duvivier était très impressionnant, sec, précis. Il me parla d’une traite de son film, me demanda de lire le scénario pour lui donner rapidement ma réponse. À prendre ou à laisser : apparemment d’autres actrices étaient déjà sur les rangs.
Sidérée par la pression qu’il mettait sur mes épaules, je lus tout le script dans ma voiture garée le long d’un trottoir. Plus j’avançais dans sa lecture, moins je comprenais pourquoi Duvivier avait pensé à moi. Cette diabolique jeune femme au visage d’ange capable de mensonge, de sournoiserie, de meurtre, je pouvais donc la jouer ? Manipuler Gabin, le mener par le bout du nez, en faire mon jouet, était-ce possible ? Y croirait-on ? Le défi était de taille. Je dis oui immédiatement, sentant que ce rôle pourrait peut-être me projeter vers autre chose. Et puis, tourner avec Gabin, comment ne pas courir ?
Le tournage s’étalait sur dix semaines. Sur le plateau de Billancourt, on avait reconstitué les vieilles halles de Paris. Décors à l’identique comme on les fabriquait à l’époque. Et, sur quelques mètres carrés, une petite chambre avec le lit nuptial pour Jean, restaurateur des Halles, et moi, sa jeune épousée. […] Perché sur son tabouret, Duvivier gardait les yeux fixés sur nous comme un oiseau de proie. […] Oui, ce fut un vrai cadeau pour moi que cette histoire glauque d’un restaurateur abusé par une meurtrière qui se faisait déchiqueter par le chien de sa victime. Personnellement, j’en ai gardé un grand souvenir. On apprend beaucoup auprès des grands. Ce film fait partie des « classiques », et les spectateurs le demandent souvent lorsqu’ils souhaitent revoir « un » Gabin ou « un » Duvivier. Il y a encore un an, il fut projeté sur un écran en plein air et le public semblait impressionné par cet univers crépusculaire (magnifique photographie en noir et blanc d’Armand Thirard !), ému, tour à tour, par la gouaille et la noirceur des films des années 1950. »
© Danièle Delorme, Demain, tout commence, Éditions Robert Laffont, 20081
« Duvivier a tourné 57 films ; j'en ai vu 23 et j'en ai aimé 8. De tous, Voici le temps des assassins me semble le meilleur. »
© François Truffaut, in Antoine de Baecque, Serge Toubiana, François Truffaut, 2001
On a beaucoup écrit sur le pessimisme de Julien Duvivier et sur la noirceur de ses films, celui-ci en est peut-être la quintessence. La photo noire, blanche et grise d'Armand Thirard plonge le spectateur dans un univers crépusculaire, sinon sépulcral, où Duvivier ne montre jamais le soleil. Ses protagonistes s'agitent dans une sorte de torpeur humide, alimentée par les fluides qui s'écoulent des Halles de Paris. C’est une vision de l'automne de la vie avant que les harpies Catherine, Gabrielle ou la mère Chatelin (et son fouet à sorcières) n’achèvent leurs destruction et autodestruction. Elles taillent en pièces Chatelin-Gabin, celui qui donnait à manger sans trop savoir pourquoi, et font un sort à Gérard, incarnation éphémère d’une fragile jeunesse et d'un possible futur.
Duvivier a fait le choix de tourner en décors naturels. Il restitue la vie grouillante des anciennes Halles, sur fond des pavillons Baltard anéantis par d’autres démolisseurs, destruction dont Paris porte encore les stigmates plus de 40 ans après leur disparition. Les rares instants animés d’un semblant de chaleur humaine sont les séquences d'ensemble au restaurant et à la guinguette des Chatelin, scènes que Duvivier évite de transformer en iconographie parisienne. Des personnages fortement dessinés, dans l'humanité comme dans la noirceur, une excellente histoire et un scénario intelligent font de ce film l'un des meilleurs de Duvivier.
Source : Wikipedia