Synopsis
Une femme assise sur un banc, silencieuse, filmée longuement et de près. Deux hommes dans une forêt : ils marchent, fument, dialoguent. Des silences aussi. Les mêmes, d'autres, de jour, de nuit.
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (5)
Générique détaillé (5)
- Producteur délégué : Philippe Garrel
- Scénariste : Philippe Garrel
- Directeur de la photo : Philippe Garrel
- Auteur de la musique : Nico
- Monteur : Philippe Garrel
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Expérimental, Documentaire
- Thèmes : Ville
- Langue de tournage : Français
- Origine : France (100.0%)
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français (France)
- Année de production : 1975
- Sortie en France : 23/04/1975
- Durée : 1 h 20 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Noir & blanc
Actualités & distinctions
A propos
Un ange passe, de Philippe Garrel (1975), expose de façon profonde et troublante les puissances du montage parallèle. Deux types d'ensembles séquentiels se succèdent tout au long du film : d'une part, des portraits de Nico silencieuse ; de l'autre, des séquences de dialogues entre Laurent Terzieff et Maurice Garrel, Maurice Garrel et Bulle Ogier, Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon. Ces deux versants du film ne se conjoignent jamais, leur rapport reste implicite, mystérieux, suspendu. Qu'est-ce qui passe, pourtant, de part et d'autre de la schize ? Au moins cinq phénomènes. D'abord, la musique en off, les chants de Nico, qui parfois se prolongent jusque dans les séquences où elle ne se trouve pas ; ensuite, son silence, si violent qu'il semble parfois effacer les paroles des interlocuteurs pourtant pas si loquaces, mais chaque fois que leurs voix s'estompent, la mutité de Nico revient. Puis, une forme visuelle, le portrait, que Philippe Garrel en ces années 70 mène à son apogée de beauté et d'intensité, comme s'il prenait le relais des premiers films d'Andy Warhol, juste là où Warhol avait abandonné son génie descriptif pur au profit des scénarios logorrhéiques de Ronald Tavel.
Entre les deux pans du film passe surtout une question formelle, celle de la création. Quel est le rapport entre le visage de Nico silencieuse éperdument filmé et sa musique ? Elle s'en souvient, elle la prépare, elle la médite, elle se laisse envahir, elle s'en repose ? Réciproquement, la musique nous dicte-t-elle de trouver ce visage si beau ? Or, les séquences de parole entre Maurice Garrel, Laurent Terzieff, Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon représentent toutes les formes d'esquisse possibles, elles montrent des comédiens au travail, s'apprêtant à jouer, entrain de jouer, improvisant ou en plein jeu. De sorte que le lien maintenu comme intemporel, indescriptible et énigmatique entre Nico et son chant, le lien sublime de la création, se déploie sous ses formes claires, matérielles, concrètes, du côté des comédiens, qui se tiennent dans la temporalité perpétuellement inchoative d'une genèse. Mais retrouver ici le couple de l'Amour fou, Ogier et Kalfon, montrer l'amitié de ces acteurs en grande intelligence de leur jeu qui jouèrent autrefois le rôle d'acteurs ravagés d'amour l'un pour l'autre, ne va pas sans conséquence, leur co-présence spatiale en quelque sorte répare la schize et leur travail total (ils ont joué, ils vont jouer, ils jouent ensemble) suture la cicatrice générale du film. Un couple mythique coexiste, se reforme, quelque part hors-champ quelqu'un leur demande sans cesse de se rapprocher l'un de l'autre, au fond de la séparation on a retrouvé l'éternité simple de l'amour.
Alors Un ange passe peut assurer une première fin de film classique, à la manière d'un conte de fées dont les fées seraient les formes modernes de la poésie, Nico joue, en concert, là-bas au loin sur la scène, prise dans un faisceau immense de lumière blanche, elle devient l'image syncrétique de la poésie, musicienne, poétesse, actrice et prêtresse. Quant à la fin seconde, celle qui concerne les comédiens, elle sublime l'inachevé sous forme de chute : plaqués devant une baie immense qui les dévore de sa lumière, Laurent Terzieff et Maurice Garrel se parlent en récitant qui du Rilke, qui le haïku le plus court du monde. " Un homme tombe. Bruit d'eau ". Pour en arriver là, il fallait donc inventer une nouvelle structure, qui manifeste à la fois le silence profond présidant à la démiurgie et le souffle concret, parfois haletant, alimenté d'hésitations et d'angoisse qui caractérise le travail. "Je ne sais si Gustave Moreau a senti combien cette belle conception du Poètefemme était capable de renouveler un jour l'économie de l'oeuvre poétique elle-même." L'absence de lien comme toujours assure le lien le plus fort, la juxtaposition tranchante des mondes, celui de la musicienne inspirée et celui des comédiens en recherche, est une litote dictée par les exigences de l'admiration. Quel autre poète s'est livré à un éloge aussi subtil d'une artiste femme ? Peut-être Proust, pour la Comtesse de Noailles (mais l'éloge était un peu mondain). Peut-être Eisenstein, pour l'actrice Olga Kokhlova (mais c'était juste une analyse). Peut-être Céline, pour Arletty (mais c'était juste un scénario). Alors, personne, seul Philippe Garrel, pour Nico.
© Nicole Brenez
Source : cinematheque.fr