Synopsis
Un couple et son enfant fuient, comme poursuivis par une guerre dont on ne voit aucun autre signe que leurs visages et leurs gestes hagards, désaccordés. Ils s'éloignent de leur maison puis courent à travers les champs, routes et forêts. Mais l'enfant se détache de la terreur qui les étreint.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (3)
Production et distribution (1)
- Production déléguée : Zanzibar
Générique détaillé (6)
- Producteurs délégués : Philippe Garrel, Claude Nedjar
- Scénariste : Philippe Garrel
- Directeur de la photo : Michel Fournier
- Monteur : Philippe Garrel
- Productrice : Sylvina Boissonnas
- Assistant opérateur : Philippe Rousselot
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Expérimental, Fiction
- Sous-genres : Drame
- Thèmes : Exil, Famille, Enfance, Guerre
- Langue de tournage : Français, Muet
- Origine : France
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1968
- Sortie en France :
- Durée : 1 h 8 min
- Etat d'avancement :
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
- Format son : Muet
Actualités & distinctions
Sélections (3)
BAFICI - Festival international du cinéma indépendant de Buenos Aires
Argentine, 2018
Rétrospective Philippe Garrel
A propos
Propos
"Quand on tournait Le Révélateur en Allemagne, chaque fois qu'on installait un plan, la police arrivait : en soi, d'ailleurs,ça ne me gênait pas, j'avais été en Allemagne un peu pour ça : tourner près des camps militaires, pour avoir l'impression qu'on est très oppressé." Philippe Garrel
"Le Révélateur est un film muet. Un couple et son enfant fuient devant une menace informe et pourtant indicible. Un film sans rires et sans murmures. Dans un paysage de désolation, d'humidité et d'humiliation, on voyait l'être le plus faible se révolter : l'enfant." (Bernadette Lafont)
"Ce fut pour moi un plaisir absolu, à une époque où Philippe Garrel avait parfaite-ment assimilé l'importance de l'image au cinéma au point de baptiser son film Le Révélateur, qu'il me laissa une ex-ceptionnelle liberté, d'improviser et d'inventer, avec des moyens d'éclairage volontairement très réduits pour stimuler notre imagination et une pellicule hyper-sensible pour en capter les moindres lueurs ou les plus fortes apparitions, la photographie de ce petit film muet est quasiment amateur, c'est pourtant l'un des plus beaux de l'histoire du Cinéma avec sa lumineuse et charmante faon onirique et raisonnablement fantastique de raconter, de rappeler ou de suggérer tant de sentiments poétiques et profonds." (Michel Fournier, chef opérateur du film)
Note critique
Le Révélateur, premier film muet annonciateur d'une longue série, s'avère en tout point un chef d'œuvre atypique. Le contexte politique de l'époque (Mai 1968) influe considérablement sur sa réalisation.
Garrel, parti sur les traces de Daniel Cohn Bendit exilé en Allemagne, est en effet bien résolu à se confronter aux autorités allemandes et filme, sans autorisation aucune, dans la Forêt-Noire. Cette tension, palpable dans les moindres parcelles de la pellicule, délivre un courant dangereux et soumet Le Révélateur à des pressions extraordinaires. Pressé par le temps et les policiers postés sur place, Garrel, en à peine une semaine, livre un film incandescent, aux fulgurants mouvements de caméras qui, dans leur fluidité, leur errance, développent une imagerie poétique, un onirisme puisé dans le théâtre et la peinture. L'histoire est mince, le canevas, libre aux plus extravagantes interprétations psychanalytiques, le récit circulaire, laissant l'esthétisme seul maître à bord.
Le révélateur en question : Stanislas Robiolles, mutin seulement âgé de 4 ans, sème la discorde dans le couple de ses parents, intente à leurs jours. En fuite, la trinité avance au gré de paysages sombres et désolés, s'enfonce dans un psychodrame emprunt d'une rare et étonnante légèreté, loin évidemment, des longues logorrhées soixante-huitardes, verbiages sans intérêt pour le jeune et alors silencieux Garrel. Les acteurs fournissent une prestation de haut vol, inspirant stupeur et tremblement. Pantins désincarnés, ils offrent une fable Nietzschéenne à la mesure des obsessions garrelliennes. À égalité avec le décor qui les entoure et la lumière qui les immerge dans un océan noir et blanc, leurs corps, soumis à rudes épreuves, soulignent l'oppressant climat du tournage, sans jamais tomber dans la pose, et trouvent une expansion toute naturelle dans des cadres et un espace-temps indéterminés.
Éloge du langage basique, Le Révélateur et les routes sinueuses qu'il emprunte confinent le spectateur dans un univers intemporel, symbolique et en proie à l'autodestruction. Oscillant entre vie et mort, Le Révélateur, film clinique à la plastique sans âge et aux pouls négatifs livre un combat contre le froid, la misère, l'injustice que subit l'artiste. Mais ce n'est que dans ce désespoir, cette insalubrité chronique que Garrel puise sa matière filmique, et en ce sens, la précarité du matériel utilisée répond parfaitement à la permanente improvisation des acteurs funambules et aux impératifs consentis par Garrel lui-même. La lumière, par exemple, force de frappe animée par le mésestimé et génial Michel Fournier, à qui l'on doit entre autres les fameux éclairages à la lampe de poche de Marie pour Mémoire jusqu'à Athanor, nimbe les corps, reliquat d'un culte passé et dissout littéralement la pellicule. Qu'elle surgisse d'une porte ou d'un tunnel, la lumière procède de la pure apparition divine, Garrel s'employant à utiliser toutes les soi-disant failles de la technique à la faveur d'un noir et blanc très contrasté et de mouvements de caméras sur-signifiants (la récurrence de travellings latéraux qui passent pour des travellings circulaires comme dans Marie pour Mémoire…). Les plans suintent une poésie désespérée entre sous et sur exposition marquant l'alternance champ-hors champs, jour-nuit, éveil-sommeil, sous la menace d'une constante disparition. Un arrêt brutal du tournage, une crise nerveuse. Une réciprocité des rapports et un mimétisme troublant. Garrel n'hésite pas à se lancer dans des exercices théâtraux, ici, d'une certaine lourdeur.
Cependant, ils participent au savant jeu de dupes instauré entre Stanislas et ses parents. Les scènes, continuités d'un sketch, projections d'un conflit ancré au fin fond de la chair, composent un aller-retour entre futur hypothétique dont on connaît déjà l'issue ( " Je sais. C'est pas fini. Mais à quoi bon attendre la fin de la comédie quand on connaît déjà le gag final ? " dira-t-il.), et un passé, motif à controverse. L'enfant déclencheur de la crise pris comme médium de communication désaccorde l'harmonie parentale : le couple ne peut s'unir qu'à mesure qu'il perd son révélateur. L'enfant tue, se libère. Dans cette négation de leur personnalité au profit d'une cohésion parentale - sclérose des temps modernes - travellings et panoramiques renvoient l'autorité parentale au placard, et laisse l'enfant tyran seul maître de la traversée, et sans doute ultime sujet du cinéaste.
Source : objectif-cinema.com