Synopsis
En octobre 1972, Louis Malle et son équipe s'installent pendant une dizaine de jours place de la République, à Paris, et entament un dialogue avec les passants.
Générique
Réalisateur (1)
Production et distribution (3)
- Production déléguée : NEF - Nouvelles Éditions de Films
- Exportation / Vente internationale : Gaumont
- Distribution France : NEF - Nouvelles Éditions de Films
Générique détaillé (7)
- Directeur de la photo : Étienne Becker
- Assistant à la réalisation : Fernand Moszkowitcz
- Monteuse : Suzanne Baron
- Ingénieur du son : Jean-Claude Laureux
- Assistant opérateur : Jacques Dorot
- Assistante monteuse : Jocelyne Rivière
- Participant : Louis Malle
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Mentions techniques
- Type : Long-métrage
- Genre(s) : Documentaire
- Thèmes : Ville, Vieillesse
- Langue de tournage : Français
- EOF : Non précisé
- Nationalité : 100% français
- Année de production : 1974
- Sortie en France : 30/04/1974
- Durée : 1 h 35 min
- Etat d'avancement : Sorti
- Agrément : Inconnu
- Formats de production : 16 mm
- Type de couleur(s) : Couleur
- Cadre : 1.37
- Format son : Mono
Actualités & distinctions
A propos
Points de vue
Avec Place de la République, Louis Malle prend le contre-pied de Humain, trop humain. Ici, tout est dans la parole, dans le dialogue, qu'il développe avec les passants, les habitués. A travers les problèmes de chacun se dégage la vie d'un quartier populaire qui est en pleine transformation démographique et appelé à mourir.
Le principe de Louis Malle est contraire à celui de la caméra invisible. Les gens savent qu'ils sont filmés. Dès lors, chacun révèle une attitude différente, allant de la confession à la provocation. Malheureusement, l'intérêt du dialogue ou de la personnalité des gens reste à un niveau très superficiel, Malle ne sachant pas, par des questions précises, aller au-delà de la simple conversation. Quelques moments intéressants, quand le dialogue établi se renouvelle pendant plusieurs jours et qu'il y a de la part du personnage filmé reconnaissance d'interlocuteurs, ou quand une habituée prend le micro et se transforme en interviewer.
Malgré tout, bien que le film soit plaisant à voir, il ne dépasse jamais le niveau folklorique, offrant à chaque spectateur ce qu'il attend de voir, sans qu'il ne se sente jamais impliqué.
© Danielle Gain, "La Saison Cinématographique 1974".
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Je découvre le film de Louis Malle, Place de la République. Il s'agit d’un documentaire sous forme d’un micro-trottoir de 95 minutes. Je n’ai jamais été un grand fan du cinéaste. Dans sa longue filmographie, seul Le feu follet m’a véritablement plu. Mais je n’ai pas vu tous ses films. Pour ce dernier, il avait su s’entourer des meilleurs complices possibles: Drieu la Rochelle, Erik Satie et l’immense Maurice Ronet.
Place de la République est une excellente surprise. Pas toute neuve, certes, le film date de 1972 ! Louis Malle et ses partenaires (François Mozskowicz et Jean-Claude Laureux) ont investi les trottoirs de la République durant une dizaine de jours et ont fait parler les passants devant leurs deux caméras 16 mm. Le résultat est d’une richesse incroyable. C’est un témoignage unique, drôle et très instructif sur la veille France pompidolienne.
Mais le film va bien au-delà de l’intérêt didactique et ethnographique. C’est un film sur la parole et l’importance ou la futilité des mots. La façon avec laquelle ils sont prononcés est plus essentielle que leur signification. Au commencement n’était pas le verbe, disait Céline, au commencement était l’émotion. Le verbe est venu par la suite. Les arbres ont existé avant d’avoir un nom.
On sent ici le besoin de parler, de tout, et parfois de rien du tout, quitte à dire n’importe quoi. La dernière séquence est certainement la plus émouvante. Pourtant cette femme qui finit par s’éloigner sur son vélo, continue à raconter une histoire qui nous parait incohérente. Plus personne ne l’écoute, l’homme à la caméra tente de la suivre en courant mais abandonne vite, la laissant partir sur le boulevard.
Chaque jour on cherche à «donner du sens» à ses propos. Il s’agit juste de se donner de l’apparence, d’être dans une logique qui est la même pour tout le monde.
En 1972, la parole semblait plus libre, décomplexée et débarrassée de toute autocensure. Les gens de la République, que l’on voit et que l’on écoute ne sont pas dans le paraître ni dans le jeu. On explique sans se plaindre qu’on est à la rue sans ressource. «J’suis une cloche, quoi. Mais ça n’a pas toujours été comme ça et ça peut très bien changé». On ne surjoue pas. On n’est pas dans un rôle. On n’essaie pas de se justifier.
«Non, je n’ai pas envie de me marier avec un Arabe», dit une femme. C’est simple, c’est clair et dépourvu de haine et d’hypocrisie. Plus personne aujourd’hui n’oserait parler ainsi devant une caméra. Le SDF justifierait son état en se plaignant et en désignant des coupables et la jeune femme prendrait dix mille chemins détournés pour éviter de répondre à la question. Ou bien elle mentirait.
En 1972, la parole est modeste: «oh, vous savez moi …». On respecte la caméra. On s’étonne même de l’intéresser. Aujourd’hui on trouve légitime de l’attirer. On la provoque, on la prend d’assaut. On veut participer au «grand truc médiatique», pour exister. On a son avis à donner, même si on n’a rien à dire.
Le micro-trottoir est un exercice qu’il m’arrive de pratiquer, sans le talent de Louis Malle, bien évidemment. Je me souviens d’une petite vidéo pour laquelle je devais interroger les gens de la rue sur la crise financière. Je ne suis tombé que sur des experts, des spécialistes !
Malgré tout, le besoin de parler reste fort. Et parfois, surprise, quelqu'un se lâche un peu.
Place de la République est également un film sur le film. D’abord parce qu’il est fait à deux caméras et qu’il nous arrive d’en apercevoir une de temps en temps. Le micro est vaguement dissimulé dans une sacoche que l’on pointe vers l’interviewé. Les passants questionnent les intervieweurs et, retournement de situation , une des passantes devient à son tour intervieweur. Louis Malle se fond dans le groupe des badauds et regarde le film se faire presque tout seul.
Une des images les plus fortes de Place de la République est sans doute celle où le cinéaste parle avec un passant sans même le filmer en portant sa caméra dans les bras, comme s’il portait un bébé.
Source : ladebacledeshorizons.over-blog.com