Synopsis
Gilbert Moreau, artiste d'avant-garde, travaille pour la galerie d'art que dirige Stanislas Hassler, et vit avec la charmante Josée. Un concours de circonstances amène, un soir, Josée chez Stanislas, qui lui projette diverses photos dont un nu érotique qui choque et bouleverse la jeune femme. Elle tombe sous l'emprise de cette vision, demande à voir une séance de pose et bientôt sollicite Stanislas de la choisir comme modèle. Gilbert a quelques soupçons. Néanmoins, il voyage tandis que Stanislas et Josée partent en Bretagne. La brusque rupture du garçon désespère la fille qui avoue tout à Gilbert. Horrifié, celui-ci veut tuer Stanislas. L'accident de voiture de Josée empêche un crime.
Source : Wikipedia
Générique
Réalisateur (1)
Acteurs (26)
Production et distribution (4)
- Production déléguée : Les Films Corona
- Production étrangère : Fono Roma
- Exportation / Vente internationale : Newen Connect a TF1 Group Company
- Distribution France : Valoria Films
Générique détaillé (18)
- Producteur délégué : Robert Dorfmann
- Adaptation : Monique Lange, Marcel Moussy
- Scénariste : Henri-Georges Clouzot
- Directeur de la photo : Andréas Winding
- Assistants à la réalisation : Robert Menegoz, Serge Witta
- Monteuse : Noelle Balenci
- Ingénieurs du son : Jean-Louis Ducarme, William-Robert Sivel
- Assistants opérateurs : André Dumaitre, Yves Rodallec
- Cadre : Raymond Picon-Borel
- Directeur de production : Claude Hauser
- Monteur son : Dominique Amy
- Assistants monteurs : Catherine Dubeau, Mariette Levy-Novion, Jeannine Oudoul
- Scriptes : Marie-Thérèse Cabon, Claude Vériat
- Bruitage : Daniel Couteau
- Directrice de casting : Margot Capelier
- Chef décorateur : Jacques Saulnier
- Photographe de plateau : Roger Corbeau
- Régisseur général : Pierre Darçay
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Fiction
- Sous-genres : Drame psychologique
- Thèmes : Sexualité
- Langue de tournage : Français
- Origines : France (80.0%), Italie (20.0%)
- EOF : Oui
- Nationalité : Majoritaire français (France, Italie)
- Année de production : 1968
- Sortie en France : 20/11/1968
- Durée : 1 h 50 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Numéro de visa : 33732
- Agrément : Oui
- Formats de production : 35 mm
- Type de couleur(s) : Couleur
- Interdiction : Moins de 18 ans
Box-office & sorties
Diffusion TV
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Sorties à l'international
Pays | Distributeur | Acheteur | Date de sortie | Titre local |
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Actualités & distinctions
A propos
Point de vue
Dernier long métrage de Henri-Georges Clouzot, La Prisonnière dissèque la descente aux enfers d’une jeune femme (Elizabeth Wiener), mariée à un artiste d’avant-garde tout doux (Bernard Fresson). Un jour, elle rencontre le diable en personne (Laurent Terzieff), un galeriste impuissant qui compense l'absence de sexe par une propension à photographier des femmes dans des poses humiliantes. Problème : ladite jeune femme hésite ferme entre son mari vertueux et son amant sulfureux. Deux choix s’imposent à elle : si elle reste avec le premier, elle est sûre de mener une vie tranquille, sur des rails mais pas excitante. Si elle tombe sous le joug dominateur du second, elle deviendra au sens le plus littéral une œuvre d’art. L’envie de succomber au mal étant plus irrésistible, elle choisit la seconde option. Elle n’en reviendra pas. Clouzot, l’homme aux onze longs métrages, n’a peut-être jamais pris autant de risques visuels qu’avec cette autopsie de l’amour fou hantée par les fantômes de ses maîtres, Cukor et Hitchcock. A l’arrivée, un curieux mélange, très sous-estimé et furieusement moderne, qui ne ressemble qu’aux obsessions et aux inspirations de son auteur en quête de nouvelles formes. A l’époque, la réception critique et publique fut catastrophique et Clouzot assimilé à un pervers libidineux. Est-ce un mauvais signe ? Non.
"C’est un vrai film d’amour dont on ne revient pas. Un de ces films intrigants et amoraux où un bourreau sadique tombe amoureux de sa frêle victime. Où Clouzot ne sait plus faire la distinction entre fascination et complaisance, bien et mal, vice et vertu, et se laisse totalement envahir par son époque."
Les histoires d’amour finissent mal en général. Ou alors s’épuisent avec le temps. C’est ce qu’on radote. Celle, racontée par Clouzot à la fin des années 60, sise en plein boum artistique, foudroie les viscères. Pour donner une idée du programme et poser deux trois balises aux cinéphiles, disons que le spectateur erre quelque part entre L’obsédé de Wyliam Wyler (65) pour la relation tumultueuse et l’arrière-goût immoral qu’elle laisse dans la gorge ; La Bête Aveugle, de Yasuzo Masumura (69) pour l’impuissance œdipienne et la recherche esthétique à travers la domination ; et Martha, de Rainer Werner Fassbinder (73) pour l’idylle sadomasochiste et le goût salé de la dévotion. Mieux vaut être prévenus avant de découvrir ce film très bizarre qui mélange l’art et le sexe, le voyeurisme et le sadisme pour le meilleur. Surtout de la part d’un cinéaste comme Clouzot connu grâce à des classiques comme L’assassin habite au 21, Le Corbeau, Les Diaboliques, Quai des Orfèvres, Le salaire de la peur… Dans sa filmographie, La prisonnière passe pour le vilain petit canard, non seulement parce que Clouzot prenait tout le monde – ses aficionados y compris – à contre-pied et proposait – alors qu’il était dans une très mauvaise condition physique – un film abrasif qui annonçait un virage. C’est pourtant son dernier long métrage. Il a été conçu en réaction à L’enfer, qu’il devait réaliser avec Romy Schneider (il n’en reste aujourd’hui que des essais lumières). Finalement, ce sera Chabrol, autre amoureux d’Hitchcock, qui l’adaptera avec Emmanuelle Béart et François Cluzet, et on trouve inconsciemment dans ce polar chabrolien des restes de La prisonnière jusque dans la fin ouverte qui laisse au spectateur la possibilité de clore le récit comme bon lui semble. La conclusion de La prisonnière évoque, elle, celle de Martha, de Reiner Werner Fassbinder avec exactement les mêmes effets de mise en scène suggérant l’éternel soumission d’un personnage pour un autre.
Mine de rien, l’histoire d’amour que Clouzot raconte dans La prisonnière rejoint celle de La Vérité (le film dans lequel Bardot révélait tout son potentiel d'actrice): incompréhensible aux yeux de la loi et donc de la raison. Ou même celle des Diaboliques où deux amants de la lune de miel manipulent une pauvre femme en ayant conscience de lui faire du mal. Elles partagent toutes la même conclusion d’Aragon : « il n’y a pas d’amour heureux ». La différence, c'est que dans La prisonnière, il s’agit d’une plongée aveugle, qu’il n’y a pas de contrepoint (aucun point de vue extérieur sur les événements) et que, surtout, la morale ne triomphe pas du mal (le sermon Mais ne nous délivrez pas du mal). Le premier sujet du film ? La perversité. La manière dont elle s’insinue dans les relations humaines et contribue à exacerber les sentiments et les désirs au-delà de toute considération sociale. En revoyant La prisonnière aujourd’hui, on pense à la fureur esthétique des premiers films de Brian De Palma pour les jeux de miroirs, la métaphore sur l’impuissance (et donc l’incapacité d’aimer), la déconstruction de l'image. Mû par l’art cinétique (l’esthétique du mouvement fondé sur les illusions d'optique, sur la vibration rétinienne et sur l'impossibilité de l’œil à accommoder simultanément le regard à deux surfaces colorées, violemment contrastées), La prisonnière est surtout un film bicéphale où règne le chaos artistique, où Clouzot ne répond plus de rien, use d’effets stroboscopiques, culbute les figures académiques. Plus le film progresse, plus il s’enfonce inexorablement vers la folie baroque. La même année, Kubrick réalisait 2001, l’odyssée de l’espace et le choc psychotronique relève de la même espèce. Si Kubrick mise sur l’infini et les choses qui nous dépassent, Clouzot choisit la même direction métaphysique mais côtoie l’infiniment clos.
A la manière de La bête aveugle, de Yasuzo Masumura (69) qui lui aussi jouait la séquestration et l’univers intérieur, Clouzot propose une parabole sur le sadomasochisme physique et morale à travers la soumission d’un modèle séquestré, puis modelé, par un artiste fou dans un but esthétique. Involontairement ou non, ça rappelle le délire pop’art (invention formelle débridée), la folie maniaque (l’obsession de Clouzot d’achever son film coûte que coûte) et la rigidité clinique de Fassbinder avant l'heure (les scènes de lit à la dévoration lente, où le désir n’est plus parce qu’il réside ailleurs). Ne pas sous-estimer le caractère personnel d’une telle histoire: La Prisonnière n’est que le reflet de la culture de Clouzot entre lucidité et absurdité, entre Kafka et l’existentialisme, qui cherche dans le délire et la divagation un échappatoire à la noirceur des "autres" (ceux qui prétendent incarner la normalité et qui ne veulent pas avouer leurs névroses). Au diapason, son style visuel oscille entre modernité psyché et classicisme, travaille les ombres et les lumières pour explorer les zones sombres des fantasmes et des pulsions interdites, du fétichisme et de la frustration, de l’imaginaire et de l’angoisse. Toujours, la mise en scène se révèle sensible aux corps, aux couleurs, aux gestes et aux regards pour multiplier les contrepoints. La dernière demi-heure, bouillonnante expérimentation visuelle, préfigurant le clip dans son montage, renforce la déambulation hypnotique, le vertige sensuel, l’inquiétude intérieure qui conduisent tous dans le même labyrinthe de la passion amoureuse. Envers et contre tous, à l’abri des modes et des coutumes, La prisonnière est une œuvre sauvage qui respire le chaud comme le froid, où le romantisme le plus mystérieux le dispute à l’érotisme le plus torride. Hédoniste et orgasmique aussi, avec des tentations abstraites, mais solidement rivé au plancher des vaches. Quelque part entre la méta et le physique, le sexe et le sacré.
C’est un vrai film d’amour dont on ne revient pas. Un de ces films intrigants et amoraux où un bourreau sadique tombe amoureux de sa frêle victime. Où Clouzot ne fait plus la distinction entre fascination et complaisance, bien et mal, vice et vertu, et se laisse totalement envahir par son époque. D'ailleurs, il devait s’intituler "Le mal". Certains pourront y voir un message de vieux con inquiet face aux nouvelles dérives comportementales et sexuelles de ses contemporains (les perversions sont des monstruosités et la chair est le péché absolu). Mais il faut aller au-delà de cette impression fugace: tous les films de Clouzot sont dominés par la peur du mal, la noirceur qui s’insinue insidieusement. Accessoirement, on peut y voir la confession d’un cinéaste torturé qui explore des fantasmes à travers des apparats comme la photographie et donc le cinéma. Et on est en cela très proche du Voyeur, de Michael Powell. Difficile d’ailleurs de ne pas voir à travers le personnage de Laurent Terzieff un double de Clouzot. Le cinéaste était d'ailleurs décrit par Romy Schneider comme un « intellectuel au tempérament intensément autoritaire et provocateur ». Voilà pourquoi après avoir parlé (et critiqué) les autres (il reste l’un des plus grands artistes de l’après-guerre en France), il avait besoin de parler de lui, peut-être même de se confesser. A demi-mot, sans trop en dire, parce que ça n’en valait plus la peine.
© Romain Le Vern
Source : excessif.com